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Actualité de l'ENS de Lyon

Samir Merabet

S Merabet
Portrait
 

Responsable de l'équipe Interactions protéines Hox-cofacteurs : aspects développementaux et pathologiques

S. Merabet est l'un des 5 nouveaux chefs d'équipe recrutés par l'IGFL

Brun, le regard franc, sympa, avec un léger accent de Marseille, Samir Merabet est la dernière recrue de l’IGFL. 38 ans, deux enfants, il est né dans l’Isère mais a grandi un peu partout en France. Il est arrivé à Marseille à l’adolescence et la cité phocéenne est devenue SA ville. Avec ses potes, ils trainent les rues, jouent au foot. Les études, ce n’est pas leur truc. Il a son bac au rattrapage. Une chance pour lui sinon il se serait tourné vers la rue, comme ses potes.
Boursier, il s’inscrit en fac de Bio à Aix-Marseille I. Et là, surprise : il n’y a pas d’horaires à respecter, pas de pression comme à l’école ; c’est la liberté. L’environnement lui convient. « Ca m’a donné le temps de mûrir. Et la bio m’a bien plu. J’ai eu un DEUG avec une petite mention. Ca change quand on a toujours été dans les derniers de la classe !».
Après la biochimie, il se tourne vers la neurobiologie et la physiologie animale à l'Université Aix-Marseille III. Bien qu'il finisse major de sa promo de licence, il décide de changer d'université. À Aix-Marseille II il découvre la biologie du développement et est fasciné par les mécanismes génétiques qui sous-tendent le développement embryonnaire. Il finit encore major mais doit effectuer son service militaire. « Après ces 4 ans d’études (un record dans ma famille!) j’ai fait un break. Je savais que je devais faire mon service militaire. Si je choisissais de continuer mes études, il m’aurait fallu les interrompre et je ne voulais pas de coupures pendant une éventuelle thèse. Comme j’étais soutien de famille (mère seule et nombreux frères et sœurs) j’ai pu faire un service civil. Pendant un an j’ai été éducateur sportif dans les quartiers nord de Marseille. Je me suis régalé. Si bien qu’après ce service civil j’ai hésité entre sport et bio : mais il n’y avait pas d’équivalence pour mes diplômes, alors j’ai repris la Bio ».
Samir Merabet fait alors un DEA en biologie du développement, toujours à l'université Aix-Marseille II sur le campus de Luminy, et découvre le monde concret de la recherche. « Là, j’ai eu la révélation pour la thématique sur laquelle je travaille encore aujourd’hui : les gènes HOX. Ce sont de véritables architectes qui déterminent l'emplacement de formes telles que les antennes ou pattes le long de l'axe antéro-postérieur de l'embryon. Et malgré le passage de chercheurs hors normes sur cette thématique, on n'est toujours pas arrivé à percer le secret de leur mode de fonctionnement !» .
« Pour mon post-doc, il me fallait bouger, je suis allé à Bâle, dans le laboratoire du Professeur Markus Affolter qui m’a fait confiance et m’a laissé libre de choisir mon sujet. Mon fils Mathis venait de naître, ma femme, en vraie Marseillaise, se languissait du pays. J’ai dû me partager entre Bâle et Marseille. En 2005, pour rester à Marseille, je suis recruté par le CNRS comme chargé de recherche dans mon ancienne équipe de thèse. Très rapidement j'ai  senti que je devais monter ma propre équipe. Alors j’ai répondu, pour voir, à l’appel d’offres de l’IGFL. Sans stress : je voulais juste savoir si moi, le petit Marseillais, j’étais à la hauteur de ceux qui ont des CV longs comme le bras pour ensuite leur montrer, à Marseille, ce que je valais. Et puis ça a marché.
J’avais mis le pied dans un engrenage : il fallait maintenant trouver de l’argent pour monter mon équipe. J’ai échoué à l’ANR jeune chercheur. J’ai été pré-sélectionné pour les bourses ATIP Avenir qui sont autrement plus sélectives, très élitistes. Mais je n’ai pas joué le jeu : c’est très scolaire comme sélection, on cherche à vous déstabiliser. J’ai raté (silence) mais j’ai appris (nouveau silence). Heureusement, j’avais déjà un financement de l’ARC  (Association pour la recherche sur le cancer) pour du  fonctionnement. Et puis au dernier moment la FRM (Fondation pour la recherche médicale) a sélectionné mes projets dans le cadre du démarrage de jeunes équipes.
Samir Mérabet bénéficie d’un financement  pour 2 ans, mais il reste confiant et enthousiaste pour l'avenir. Son équipe est très petite (pour l’instant) : Amélie Dard, thésarde, vient de Luminy; Manon Baeza et Marilyne Duffraisse sont techniciennes ENS et IGFL; Bruno Hudry monte de Luminy pour ses trois derniers mois de post-doc, ensuite il y aura de la relève...
Photo Vincent Moncorgé©

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