Enseignante: Clara Christophe

Du roman au théâtre: de quoi l’adaptation est-elle le nom?

Dans son ouvrage Miniatures théoriques, Georges Banu s’interroge sur la place qu’occupent les adaptations de romans – et tout particulièrement de Dostoïevski – au théâtre : « sa capacité à embrasser large et à constituer la fresque d’une époque », écrit-il, avant de conclure sur un « humus épique » d’où proviendrait cette séduction des romans pour la scène. Dans le programme pour la mise en scène de Catherine d’après Les Cloches de Bâle d’Aragon, Antoine Vitez écrit : « le théâtre prend son bien où il le trouve, c’est ce qui le caractérise, il prend, il détourne » ; avant de conclure en interrogeant : « comment jouer tout ? ». Partant du caractère imposant du roman dont Banu et Vitez nous donnent une idée, nous nous interrogerons sur les enjeux dramaturgiques de l’adaptation au théâtre, qui ne faiblit pas, des Frères Karamazov par Copeau [1911] à L’Esthétique de la résistance par Creuzevault [en création]. Nous nous baserons sur des fresques romanesques et/ou historiques pour explorer les diverses modalités d’adaptations présentes en puissance dans un texte ; mais aussi la façon dont un récit traverse les époques en se confrontant aux problématiques de représentation qui ne cessent de se reformuler entre le temps de l’écriture du roman et le temps de son adaptation à la scène. Ainsi, en lien avec les enjeux dramaturgiques, nous travaillerons sur les significations de la réactivation du roman au théâtre et donc sur ce que peuvent nous apprendre ces narrations spécifiques dans le champ théâtral – enjeux esthétiques, mais aussi les implications quant aux processus de création et de production.