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Actualité de l'ENS de Lyon

Pour une approche globale de la lutte contre les maladies infectieuses

Zoonose
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Les maladies infectieuses, principales causes de mortalité humaine selon l’OMS, ont toujours été une charge particulièrement lourde pour nos sociétés. Dans un contexte de mutation globale, la lutte contre les maladies infectieuses reste un défi majeur avancent Dominique Pontier et François-Loïc Cosset chercheurs à l'Université de Lyon. Cette expertise est publiée dans le cadre et en amont du Forum Santé Innovation organisé par La Tribune. Il aura lieu le 13 mars prochain à l'ENS de Lyon.

La plupart des agents pathogènes humains ont une origine "zoonotique", - c'est-à-dire provenant du monde animal et transmis par contacts directs ou indirects, via diverses espèces, notamment des arthropodes hématophages (moustiques, tiques etc.), des micromammifères, des chauves-souris etc...

Que ce soit les épidémies récentes de virus Zika et Nipah, véhiculées respectivement par les moustiques et les chauve-souris, ou encore la (ré)émergence de menaces antérieures telles que les virus de fièvre hémorragique (fièvres d'Ebola, de Lassa, de Crimée-Congo), tout indique que les maladies infectieuses (ré)émergentes constitueront encore pour longtemps une préoccupation majeure pour la santé humaine et vétérinaire.

Ainsi, il n'est pas surprenant que les zoonoses représentent actuellement le danger infectieux le plus important pour l'Homme, posant des problèmes majeurs de santé publique et des enjeux cruciaux pour l'avenir.

Changement climatique, flux migratoires et transformation des écosystèmes

Il faut rappeler que l'activité humaine accroît fortement la fréquence et la gravité des maladies infectieuses (ré)émergentes car elle perturbe les interactions entre hôtes, vecteurs et agents pathogènes et ce, à différentes échelles.

De multiples facteurs, tels que le changement climatique, les flux migratoires et bien sûr la transformation des écosystèmes, expliquent que la dynamique de transmission des agents infectieux évolue constamment ; ces derniers se propagent maintenant plus rapidement et plus loin, et ils (ré)émergent plus souvent qu'auparavant.

Un risque infectieux accru

Depuis les années 70, de nouvelles maladies émergentes ont été identifiées à un rythme sans précédent, d'au moins une par an, avec 40 maladies infectieuses inconnues il y a une génération seulement !

Si historiquement, les pays des zones tropicales et subtropicales ont connu les taux les plus élevés de maladies infectieuses, il parait maintenant clair que la plupart des pays sont durablement exposés au risque infectieux.

L'intensification du commerce, de l'agriculture et de la mobilité dans une Europe plus chaude, plus peuplée, multiethnique et socialement inégale, et caractérisée par un vieillissement de la population, offrent une myriade d'opportunités favorisant la propagation des agents pathogènes.

Mieux prendre en compte la complexité des relations homme-animal

Ainsi, bien qu'en principe la réduction des contacts avec les réservoirs zoonotiques ou les vecteurs permettent potentiellement de limiter les épisodes épidémiques, la très grande diversité des scénarios menant à leur apparition rend l'efficacité de telles stratégies difficiles à prévoir. Cela souligne l'importance de mieux prendre en compte la complexité, la spécificité et l'écologie des relations homme-animal au niveau local.

Les connaissances scientifiques et médicales de plus en plus précises ont très fortement contribué à la proposition de solutions dans le domaine des maladies infectieuses et de leur contrôle, par exemple dans le domaine du diagnostic, de la prévention ou du traitement ainsi que de la prise en charge des patients.

Une approche "One Health"

On en voit cependant les limites, en grande partie car ces aspects sont largement centrés sur l'Homme. Pourtant, des avancées récentes sur certaines maladies d'importance cruciale pour la santé humaine, comme par exemple la fièvre d'Ebola, démontrent qu'il serait possible de contrer efficacement ces maladies en considérant la relation entre hôtes et pathogènes dans son ensemble.

Dans cet esprit, seule une approche interdisciplinaire permettra de répondre aux défis urgents et croissants liés, par exemple, à la résistance aux antimicrobiens et, en fin de compte, à la définition de politiques de santé humaine et animale durables.

Cette approche intégrée, appelée "One Health", doit combiner des niveaux d'études complémentaires afin d'identifier les processus clé et les mécanismes, en rassemblant les connaissances et compétences de vastes champs disciplinaires.

Source : Pour une approche globale de la lutte contre les maladies infectieuses, La Tribune, 6 mars 2019.

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