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Actualité de l'ENS de Lyon

Et si le français pouvait changer le monde ?

portrait de Michaëlle Jean
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Plaidoyer pour la francophonie, par Michaëlle Jean, nouveau Docteur Honoris Causa de l’ENS de Lyon


L’ouverture des 25es Entretiens Jacques Cartier s’est déroulée le 18 novembre à l’ENS de Lyon. Comme chaque année, elle s’est accompagnée d’une cérémonie de remise des insignes de Doctorat Honoris Causa des universités partenaires. L’alliance entre l’ENS de Lyon et l’Université d’Ottawa a été célébrée par la remise réciproque de ce grade prestigieux par l’ENS de Lyon à la Très Honorable Michaëlle Jean et par l’Université d’Ottawa à Olivier Faron. À cette occasion, Michaëlle Jean a prononcé un vibrant plaidoyer pour la francophonie.

« Les Entretiens Jacques Cartier se déroulent en français, et c’est un bonheur ! ». Michaëlle Jean est une amoureuse de la langue. Et ce fut un bonheur aussi que de l’écouter, dans un français d’une grande qualité, nous parler de ce que notre langue commune représente pour elle, pour les siens, ses ancêtres haïtiens, et pour le monde. Lors du Forum mondial de la francophonie qui avait lieu au Québec en juillet dernier, la question lui fut posée : Peut-on changer le monde en français ?.
Sa réponse tient en 3 mots : Liberté, Egalité, Fraternité. Ces trois mots que nous ont laissés les Lumières, ces 3 mots qui ont fait basculer le monde. Lors de la Révolution française, mais aussi lors de toutes les révolutions, dès lors qu’un peuple y conquiert sa liberté. Ainsi naquit en 1804 la 1ere République noire, celle d’Haïti. Dans cette lutte contre l’esclavage menée par les fondateurs d’Haïti, le français dit-elle, fera partie de leur conquête, de leur revanche ! Deux cents ans plus tard, quelles que soient les épreuves qu’elle a subies, la République haïtienne est toujours debout, membre de la grande famille de la francophonie.
Le français, selon Michaëlle Jean qui parle alors de sa mère avec émotion, ce n’est pas une bannière, c’est un « coffret de valeurs », faites de mémoire et d’humanité. La francophonie, poursuit-elle, ce sont 77 Etats, qui vont des déserts aux rizières, des îles aux continents, des forêts boréales aux forêts tropicales. La francophonie contient le monde ! Elle témoigne de la condition humaine, de ses défis et des idées et solutions pour y répondre. La francophonie doit permettre la mise en commun de projets transnationaux, pour aller plus loin dans le partage et le transfert des connaissances, des marchés, des cultures. Une sorte de Commonwealth en français, qui redirait qu’il est toujours possible de faire autrement.
Et Michaëlle Jean de citer Abdou Diouf, ancien Président du Sénégal aujourd’hui secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Avec une énergie contagieuse, Michaëlle Jean affirme les forces de la francophonie, à travers sa jeunesse notamment, puisque 60 % de la population francophone a moins de 30 ans. Elle souligne le rôle-clé de l’éducation, cette priorité qui fut à la base de la création des Entretiens Jacques Cartier.
Le discours de Michaëlle Jean ne peut laisser personne indifférent. Gérard Collomb, invité à lui succéder à la tribune, préféra oublier le sien pour rendre hommage à ces mots si forts que peut notre langue : « pas seulement un véhicule de la pensée, mais une pensée en mouvement ». C’est sur l’idée phare du « français qui libère » que les 25es Entretiens Jacques Cartier se sont donc ouverts à l’ENS de Lyon.

Éloge de Madame Michaelle Jean par l’ENS de Lyon

L’Ecole normale supérieure de Lyon est fière que Madame Michaëlle Jean lui fasse l’honneur de recevoir les insignes de Docteur Honoris Causa dans le cadre des Entretiens Jacques Cartier 2012.

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