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Diriger le Centre de RMN à très hauts champs de Lyon après le confinement

CRMN
Actualité / Interview
 

Le point de vue de Guido Pintacuda, directeur du Centre de RMN à très hauts champs de Lyon (CRMN), FRE 2034.

Le Centre de RMN à très hauts champs de Lyon : quelques chiffres

Le CIRI compte 38 membres :
•   6 chercheurs ou enseignants-chercheurs
•   9 ITA personnels techniques et administratifs
•   23 doctorants et post-doctorants

 

La recherche

Le CRMN est une plateforme multidisciplinaire avec des thématiques de bio-santé, de chimie, de catalyse, etc. mais le Covid-19 n’a pas apporté de modifications à nos thèmes de recherche durant le confinement.

Toutefois, de nombreux utilisateurs de la plateforme ont été sollicités sur des thématiques de santé liées à l’infection Covid-19. Mais comme le CRMN est spécialisé dans l’analyse d’échantillons, ceux-ci arriveront plus tard, dans quelques mois. C’est à ce moment-là que l’on ressentira des modifications au niveau de nos utilisateurs.

Par ailleurs, si le CRMN est une plateforme de recherche, c’est également une plateforme d’accueil. Il y a eu un impact fort en qui concerne cette activité d’accueil puisque le centre était fermé et les manips arrêtées. Bientôt, le CRMN sera à nouveau en mesure de rouvrir ses portes aux utilisateurs extérieurs, entre-temps ils peuvent nous transmettre leurs échantillons.

Les spectromètres, quant à eux, n’ont pas été stoppés durant cette période. En effet, ces machines produisent des champs magnétiques à travers des bobines supra-conductrices qu’il était nécessaire de maintenir pour ne pas abîmer l’équipement. Pour cela, il fallait "alimenter les aimants" en ajoutant de l’azote liquide chaque semaine et de l’hélium liquide une fois par mois. Nous avons donc établi un calendrier de présence sur site afin de réceptionner les fluides et les verser dans les machines. Au CRMN, il y a 7 spectromètres et 2 gyrotrons et 1 polariseur, nous avons mis en place un roulement de deux personnes par jour afin d’effectuer la maintenance tout en garantissant un travail non isolé.

Nouvelles habitudes, nouvelles méthodes

La philosophie du CRMN est d’éviter la distanciation, de provoquer les rencontres – nous travaillons en open space – afin d’éveiller les idées scientifiques par cette proximité. Dans notre laboratoire, il y a beaucoup de déplacements pour aller parler les uns avec les autres, pour échanger… on peut dire que la dynamique est forte.

Pendant le confinement, il y a eu des moments de rencontre en visio – pause café des jeunes tous les matins à 10 heures, réunions plénières, groupes de recherche, comité de direction, comité technique – mais nous sommes forcés de constater une certaine perte de spontanéité. Par ailleurs, la garde des enfants était parfois problématique lorsque nous voulions tous être présents au même moment. Quant aux thèses, cela a été difficile de trouver du temps pour discuter, chacun a envie d’être de nouveau dans la même pièce pour avancer "à l’ancienne".

Plusieurs dispositifs ont été mis en place pendant cette période pour maintenir les liens scientifiques. La communauté RMN, qui est large et dynamique, a proposé chaque mercredi soir une conférence en ligne avec deux orateurs. Un autre cycle de conférences a également été mis en place, une fois par semaine, sur un autre thème de la RMN. L’avantage c’est qu’il n’est pas nécessaire de se déplacer et, même si ça ne remplace pas les échanges, il est peut-être bon de limiter les déplacements… En tous cas, nous avons été impressionnés par la quantité d’outils qui permettent de réaliser des choses complexes.

 

 

Bureau

 

Il faudrait désormais réfléchir à la pertinence de certains déplacements – celui dans le cadre du comité national, par exemple – quel besoin avons-nous de passer une semaine à Paris, souvent dans un sous-sol, à dormir à l’hôtel ? Un jury en visioconférence permettrait une moindre dépense, plus de confort et un meilleur sommeil.

Plan de reprise des activités

Le CRMN a plusieurs tutelles, nous sommes un laboratoire de l’ENS de Lyon, sur le campus de l’Université Claude Bernard Lyon 1, dans un bâtiment du CNRS. Nous avons donc assisté à de nombreuses réunions au cours des derniers mois. Concernant les règles, nous avons décidé de faire le maximum et avons choisi les aspects les plus contraignants de chacune des tutelles.

Depuis le 11 mai, nous avons mis en œuvre le Plan de reprise des activités, dans le respect de la sécurité et des gestes barrières. Certaines personnes ont continué à travailler à distance car il est tout à fait possible de se connecter aux machines pour contrôler les manips.

Nous avons aussi été très occupés par tous les appels d’offre qui sont tombés après le 11 mai et pour lesquels nous avons dû travailler comme des fous afin d’y répondre…

En tant que directeur, j’ai constaté un contrecoup après le confinement. Le déconfinement semble nuire au moral. Soudainement, tous ont la sensation d’être en retard, les gens en CDD encore plus, il y a comme un malaise qui plane. Je passe dès lors beaucoup de temps à échanger avec les gens pour les remotiver, pour retrouver notre belle dynamique.
L’un des aspects positifs du confinement a été le rapprochement avec l’ENS de Lyon. Comme la distance physique entre Gerland et la Doua n’existait plus, nous étions plus proches. Chacun était dans sa petite fenêtre d’ordinateur et les réunions des directeurs d’Unité étaient finalement plus faciles et rapides. Nous avons également beaucoup échangé avec les chercheurs du Laboratoire de chimie car il n’y avait plus la contrainte du trajet. Il s’agit-là certainement d’une habitude à conserver pour l’avenir.

Par ailleurs, nous avons recruté un professeur pendant cette période, ce qui nous permet de rétablir un lien fort entre l’ENS de Lyon et le CRMN. Il faut dire que le confinement est survenu après une période de transition pour nous – entre le Laboratoire de chimie, puis l’Institut des sciences analytiques et enfin le CRMN – les dernières années ont été mouvementées. Le recrutement s’est fait par visio, c’était inédit mais nous sommes très satisfaits du résultat.

Quant à notre visite HCERÈS, elle devait avoir lieu le 17 mars… une visite virtuelle a finalement eu lieu par visio la semaine dernière.

Guido Pintacuda, directeur du CRMN

Guido PintacudaGuido Pintacuda étudie la chimie à la Scuola Normale Superiore de Pise, où il obtient son diplôme en 1997, puis son doctorat en 2002. Il travaille ensuite à Stockholm et à Canberra avant de s’installer à Lyon où il occupe désormais un poste de directeur de recherche au CNRS et où il dirige le Centre de RMN à très hauts champs.

Chercheur principal dans plusieurs projets financés par des agences nationales et européennes, il coordonne un réseau de formation initiale (ITN) et obtient en 2015 une bourse ERC Consolidator sur la "Structure des métalloprotéines membranaires paramagnétiques par RMN en rotation à l’angle magique".

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