Outils

Actualité de l'ENS de Lyon

3 questions à Ioan Negrutiu

Ioan Negrutiu et Michel Serres
Actualité
 

Colloque inaugural de l'Institut Michel Serres

Le colloque inaugural de l'Institut Michel Serres pour les ressources et les biens communs  se déroulera les 27 et 28 septembre prochains en présence de Michel Serres.
3 questions à Ioan Negrutiu, l'instigateur de cette initiative ENS. 
Comment avez vous décidé de créer l'Institut Michel Serres ?
Pour les 20 ans de l'Institut Universitaire de France, j'ai été en charge de l'organisation d'un colloque international sur les ressources qui s'est tenu à l'ENS de Lyon en 2011. Lors de ce colloque, nous avons donc eu l'occasion d'entendre différentes disciplines traiter de cette question. Nous avions invité Michel Serres pour clore le colloque, ce qu'il a fait en vantant les mérites de l'interdisciplinarité et en soulignant le rôle fédérateur des sciences de la vie et de la terre dans l'étude des ressources. –  
Nous avons très vite partagé avec Michel Serres une vision commune : il faut dépasser les démarches morcelées des disciplines, envisager une mutualisation des connaissances, une réciprocité des savoir-faire, des outils communs et in fine avoir une vision et un traitement systémiques de cette question. –  
Quelles vont être les missions de l'Institut Michel Serres ? –  
Il faut se rappeler que l'histoire de nos sociétés est, en même temps et à plusieurs titres, celle des ressources, des rapports de forces entre les hommes, entres l'homme et la nature. On voit bien que le regard du philosophe est nécessaire plus que jamais. Notre Institut se donne donc trois missions : –  
- interroger conceptuellement la problématique des ressources naturelles au regard des agendas actuels sur les changements climatiques, les énergies, la biodiversité, la sécurité alimentaire. Car on ne gère bien que ce que l'on comprend bien. –
- produire les outils pour le monitoring en temps réel et la gestion adaptative et durable des ressources au niveau régional. Car on ne gère bien que ce que l'on mesure clairement.
- proposer des alternatives au système actuel de gouvernance qui ont été en débat à Rio+20, en partant de la nécessité absolue d'intégrer l'économie et les activités humaines en général dans les cycles de la biosphère. Car on ne gérera bien que si l'on gouverne autrement. –
Autrement dit, les cadrages actuels, notamment sur le changement climatique et la biodiversité, sont peu satisfaisants. C'est surtout la dégradation et la raréfaction croissante de l'ensemble des ressources naturelles, mais aussi la réduction de leur diversité dans un système comme la biosphère, par exemple, où l'interdépendance des composantes est la règle, qui posent problème. – Poser le problème ainsi change la donne. Avec les ressources, tout le monde est concerné, tout le monde comprend. C'est palpable, mesurable et c'est maintenant. Cela responsabilise plus facilement et à plusieurs titres. Il est question, individuellement et collectivement, de l'accès et de la consommation des ressources naturelles, des besoins vitaux comme droit fondamental lié à la dignité humaine. Enfin, se sentir concerné par le destin des ressources de sa région, de son terroir, c'est le premier degré de cette responsabilité partagée. Elle pointe singulièrement sur toute la question des biens publics. Voilà les grandes lignes du colloque inaugural de l'Institut Michel Serres. C'est pourquoi le colloque est ouvert à tous.
– –
Quels seront les premiers travaux lancés à la suite de la création de l'Institut Michel Serres ?
L'Institut est une construction en marche. Cela a commencé dans l'amphi et les étudiants en biologie et en géographie, notamment, y sont confrontés dans un module « Europe », « Bioresources and biodiversity ». Ils sont très actifs sur cette problématique. L'exemple le plus récent, le Prix spécial EPE (entreprises pour l'environnement)-Métro que 8 étudiants en biologie ont remporté cette année avec leur projet « Ressources en jeux ». – Et cela continue avec la coopération de l'Institut français de l''Éducation. En fait, l'Institut Michel Serres a mis le cap sur les jeunes, une extraordinaire ressource. –
Côté recherche, le colloque inaugural de l'Institut Michel Serres est une session de travail sur les deux premières missions de l'Institut.  Le programme parle de lui-même. C'est l'occasion pour les partenaires fondateurs de l'Institut (une dizaine de laboratoires dans le monde et d'autres invités) de se réunir autour de Michel Serres pour calibrer nos missions et nos projets. Le premier consiste à construire un réseau international de recherche sur les ressources régionales, dont Rhône-Alpes est une des régions-test. En même temps, nous travaillons sur la question de la productivité biologique, une question-clé dans la ruée actuelle sur les ressources biologiques. Par exemple, la biomasse est considérée comme la nouvelle frontière d'un développement territorial en phase avec le potentiel productif des régions.
Concernant l'Institut et la société, pour revenir à votre deuxième question, nous réalisons une enquête internationale sur la perception des ressources naturelles. Si les lecteurs de cet interview veulent aider l'Institut sur le champ,  je les invite à aller sur le site http://institutmichelserres.ens-lyon.fr et répondre à cette enquête. Plus largement, si les idées de notre Institut intéressent et mobilisent certains, nous sommes ouverts et disponibles pour toute initiative citoyenne concernant les ressources naturelles. 
En savoir plus
http://institutmichelserres.ens-lyon.fr
Article Enviscope- mai 2011
Article Enviscope juin 2012
8 étudiants en biologie de l’ENS de Lyon, lauréats du prix spécial EpE Métro 2012
Laboratoire de reproduction et de développement des plantes