Après l’exploration de nombreux mondes sociaux faisant usage des sciences humaines (art contemporain, politiques publiques, actions associatives, institution judiciaire, entreprises), le cycle « À quoi servent les sciences humaines » se clôt sur une réflexion quant aux conditions de leur diffusion dans l’ensemble de la société.
Comment les sciences humaines sont-elles enseignées et quels effets produit leur enseignement ? Ce hors-série revient sur l’élaboration complexe des programmes et des manuels scolaires, afin de mieux cerner les enjeux politiques associés au contrôle de leurs contenus. Les articles qui le composent examinent notamment l’articulation entre formation professionnelle, recherche en sciences humaines et pratiques d’enseignement. Mais c’est plus largement notre modèle éducatif qui, dans ce numéro, se voit éclairé d’un nouveau jour. De ces quelques témoignages sur l’école et l’université, ressortent finalement les difficultés que rencontrent les sciences humaines, pour maintenir et assumer leur vocation critique.
Les enjeux de la transmission des sciences humaines se développent également sur la scène médiatique. La méfiance et l’incompréhension mutuelles, qui résument parfois la question des rapports entre chercheurs et journalistes, cèdent ici la place aux perspectives de coopération et d’enquêtes menées en commun. Certains journalistes s’appuient en effet sur les savoirs et les techniques des sciences humaines pour produire de l’information, tout comme certains chercheurs adoptent des formats adaptés aux logiques médiatiques afin de faire connaître leurs résultats au « grand public ». Dans ce hors-série, notre réflexion sur la place des sciences humaines dans l’espace public tient également compte des enjeux de la numérisation de ces savoirs et, plus largement, des conditions de leur accessibilité.
En publiant ces deux journées d’étude, nous espérons donner une idée plus précise de l’« esprit d’enquête » qui, selon nous, caractérise les sciences humaines. Parce qu’elles nous invitent à nous décentrer de nous-mêmes et à explorer la diversité des univers sociaux, elles font reculer la suspicion généralisée, accroissent les capacités critiques des acteurs de notre société, et participent ainsi de la dynamique de nos démocraties.
– Sommaire
Avant-propos
L’esprit d’enquête
Arnaud Fossier et Édouard Gardella
Les sciences humaines dans les politiques éducatives
Introduction. Les sciences humaines enseignées
Marc Lenormand
Les programmes et les manuels de SES : retour sur la remise en cause d’un enseignement
Sylvain David
Les nouveaux programmes de SES : une remise en cause historique ?
Emmanuel Buisson-Fenet
Du bon usage des sciences humaines et sociales dans la formation des enseignants
Sophie Genelot et Guy Lapostolle
Une tradition de l’alternative, entre recherche et professionnalité : l’exemple du master pro ANACIS
Bertrand Ravon
L’histoire dans la classe préparatoire aux études supérieures : retour sur une expérience
Olivier Coquard
Partage et transmissions ordinaires dans les institutions du savoir
Joëlle Le Marec
L’université populaire, un nouveau lieu de transmission des savoirs ?
Laurent Dartigues
Médias et sciences humaines
Introduction. Collaborations, diffusions, nouveaux formats
Samuel Hayat et Anton Perdoncin
Penser autrement la place des sciences sociales dans les médias
Cyril Lemieux
De la sociologie et du documentaire : retour sur une expérience
Marwan Mohammed
Quand la radio fabrique de l’histoire
Séverine Liatard
Sciences humaines et bibliothèques : quel avenir ?
Marianne Pernoo
Vers des médias numériques en sciences humaines et sociales
Marin Dacos
« Nouveaux » journalismes d’enquête et sciences sociales
Erik Neveu
Accèdez à la collection complète de Tracès
Tracès sur Revues.org