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Agenda de l'ENS de Lyon

L'Europe centrale et orientale dans l'oeuvre d'Emmanuel Ruben

Date
ven 31 mar 2023
Horaires

14h-17h

En visioconférence

Intervenant(s)
  • Anne-Marie Monluçon (UGA)
  • Liouba Bischoff (CERCC, ENS de Lyon)
Organisateur(s)
Langue(s) des interventions
Description générale

Accès à la visioconférence via le logiciel Zoom.
Sujet : Zoom meeting invitation - Réunion Zoom de Anne-Marie Monlucon
Heure : 31 mars 2023 01:45 PM Paris
Lien de la réunion
ID de réunion : 996 6940 1205
Code secret : 190648

Séminaire inter-laboratoires 2023 : L’espace littéraire de Berlin à Vladivostok - SÉANCE 2

Deuxième séance organisée par  :

Anne-Marie Monluçon, Maîtresse de conférences en littérature comparée (Université Grenoble Alpes)

et Liouba Bischoff, Maîtresse de conférences en littérature française et francophone (XXe-XXIe siècles) (CERCC, ENS de Lyon)

De la Baltique à la Mer Noire : l’œuvre d’Emmanuel Ruben entre géopolitique et géopoétique

« Ces deux versants, le géopoétique et le géopolitique, m’habitent en permanence. Ils ont toujours été présents dans mes livres. »
(E. Ruben, Zone critique, 5 mars 2016)

Entre 2010 et 2022, Emmanuel Ruben, né en 1980 à Lyon, a publié 13 livres qui composent une œuvre protéiforme : romans, nouvelles, essais, récits qu’il préfère appeler des textes de dépaysement ou d’arpentage plutôt que des récits de voyage, ainsi que des livres inspirés de l’histoire de sa famille, combinant autofiction, histoire collective et imaginaire. Géographe de formation, écrivain et peintre, il conjugue dans son œuvre science et littérature, mais aussi texte et images au sens propre et figuré. Son œuvre est très diverse sur le plan des aires géographiques, culturelles et imaginaires de référence : la région Rhône-Alpes, l’ancienne Europe de l’Est et l’Orient d’Europe, Israël et l’Algérie.
Notre intervention se situe dans la perspective de la Journée d’étude que nous organisons le 9 juin prochain à Grenoble, dans le cadre d’un partenariat entre le CERC, centre de recherche de l’ENS et l’UMR Litt&Arts, sous l’intitulé « Emmanuel Ruben, l’écriture du territoire entre imaginaire et actualité ». Il s’agit de présenter, parmi ses œuvres, le « massif » le plus approprié au périmètre de notre séminaire, « l’espace littéraire de Berlin à Vladivostok », qui se trouve être aussi le plus vaste, puisque nous pouvons le délimiter par la formule « De la Baltique à la Mer Noire ». Comme l’indique le titre de notre intervention, « l’œuvre d’Emmanuel Ruben entre géopolitique et géopoétique », nous proposerons deux approches complémentaires.

Anne-Marie Monluçon abordera la dimension géopolitique d’un corpus qui est hétérogène sur le plan générique mais dont chaque lieu de référence appartient à l’espace des anciens pays de l’Est. Chronologiquement cela donne la liste suivante : Halta à Yalta, roman de 2010, dont l’action est située en Crimée, La Ligne des glaces, roman de 2014, Cœur de l’Europe, court récit tiré du journal de bord d'un long séjour en ex-Yougoslavie et d’un voyage jusqu’à la frontière hongroise, théâtre de la crise migratoire à partir de 2015 (2018), Terminus Schengen, poème avec 8 photographies de l’auteur (2018), sur la crise migratoire de 2015, Sur la route du Danube, récit de voyage publié en 2019, lauréat du prix Bouvier, notamment, Nouvelles Ukrainiennes, paru en 2022, rassemblant des textes écrits entre 2010 et 2020, et l’ouvrage collectif Hommage à l’Ukraine (octobre 2022), recueil de textes littéraires inédits de 14 écrivains ukrainiens contemporains, qu’E. Ruben a sollicités pour ce volume.

Cette présentation voudrait mettre en lumière le fait que les œuvres d’E. Ruben portent davantage sur l’Europe que strictement sur le post-communisme, sur ce qui se joue aux frontières de l’Europe, à la fois « forteresse Schengen » dénoncée par E. Ruben, et lignes de clivage différentes de celles définies par les accords officiels : frontières vécues, subjectives. L’auteur appréhende ces questions au prisme de l’Histoire, de l’Actualité et de la prospection (pronostic, utopie, prophétie...). Dans la mesure où l’auteur combine la géopolitique avec la poésie toujours, la fiction souvent, et le fantastique parfois, cette première exploration ne se limitera pas à une lecture purement référentielle des textes.

Liouba Bischoff partira d’une réflexion d’E. Ruben livrée dans un entretien pour Zone critique intitulé « Le roman rêvé, c’est un château échevelé qui remue encore » et recueilli par Pierre Poligone (5 mars 2016) : « Qu’est-ce que j’ai compris, face à ma carte postale ? Que j’avais besoin, pour me consoler de ce voyage raté, pour justifier mon retour abrégé en France, d’écrire un roman. Que seule l’écriture d’un roman dans lequel je me perdrais comme dans un puzzle pourrait me consoler du ratage absolu de ce voyage – et d’une histoire aussi qui finissait et que je croyais pouvoir fuir en entreprenant ce voyage. Mais la seule fuite possible et réellement salutaire, c’était le roman. » Cette confidence très éclairante ouvre sur la question des genres dans l’œuvre d’E. Ruben : basculement du référentiel au romanesque, genres indécidables ou hybrides, fictions qui conservent tout de même quelque chose de l’écriture de terrain. L’intervention de Liouba Bischoff explorera ces tensions.

Gratuit

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