La cathédrale de Villingen, dans le Land de Bade (Allemagne) doit avoir été
construite au cours du XIIIe siècle; elle est érigée dans un style gothique assez
sobre, et ne possède pas de transept. A la partie inférieure de l'une de ses deux tours
on remarque encore quelques vestiges d'une première construction romane. La nef, dont l'axe
est dévié d'environ 5° de l'alignement du chur, fut modifiée et réparée
à plusieurs reprises au courant des XVIIe et XVIIIe siècles. Sur l'une des tours on
avait, anciennement, établi le poste du guetteur et, en 1881, la partie supérieure de
l'autre, menaçant ruine, dut être reconstruite. Dans la nef sont accrochés cinq
projectiles datant du siège de la ville par les troupes françaises, en 1704.
D'une lettre datée du 6 mai 1401 et conservée aux archives
municipales de Villingen, il ressort qu'il se trouvait à cette
époque, dans la nef de cette cathédrale, une horloge remarquable
confectionnée par le maître Claude Gutsch, de Rotweil,
qui s'était rendu à Strasbourg, en 1398, pour étudier
la première horloge astronomique de cette ville et pour ensuite
faire la pareille à Villingen. Celle-ci possédait les
indications suivantes :
Au bas un calendrier, en forme de disque, indiquait le jour courant,
les douze mois représentés par des peintures allégoriques
des travaux de labour, le nombre de jours entre Noël et Carême
et les fêtes de l'Eglise. A mi-hauteur étaient représentés
le mouvement apparent du soleil et de la lune autour de la terre, leur
marche à travers les signes du zodiaque, les moments de leurs
levers et couchers selon les saisons, ainsi que les phases lunaires.
Dans la partie supérieure de l'horloge on remarquait la Sainte-Vierge
tenant l'Enfant Jésus, devant laquelle les trois Mages défilaient,
accompagnés de leurs serviteurs. Ils sortaient d'une porte et
rentraient par une autre en se retournant et en s'inclinant devant la
Vierge, tandis que l'Enfant Jésus se retournait vers eux. Pendant
qu'ils défilaient, un ange voltigeait au-dessus d'eux et deux
autres anges, placés plus haut, donnaient l'illusion de jouer
de la flûte, tandis qu'un jeu d'orgue reproduisait une mélodie.
Le bahut de l'horloge était décoré de sculptures
sur bois exécutées également par Gutsch.
En 1714 le mécanisme des automates n'existait plus, en 1839 le
calendrier avait également disparu, et depuis un certain nombre
d'années les derniers restes de cette horloge furent enlevés
de l'église.
d'après Alfred Ungerer, Les horloges astronomiques, Strasbourg
1931