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PHI-4227 : Séminaire d'introduction à l'écologie politique

PHI-4227 : Séminaire d'introduction à l'écologie politique

Political Ecology

Transition Écologique

Enseignant(s) :
  • Arnaud Milanese

Niveau

M1+M2

Discipline

Philosophie

ECTS
5.00
Période
2e semestre
Localisation
Site Descartes
Année
2022

Public externe (ouverts aux auditeurs de cours)

Informations générales sur le cours : PHI-4227

Content objectif
En première intention, l'écologie politique désignait, dans les années 70 en France, une approche des questions écologiques qui résistait à l'idée de faire de l'écologie une science (Ivan Illich ou André Gorz, qui, de ce point de vue, critiquait l'esprit du Rapport Meadows, sans pour autant en nier les constats). Plus spécifiquement, il s'agissait de penser les problèmes écologiques comme des effets de choix politiques et civilisationnels réversibles, qui croisaient dès lors les différentes remises en question du capitalisme et de l'industrialisme que ce qu'on appelait pudiquement la "question sociale" avait déjà suscitées un siècle plus tôt. Décrite ainsi, l'écologie politique, croisant critique de la technique et critique de la société de consommation, n'est pas sans rapport avec ce qu'aux Etats-Unis on a appelé, à peu près au même moment, l'écologie sociale, illustrée au premier chef par Murray Bookchin, influencé par l'anarchisme espagnol et principal inspirateur de l'expérience démocratique et écologique du Rojova: l'idée que les enjeux écologiques ne sont pas à rapporter au "progrès", au développement technique en général ou à la croissance démographique, sans un examen précis des rapports de domination qui structurent nos sociétés. Parce que c'est cette configuration sociale qui a suscité le rapport de prédation à l'égard de la nature environnante, et qui viendrait, en retour, constituer une menace globale pour tous les vivants, nous y compris. Il s'agira dans ce séminaire d'explorer certaines des sources et certains développements de cette double perspective, constituant une tentative de politisation radicale des enjeux écologiques, toujours active aujourd'hui, contre toute perspective de type mystique (réenchantement de la Nature), culpabilisante (l'Homme, ce parasite), technosolutionniste (la crise écologique appelle essentiellement un surcroit d'inventivité technique et certains ajustements, pour trouver la voie d'une "croissance verte" ou d'un "développement durable"), ou fondé sur un quelconque consensus apolitique face à l'"urgence" - perspectives qui ont toutes échouées. Dès 1965, Bookchin prévoyait déjà cet échec, lorsqu'il estimait que ce que beaucoup jugeaient "désirable" depuis longtemps (une société sans rapport de domination) est désormais devenu "nécessaire". Ce qui impliquera aussi de revenir sur ce que suppose une véritable perspective politique. L'idée d'une écologie politique radicale rencontre d'emblée des ambivalences et des tensions internes: là où un Murray Bookchin écarte le plus souvent la dimension démographique du problème écologique, un Ivan Illich lui accorde une grande importance; là où un Lewis Mumford centre son discours sur une critique du développement technique, un Bookchin se centre sur la critique de l'économie de marché. Peut-on trouver une unité problématique ? Quel enjeu pratique comporte la ressaisie intellectuelle de ce courant spéculatif et militant ? Peut-on y trouver une explication du fait que le militantisme écologique radical se traduit par une exigence radicale de démocratie, réactivant des perspectives anarchistes ou socialistes démocratiques, méfiante à l'égard de l'Etat, évidemment des grandes corporations capitalistes, et parfois même des sciences constituées ? Et ce au moment même où, face à la difficulté que rencontrent nos "démocraties" se réactivent des tentations autoritaires fortes, y compris chez d'influents "experts" médiatiques, qui pourtant reprennent à cette tradition démocratique l'idée d'une société en décroissance économique.