Confluence des Savoirs 2006 - 2007

Un artiste, un scientifique - Cycle de conférences

Amphithéâtre Charles Mérieux de l'ENS Lyon

Mardi 3 octobre 2006 à 18H30
Frontières qui tuent, frontières qui unissent
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Rideaux de fer, rideaux de bambou ou rideaux de préjugés, voilà des réalités qui fracturent le monde en une mosaïque de territoires où s’érigent, s’estompent et parfois même disparaissent des frontières physiques, économiques, sociales. Dans un univers où la publicité entretient le rêve utopique d’un monde sans frontières, ne faut-il pas plutôt viser la défonctionnalisation sélective des frontières pour en faire des frontières de contact plutôt que des frontières de séparation ? Ne faut-il pas reconnaître l’indispensable utilité des frontières qui délimitent des réalités différentes et complémentaires ? Ne constituent-elles pas une garantie de la diversité culturelle, un rempart contre la pensée unique et donc une source d’échanges mutuellement salutaires ? Sérieux défi car l’étanchéité des frontières génère l’exclusion. À l’échelle du village global comme à celle de chacune des sociétés, il y a des frontières qui tuent et il y a de frontières qui unissent.
Henri Dorion
Après ses études universitaires en droit, en géographie et en musique, il enseigne à l’Université Laval (Québec) depuis plus de quarante ans et a été professeur invité dans plusieurs universités au Canada, en Espagne, au Mexique et en Russie. Il a exercé des fonctions diplomatiques en qualité de Délégué général du gouvernement du Québec au Mexique puis en Russie et en Ukraine. Il a présidé durant plusieurs années la Commission d’étude sur l’intégrité du territoire du Québec qui a produit un Rapport de 64 volumes sur ses différentes frontières. Il a dirigé une quinzaine d’expositions internationales au Musée de la civilisation à Québec. Ses voyages l’ont amené à franchir plus de 1 000 fois des frontières internationales.
Michelo Semeniako

Il naît à Annecy en 1944. Il vit et travaille à Vitry-sur-Seine.

Après des études de sociologie, il expose ses premières séries de photographies de 1967 à 1970 et obtient le prix la villa Médicis hors les murs en 1991. Un an plus tard, son travail est de nouveau récompensé par le prix Nadar. De 1991 à 2004, il est membre de l’agence Métis. Actuellement, maître de conférence en photographie, il enseigne à la Faculté des Arts d’Amiens.

Michel Semeniako est l’un des photographes présentés au Muséum dans le cadre de l’exposition Frontières (3 octobre 2006/4 février 2007). Entre fiction et mise en scène, dans un univers onirique et mystérieux, il traite de l’exil et des clandestins.

Son œuvre s’oriente autour de deux thèmes principaux. Le premier est d’inspiration sociale. L’auteur s’interroge sur le tissu social et, plus spécifiquement, sur les liens existants au sein des membres d’une communauté. Le deuxième axe de recherche s’oriente autour des images de nuit. L’auteur privilégie les lieux de mémoire sur lesquels il intervient à l’aide de faisceaux lumineux. Pratiquant des temps d’exposition très longs, il se déplace, sans jamais apparaître, dans l’espace photographié pour éclairer à la torche les premiers plans. En redessinant les contours, il souligne les aspects cachés des objets ou paysages et créé un univers merveilleux où s’estompent les frontières entre le visible et l’invisible, l’animé et l’inanimé, le réel et l’imaginaire. Dans sa dernière série Exil, il intègre des personnages qu’il met en scène dans des décors nocturnes.

