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Diriger le Centre de Recherche Astrophysique de Lyon après le confinement

Lune Terre
Actualité / Interview
 

Le point de Laurence Tresse, directrice du CRAL - Centre de Recherche Astrophysique de Lyon (UMR 5574) et de Gilles Chabrier, responsable de l’équipe de recherche AstroENS du CRAL sur le site Monod.

Le Centre de Recherche Astrophysique de Lyon : quelques chiffres

Le CRAL compte environ 80 membres :
•   26 chercheurs ou enseignants-chercheurs
•   28 personnels techniques et administratifs (dont 2 CDDs, 1 apprenti, 2 LIO, 3 UMS-CRAL, 1 DIRPAT)
•   25 doctorants et post-doctorants

 

Quelques jours avant le confinement, le CRAL avait reçu le comité de visite HCÉRES donnant lieu au dernier buffet déjeunatoire collectif du laboratoire. Tout s’est ensuite précipité : missions et évènements annulés, suivi des retours des missions de l’étranger, personnels confinés à l’étranger, avenants Covid-19 pour les stagiaires, mise en place du Plan de continuité des activités, et distribution du stock d’EPI aux HCL.

La recherche


Le CRAL fait de la recherche fondamentale et développe des instruments pour les grands télescopes. Un tiers du personnel est hébergé par l’ENS de Lyon sur le site Monod, les deux autres tiers sont hébergés par l’UCBL à l’Observatoire de St-Genis-Laval. La continuité des activités s’est faite globalement sans souci même si certaines ont dû être réorganisées.

Les activités qui se déroulent au sein de notre plateforme instrumentale de 620 m2 ont dû être arrêtées, en pleine effervescence de la phase de Manufacture Assemblage Test et Intégration de deux spectrographes pour l’instrument 4MOST sur le télescope VISTA de l’European Southern Observatory (ESO). Il en a été de même en ce qui concerne la phase de tests pour la métrologie de précision en cryogénie pour le spectrographe à intégral de champ de HARMONI, instrument dédié au plus grand télescope optique au monde en cours de construction par l’ESO au Chili. Ces développements sont faits au sein de consortia européens, avec des pays aux modalités de confinement différentes, ce qui génère actuellement des mises à jour des jalons de ces projets.

D’autres activités hors site ont également cessé. C’est le cas des missions et observations prévues avec MUSE sur le Very Large Telescope de l’ESO, au vu de la situation sanitaire au Chili. Cela a engendré un manque en données pour les doctorants travaillant sur des données MUSE.

Les activités de R&D sur la plateforme ou in situ aux Canaries ont également dû être suspendues. Et s’il a fallu reporter l’atelier BlueMUSE, organisé à l’ENS de Lyon fin mars 2020, une excellente nouvelle nous est toutefois parvenue lors du confinement : l’ESO a accepté que le CRAL dirige et développe BlueMUSE, un nouvel instrument pour le Very Large Telescope.

Enfin, événement appréciable survenu au cours du confinement, chacun a pu profiter depuis son domicile du phénomène de périgée-syzygie du système Terre-Lune-Soleil (communément appelé Super Lune) du lundi 9 mars 2020. Le prochain aura lieu fin mars 2021.

Nouvelles habitudes, nouvelles méthodes

Toutes les équipes, pôles et services du CRAL, ont été fantastiques. Elles on gardé le lien avec chacune et chacun, aidé celles et ceux qui avaient des soucis informatiques en début de confinement, se sont inquiété si elles n’avaient plus de nouvelles de l’une ou l’un de ses membres. Selon les différentes situations personnelles, cela n’a pas toujours été simple (travail isolé dans de petits espaces, avec des enfants ou des proches dépendants, avec une mauvaise connexion Internet, etc.). Notons que tous les personnels du CRAL étaient dotés d’un ordinateur portable avant le confinement.

Les visioconférences se sont mises en place dès la première semaine de confinement (réunions, astroph, séminaires, comités, visio-cafés, etc.). Pour le service administratif, il a fallu inventer une nouvelle organisation à distance. Quant aux réunions au sein des consortia avec des collègues en France ou à l’étranger, elles se déroulaient déjà en visioconférences.

Beaucoup d’outils ont été testés, institutionnels ou non et plus ou moins probants. Les offres institutionnelles n’étaient malheureusement pas toujours adaptées à nos collaborateurs étrangers. Celle et ceux qui enseignent ont été satisfaits des outils mis à leur disposition.Toutefois, les visioconférences de grands évènements (conférences, ateliers, etc.) ne favorisent pas les interactions sociales nécessaires à la recherche. L’orateur a l’impression de parler dans le vide, il n’y a pas le clappement chaleureux des mains et les questions sont réduites. En bref, ce qui nous anime de par la présence physique est absent.
Certains ont apprécié cette période de confinement et de  travail à distance pour faire une pause, ralentir le flux incessant lié à nos activités professionnelles, même si au final la charge de travail a été augmentée pour la majorité d’entre nous.

