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Actualité de l'ENS de Lyon

Les chèvres corses font de la résistance

Chèvre corse
Actualité
 

Publication dans PloS du 27 janvier 2012

Les chèvres corses actuelles ont gardé une diversité génétique comparable à celle du Moyen-Âge sur l'île. C'est ce que révèle l'étude paléogénétique - menée notamment par l'équipe de Paléogénomique et Evolution Moléculaire de l'Institut de Génomique Fonctionnelle de Lyon (CNRS, ENS de Lyon, Université Claude-Bernard Lyon 1), la Plateforme Nationale de Paléogénétique, PALGENE (ENS de Lyon, CNRS), le laboratoire d'Ecologie Alpine à Grenoble (CNRS UMR 5553) et le Muséum National d'Histoire Naturelle (CNRS UMR 7209) - qui a comparé les ADN mitochondriaux de chèvres datant des XIIe et XIVe siècles avec ceux de chèvres actuelles. Cette étude, qui illustre une fois de plus l'intérêt de protéger les races anciennes, s'inscrit dans la promotion de la biodiversité. Elle fait l'objet d'une publication dans le journal scientifique américain PLoS du 27 janvier 2012.

Une des explications avancée est le rôle important qu'auraient joué non seulement l'insularité de la Corse mais également le système d'élevage traditionnel et millénaire propre à la Corse. La chèvre corse, race reconnue depuis 2003 (2), présente en effet des aptitudes tout à fait exceptionnelles de résistance et d'adaptation à des milieux difficiles. Elle a la particularité d'avoir des poils longs et une robe bigarrée permettant une identification aisée des individus laissés en pâturage libre.

Les équipes pluridisciplinaires qui ont publié cet article sont formelles : à l'heure où les ressources génétiques des espèces domestiques se réduisent sous l'impact de la sélection, cette étude montre l'intérêt de préserver des races rustiques et leurs systèmes d'élevage traditionnels. Elle démontre également l'intérêt de la paléogénétique, qui, en permettant d'ouvrir une fenêtre sur le passé, met en évidence la diversité génétique effectivement présente à des périodes anciennes. La paléogénétique constitue en effet un moyen unique pour comprendre l'histoire des espèces domestiques, de leurs origines à leur diffusion.

Alors que la paratuberculose frappe de plus en plus les élevages de chèvres corses, il est plus que jamais d'actualité de prêter une attention toute particulière à ces chèvres dont les caractéristiques sont un gage de biodiversité et de résistance à la maladie. Et d'encourager leur préservation.

Les auteurs : des équipes pluridisciplinaires

Sandrine Hughes1, Helena Fernández2, Thomas Cucchi3,4, Marilyne Duffraisse1, François Casabianca5, Daniel Istria6, François Pompanon2, Jean-Denis Vigne3, Catherine Hänni1, Pierre Taberlet2

1. Paléogénomique et Evolution Moléculaire, Institut de Génomique Fonctionnelle de Lyon, (Université Claude-Bernard Lyon 1, CNRS, INRA, Ecole Normale Supérieure de Lyon)

2. Laboratoire d'Ecologie Alpine, CNRS, Université Joseph Fourier, Grenoble

3. Centre National de la Recherche Scientifique, Muséum National d'Histoire Naturelle, « Archéozoologie, Archéobotanique: Sociétés, Pratiques et Environnements », Département Ecologie et Gestion de la Biodiversité, Paris

4. Department of Archaeology, University of Aberdeen, United Kingdom

5. Institut National de la Recherche Agronomique, Laboratoire de Recherches sur le Développement de l'Elevage, Corte

6. Laboratoire d'Archéologie Médiévale Méditerranéenne, CNRS, Aix-en-Provence

Photo R. Bouche /INRA

Tout savoir sur la chèvre corse

La race  « Chèvre corse » a été reconnue en 2003 par la CNAG (Commission Nationale d'Amélioration Génétique) du ministère de l'Agriculture, et par décret du même ministère en 2007.

Cette étude a porté sur 29 ossements de chèvres du Moyen-Age (XIIe et XIVe siècles) provenant du site archéologique de Rostino, ancien château fort médiéval de Haute-Corse.

Les séquences mitochondriales obtenues ont été comparées à celles de chèvres corses actuelles issues d'élevage traditionnel et provenant de 5 villages : Moltifao, Tralonca, Corte, Altiani, Quenza.

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