Mardi 14 novembre 2006 à 18H30
Pourquoi les mathématiques ?
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En s'appuyant sur de nombreux aspects des mathématiques, tirés aussi bien de l'Antiquité que des périodes plus contemporaines, l'orateur s'attachera à donner des mathématiques une vision plus conforme à leur réalité qu'à leur légende, en leur associant les termes imagination, passion, universalité, beauté, voire subversivité.
Michel Broué
Directeur de l’Institut Henri Poincaré, Professeur à l'Université Paris 7 Denis-Diderot et Membre Senior de l'Institut Universitaire de France, Michel Broué a en particulier dirigé le Département de Mathématiques de l'École Normale Supérieure (rue d'Ulm à Paris) de 1986 à 1993. Il a enseigné à l'École Polytechnique, ainsi qu'à Berkeley, Cambridge, Chicago, Sydney, Lausanne et Zürich. Orateur dans de nombreux congrès internationaux, il est spécialiste de la théorie des groupes, et rédacteur en chef du Journal of Algebra.
Fabrice Bihan

Lauréat de nombreux concours : Concours central de la ville de Paris (1er prix, 1er nommé avec les félicitations du jury), du Rotary Club d'Arras, des Beaux-Arts du Pas-de-Calais du concours Bellan à Paris ainsi que du Concours international de musique de chambre en Arles, Fabrice Bihan a déjà eu l’occasion de se produire dans des lieux tels que la salle Gaveau, l'Auditorium des Halles, l’Opéra national de Lyon, l’Auditorium Maurice Ravel de Lyon ou encore les festivals de la Baume, de Salon-de-Provence, Musique en Vendée romane, festival d’automne de Chatellerault, ainsi qu’à l'étranger, invité en soliste ou musique de chambre. Fabrice Bihan enseigne le violoncelle, la musique de chambre et dirige l'orchestre symphonique à l’ENM d'Arras.

Le compositeur : Iannis Xenakis (Braïla, Roumanie, 1922 - France, 2001) Compositeur, architecte, ingénieur civil. Résistant de la Seconde Guerre Mondiale, puis condamné à mort, il est réfugié politique en France depuis 1947 et naturalisé français depuis 1965. Il a étudié à l'Institut Polytechnique d'Athènes avant d'entreprendre des études de composition musicale à Gravesano avec Hermann Scherchen, puis au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris avec Olivier Messiaen. De 1947 à 1960, il collabore avec Le Corbusier comme ingénieur et architecte. Inventeur des concepts de masses musicales, de musique stochastique, de musique symbolique; ayant introduit le calcul des probabilités et la théorie des ensembles dans la composition des musiques instrumentales, il fut l'un des premiers à se servir de l'ordinateur pour le calcul de la forme musicale. Pionnier également dans le domaine de l'électro-acoustique, auteur de plus d'une centaine d'œuvres pour toutes formations, il apparaît aujourd'hui comme l'une des figures les plus radicales de l'avant-garde, ayant inventé la plupart des techniques compositionnelles caractéristiques de la musique d'après 1945, mais aussi l'un des rares créateurs dont la vitalité ne s'est jamais démentie, et qui a, de plus, conquis un large public.

L'œuvre : Nomos Alpha (1965 - 1966) Musique symbolique pour violoncelle seul, Nomos Alpha possède une architecture hors-temps fondée sur la théorie des groupes de transformations. C'est l'œuvre la plus complexe de toute la production du compositeur.

Mardi 9 janvier 2007 à 18H30
Les banlieues et la pauvreté urbaine
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On explique souvent le mal-être des populations dans les banlieues pauvres par des sentiments d’exclusion, d’enfermement, de frustration. Ces difficultés qui se traduisent parfois par des violences urbaines sont-elles produites par des causes identiques ? Si les manifestations sont semblables, les localisations diffèrent : aux Etats-Unis, les pauvres sont plutôt au centre des villes, en France, en périphérie. Comment la dynamique des villes peut-elle faire comprendre de telles différences ? Comment se forment les rapports entre les caractéristiques individuelles des personnes et l’image des quartiers dans la ville ? Au-delà de la variété des vécus individuels, on trouve aussi des explications dans la situation géographique des quartiers, dans la concentration de certains types de population, dans l’inégalité des chances offertes par certains environnements urbains. Il n’est pas toujours facile de mesurer ces disparités, ni surtout de déterminer comment elles peuvent affecter les parcours des personnes, et donc de repérer quels périmètres sont significatifs pour entreprendre des actions réparatrices.
Denise Pumain
Géographe, professeur à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, membre de l’Institut Universitaire de France, Denise Pumain est ancien Recteur de l’Académie de Grenoble et dirige la collection Villes aux éditions Anthropos.
Improvisation vocale de la SLAM

