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Actualité de l'ENS de Lyon

Starting grant ERC pour Sébastien Manneville

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Au laboratoire de Physique

En bermuda, dans la touffeur du laboratoire de Physique, un jeune physicien manipule une pâte extensible, genre slimy, il la fait rebondir, l'étire.
En passant dans le couloir, on pourrait se dire : « Tiens, un étudiant qui s'amuse ». Pas du tout : c'est un jeune enseignant-chercheur de 37 ans qui vient de se voir attribuer par le European Research Council une bourse (Starting Grant in english) de 1,3 millions d'euros sur 5 ans. N'allez pas croire qu'une telle somme se trouve si facilement. Il faut beaucoup de travail, rédiger un solide dossier et passer une audition, tout en anglais bien sûr. Ca tombe bien notre chercheur a fait son post-doc à Boston University au département de Mechanical Engineering. Et pour ces starting grants, il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus : sur 2 503 dossiers reçus en 2009 par l'ERC, seuls 244 projets ont été retenus. Compter également un délai d'un an entre la candidature et une éventuelle approbation du dossier.
Expliquer ses recherches, Sébastien Manneville le fait en toute simplicité. Ses yeux bleus s'animent, rieurs : « Les matériaux sur lesquels on travaille, c'est ce que vous avez dans votre salle de bain : en gros, ce sont les gels fixant pour les cheveux, les shampoings, les dentifrices, etc. Mais ce pourrait être aussi des desserts lactés gélifiés, des peintures ou des lessives !  Nous, on enlève tout le superflu pour étudier la physique de systèmes modèles. Ce sont les propriétés d'écoulement de ces matériaux mous qui nous intéressent ». En effet, la plupart de ces « fluides » présentent des comportements étranges, intermédiaires entre ceux des solides et ceux des liquides: un gel constitué à 99% d'eau peut ainsi être élastique comme un véritable ressort mais aussi s'étaler et se mettre à couler si on le déforme suffisamment.
Sébastien Manneville me montre la « salle des grains » où une machine, installée par son collègue Nicolas Taberlet, fait inlassablement tourner une sorte de pale sur un gigantesque cercle de sable pour simuler l'effet de « tôle ondulée » bien connu des automobilistes sur les pistes africaines. Ensuite, avec Vincent Grenard, un étudiant en thèse, nous allons voir dans la salle voisine le « rhéomètre » couplé à un appareil d'échographie ultrasonore. Ce dispositif permet de mesurer non seulement la viscosité globale des échantillons mais aussi les déformations subies localement.
« Le nouvel équipement nous fournira 128 points de mesure simultanés qui nous permettront de réaliser de véritables images échographiques ! » annonce-t-il fièrement. Mais les locaux pour mettre tout ça ? «Ah, oui, il va falloir négocier pour trouver un peu de place...  On verra ». Pour l'instant le rhéomètre touille du noir de carbone, une matière utilisée comme pigment ou pour renforcer les pneus et à la texture passionnante... pour des chercheurs passionnés.

1,3 millions d'euros pour des projets en physique

La starting grant de l'ERC, d'un montant de 1,3 millions d'euros sur 5 ans à partir de décembre 2010,  permettra de financer : - 1 thèse - 3 post-docs d'un an - 2 années de travail d'un ingénieur de recherche - et bien sûr un équipement plus performant...

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