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THE-4114 : séminaire théâtre et société

THE-4114 : séminaire théâtre et société

theatre and society

Responsable(s) :
  • Anne Pellois
Enseignant(s) :
  • Charline Granger

Niveau

M1+M2

Discipline

Etudes théâtrales

ECTS
4.00
Période
1e semestre
Localisation
Site Descartes
Année
2022

Public externe (ouverts aux auditeurs de cours)

Informations générales sur le cours : THE-4114

Content objectif

Enseignante: Charline Granger

Surveiller, éduquer, émanciper les spectateurs : la discipline des corps, du XVIIIe au XXe siècles.

« Fixer l’attention d’une nation entière », tel est le rêve politique unanimiste que Diderot voudrait voir se réaliser par les représentations de ses drames civiques. C’est que, d’après lui, le théâtre peut par la fiction endiguer le tumulte des spectateurs, mettre en ordre les corps parfois peu disciplinés et révéler une nation entière à elle-même.

Dans la lignée des travaux de Foucault, pour qui l’État moderne ne cherche plus à rendre le pouvoir visible aux individus, mais à rendre l’individu visible au pouvoir, nous chercherons à comprendre en quoi l’espace de la salle de théâtre constitue un haut lieu de rapport de forces, entre le spectateur et l’acteur ou l’auteur, entre le public et l’institution. Nous envisagerons le spectateur dans sa dimension la plus directement physique et physiologique, comme un corps qui se refroidit, s’échauffe, transpire, souffre d’être debout, s’amollit d’être assis, s’endort, s’impatiente, bâille, siffle, applaudit, invective les acteurs, insulte les auteurs. Il s’agira aussi, de manière complémentaire, d’envisager les corps des spectateurs, ce méta-organisme qu’est le public et dans lequel, qu’il le veuille ou non, chacun est pris. En quoi le public constitue-t-il une menace (physique) à l’ordre du spectacle ? Comment l’organisation de l’espace du théâtre permet-elle de réguler la fonction spectatrice ? Par quels dispositifs de contrôle direct ou indirect surveiller le public ? Quels corps de spectateurs idéaux les dramaturges, metteurs en scène ou représentants de l’institution ont-ils rêvés ? Quelles différences y a-t-il entre un spectateur attentif et un spectateur apathique ? Le moelleux des fauteuils de théâtre a-t-il une raison d’être politique ? Un spectateur qui dort est-il un citoyen modèle ? Dans quelle mesure la discipline qui est imposée aux organismes des spectateurs est-elle le reflet d’une société postulée comme idéale ?