Dirigé par Marco Casimiro de San Leandro, ce collectif intervient sur le mode de la poésie déclamative urbaine. La Section Lyonnaise des Amasseurs de Mots (ou Société Ludique des Anarchistes Modaux) existe depuis la première Slam Session lyonnaise, organisée en janvier 2002 au Bistroy, à Lyon. Elle a ensuite été étoffée au fil des sessions par Vers Sain Rhétorique (Marco DSL), maître de cérémonie, initiateur du slam à Lyon, et l’un des propagateurs nationaux de ce nouvel art des mots et de la voix. Elle regroupe huit membres issus de milieu divers, tous rimeurs acharnés et écrivants forcenés dont l’amour de la langue et de l’écriture est immodéré. Ils adoptent pour pseudos Barbie Tue Rick, Lee Harvey Asphalt, Mix ô ma prose, Vers Sain Rhétorique ou encore Slamouraï.

L’objectif de la SLAM est double :

  • Propager la pratique du slam, comme prise de parole libre en public. Le slam est une tribune citoyenne, démocratique, politique, poétique, un contre pouvoir verbal, par le biais de l'écrit et de la parole. C'est aussi un lieu propice aux rencontres.
  • Populariser le slam comme nouvelle pratique artistique, un nouveau code poétique.
Mardi 6 février 2007 à 18H30
La santé et ses enjeux économiques et sociaux
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Au cours de ces 50 dernières années, la médecine a fait des progrès spectaculaires : de nombreuses maladies fatales, telles que la tuberculose, la syphilis, la variole, la poliomyélite ont été vaincues avec l’arrivée des antibiotiques ou de nouveaux vaccins; la chirurgie se fait de plus en plus précise et de moins en moins invasive; les transplantations d'organes se généralisent tandis que les progrès de la génétique et de la génomique permettent chaque jour un peu plus de comprendre les lois qui président à la formation de la vie et à la définition de l'identité personnelle.

Cette révolution médicale a permis dans la plupart des pays une baisse régulière des taux de mortalité infantile pendant que l'espérance de vie à la naissance augmentait régulièrement : on vit aujourd’hui mieux et plus longtemps. Un Français qui naît aujourd'hui vivra ainsi deux fois plus longtemps qu'au siècle dernier. L'hexagone compte 6 000 centenaires, mais ils pourraient être 150 000 en 2050.

Aussi séduisant soient-ils, ces progrès médicaux se sont cependant réalisés au prix d’un accroissement considérable des dépenses de santé : en 2004, les dépenses de santé s’élèvent ainsi en France à 184 milliards d’euros, soit 2 951 € en moyenne par habitant. Les dépenses hospitalières représentent à elles seules l’équivalent du budget annuel du ministère de l’Éducation Nationale, soit près de 25% du budget total de la France. La part de ces dépenses dans la richesse nationale n’a pas cessé et ne va pas cesser d’augmenter dans les années à venir : elle atteint déjà 15% aux Etats-Unis, 11,5% en Suisse, et 10,5% en France.

Dans un système économique où les dépenses doivent nécessairement équilibrer les recettes, une telle évolution pose la question du périmètre de la notion de santé et des modes de financement associés : où commence et où s’arrête la notion de santé ? La santé a-t-elle un prix ? Quelles dépenses de santé relèvent de l’individu ou de la société ? Comment arbitrer ces choix ?

Jean-Pierre Claveranne
Professeur des Universités, Directeur de l’IFROSS, Université Jean Moulin Lyon 3, Jean-Pierre Claveranne est le Président de la Fondation Bullukian.
Michel Côté

Chef de projet du Musée des Confluences

Au cours des dernières décennies le réseau culturel et plus particulièrement le secteur muséal, a fait des bonds prodigieux en termes de création, de diversification et de publics. Le succès des grandes expositions, l’apparition de projets architecturaux audacieux, les nouvelles approches muséographiques, sont autant de signes d’une profonde transformation.

