Ce travail de thèse porte sur le deuil suite au décès d’un enfant au sein de la famille. Alors que la sociologie du deuil se renouvèle en France, notamment autour de la question de la périnatalité, notre travail se propose de décaler le regard en analysant ce que produit la perte d’un enfant sur la famille, au moment de son adolescence. Il s’agit de nous situer au croisement de la sociologie du deuil et de la sociologie de la famille en se demandant comment les individus font famille avec un·e enfant absent·e. Notre objectif est d’ouvrir la voie à ce domaine de recherche en proposant un ensemble d’outils conceptuels permettant de penser le deuil dans un cadre sociologique.
À partir de l’analyse approfondie de 40 entretiens biographiques réalisés avec des mères, des pères et des frères et soeurs endeuillé·e·s, nous essayons de voir comment les rôles et les statuts sont modifiés, mais encore renforcés, dans le contexte du deuil. Nous nous intéressons aux trajectoires des individus, mais également à la trajectoire familiale, et à la manière dont celles-ci peuvent être modifiées par le deuil. En définissant le deuil comme un statut, et non comme un travail interne et cognitif (sous-entendu dans le terme de travail de deuil) nous montrons que les membres des familles endeuillées se mettent en activité pour maintenir la relation avec l’enfant défunt. Toutefois, les conséquences de cette mise en activité ne sont pas les mêmes selon les positions dans la configuration familiale. Le deuil vient ainsi renforcer des inégalités sociales préexistantes, notamment au sein des familles en confortant les normes de genre.
Gratuit
Disciplines