Bureau

 

Pour d’autres, qui séparent lieu de travail et lieu professionnel, c’était plus difficile. Ne pas se voir autour de la machine à café ou à déjeuner – là où l’échange d’information est maximal, là où nous faisons aussi corps avec une Unité et un Établissement – est dommageable sur le long terme. Les discussions devant un tableau noir à craie ou blanc à feutre sont importantes, et les tableaux virtuels ne peuvent remplacer ces interactions.

En définitive, les visioconférences fonctionnent très bien quand les personnes se connaissent, c’est autre chose quant il s’agit d’accueillir de nouveaux entrants, des visiteurs, des stagiaires, tout ce qui dynamise un laboratoire. Mais le pire est de ne pas avoir pu dire au revoir à ceux qui partaient de l’Unité.

Globalement, le confinement ne nous a pas apporté de nouvelles manières de travailler, ni de nouvelles pratiques car nous étions déjà dans un environnement interconnecté incluant des possibilités de travail à distance. Une petite amélioration eut été le développement du parapheur numérique, la France continue de préférer les signatures manuscrites alors que les signatures électroniques sont désormais juridiquement valides.

Plan de reprise des activités

Si de nombreuses informations nous sont parvenues de nos différentes tutelles, nous avons suivi les directives de l’ENS de Lyon qui étaient les premières portées à notre connaissance, très pragmatiques et cohérentes.

Dès le 11 mai, les activités en présentiel sur la plateforme ont recommencé, tandis qu’une majorité du personnel a continué à travailler à distance pendant les phases 1 et 2 du déconfinement progressif. Cela nous a permis d’organiser la mise en place des conditions sanitaires requises sur les deux sites géographiques du CRAL.

Désormais le personnel revient plutôt à mi-temps, et la vie reprend petit à petit sur les deux sites. Les stagiaires peuvent revenir sur place au sein de leur unité de recherche. Les évènements ont été reportés, d’autres se déroulent en visioconférences. Nous avons hâte d’accueillir les nouveaux entrants étrangers, ce qui n’était pas possible car les contrats étaient gelés, ou de permettre à d’autres de partir en postdoc à l’étranger.

Laurence Tresse, directrice du CRAL

LAurence TRESSELaurence Tresse est Astronome du CNAP. Elle soutient sa thèse en 1995 à l’Université de Paris-Diderot, puis obtient une Marie-Curie Fellowship pour un post doctorat de 3 ans au Royaume-Uni, à l’Institute of Astronomy de Cambridge, suivi d’un second post doctorat en Italie, à l’Instituto di Radioastronomia de Bologne. Elle intègre le Laboratoire d’Astrophysique de Marseille (LAM) en 1999. Elle étudie l’évolution des galaxies distantes à partir de sondages spectroscopiques de l’Univers profond, et accompagne le développement d’instruments pour l’astronomie. Elle est co-fondatrice de VIMOS-VLT/VVDS. En 2012, elle devient responsable de l’équipe Cosmologie du LAM, et porte le projet du LabEx OCEVU ‘Spectroscopic Redshift Surveys in OCEVU: Dark Energy, Galaxy Evolution and Reionization’. Depuis 2016, elle est Directrice d’Unité du Centre de Recherche Astrophysique de Lyon.

Gilles Chabrier, responsable de l’équipe AstroENS

Gilles CHABRIERGilles Chabrier est Directeur de recherche CNRS. Il obtient son doctorat d’état en 1985 à L’Université Claude Bernard Lyon 1, et effectue un post doctorat aux États-Unis, à l’Université de Rochester. Dans les années 90 il est à l’origine de la formation de l’équipe d’astrophysique au sein de l’ENS de Lyon. Il est porteur de l’ERC-AdG PEPS en 2009 pour explorer la physique des protoétoiles et des planètes extrasolaires. Pour l’ensemble de ses travaux, il est récipiendaire en 2006 de la médaille d’argent du CNRS, du prix Jean Ricard de la SFP en 2010, de la médaille Eddington de RAS en 2011, du prix Ampère de l’Académie des sciences en 2014, et de la médaille et prix Fred Hoyle en 2019. Il est responsable de l’équipe de recherche AstroENS du CRAL.

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