Où en sont les musées d’aujourd’hui, entre mission de conservation et de diffusion, quels sont les paris et les attentes, les ambitions et la réalité ? Les enjeux économiques atteignent aussi le réseau muséal : que peut-on en attendre ? Quel est l’impact sur les visiteurs et les citoyens ?

De formation universitaire en lettres, pédagogie et gestion, Michel Côté travaille depuis de nombreuses années dans le domaine de la culture, soit à titre de consultant, soit à titre de gestionnaire. Ainsi son parcours l’a conduit à être directeur des programmes, au ministère de la culture du Québec, directeur des expositions au Musée de la civilisation à Québec et maintenant directeur du Muséum de Lyon et chef de projet du Musée des Confluences.

Michel Côté été membre de l’exécutif du Conseil international des Musées, président d’ICOM Canada et de la Société des Musées québécois. Il a mis sur pied de nombreux projets internationaux de diffusion du savoir.

Mardi 6 mars à 18H30
Mon cerveau et moi
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Quel est le rôle de notre cerveau comme instrument de nos sentiments, de nos passions, de nos désirs, de nos émotions ? Comment fonctionnent les régulations complexes qui agissent en nous pour créer notre être intime ? Comment se fait la jonction entre notre subjectivité et notre enracinement biologique ? Comment partageons-nous les sentiments et les émotions des autres ? Les neurosciences éclairent d'un jour nouveau la façon dont nous nous connaissons nous-mêmes.
Marc Jeannerod
Professeur Emérite à l'Université Claude Bernard, Marc Jeannerod est membre de l'Académie des Sciences.
Thierry Renard

Poète et écrivain, Thierry Renard vient lire un choix de ses textes.

Vivant à Vénissieux, il s’est fait notamment connaître comme animateur de la revue Aube magazine et des éditions Parole d’Aube. Militant actif d’une poésie qui ne s’exclut pas du champ social, il anime des ateliers d’écritures. Il est aujourd’hui directeur de l’Espace Pandora, lieu de diffusion et de communication de la poésie situé à Vénissieux.

Plusieurs de ses proses et de ses poèmes ont été traduits dans différentes langues : polonais, italien, anglais, allemand, bulgare, russe, arabe, etc.

Mardi 3 avril 2007 à 18H30
La compagnie des animaux
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Dans un monde de plus en plus sophistiqué, une nature de plus en plus technicisée, qu’est devenu notre rapport aux bêtes ? Et d’abord qui ça, nous ? Qu’ont de commun les enfants japonais et leurs petits émules occidentaux jouant à prendre soi du chien virtuel, Aibo, les paysans de la Confédération Paysanne résistant à l’industrialisation de l’élevage, les citadins traitant leurs animaux dits de compagnie comme des enfants, les chercheurs créant un lapin transgénique fluorescent, les responsables de la santé faisant abattre des dizaines de milliers de volatiles et de mammifères ? Ne sommes-nous pas, tous, les victimes, consentantes ou révoltées, d’une démesure implacable ? Tout se passe comme si nous ne savions plus comment assumer notre responsabilité vis-à-vis des vivants autres que l’homme. Les démocraties occidentales ont fait, depuis un siècle, d’énormes progrès dans la connaissance et la protection des animaux et pourtant il se pourrait que nous ne sachions pas encore suffisamment que la crise majeure de notre civilisation réside dans l’ignorance de cette vérité : Tout ce que nous faisons aux bêtes, c’est à nous-mêmes qu’en fin de compte nous le faisons.
Elisabeth de Fontenay
Philosophe et professeur honoraire de philosophie à Paris 1 (Panthéon-Sorbonne), Elisabeth de Fontenay est l’auteur de quatre ouvrages et de trois spectacles.
Nathalie Le Boucher

Conteuse, Nathalie Le Boucher propose un montage de contes sur les rapports hommes/animaux.

Nathalie raconte, et soudain, dans un frémissement de sourcils, un jeu de regard, une expression du visage, un mouvement du buste, un geste des mains, une posture… une déesse voluptueuse apparaît, un démon au regard enfiévré prend forme, les oreilles immenses de papa éléphant se déploient, le lotus doré qui abrite le dieu créateur éclot…"