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Actualité de l'ENS de Lyon

Janvier / Novembre 2015 - Réfléchir après… présentation

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Actualité
 
Après les attentats du 13 novembre, nous avons pensé – comme nous l’avons déjà pensé en janvier après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher – qu’il est du devoir de l’Université de participer à la réflexion nécessaire sur le sens et les effets géopolitiques, politiques et sociaux de ces événements, en partageant les éléments de réponse que nous avons pu élaborer au cours de nos travaux de recherche. Nous proposons donc un nouveau cycle de conférences publiques, sous l’égide de l’Université de Lyon, avec l’aide du laboratoire Triangle.
Après les 7 et 9 janvier 2015, nous avions jugé nécessaire de réagir dans l’urgence. Les événements nous avaient cueillis impréparés, désemparés, face à un contexte que tous pourtant voyaient évoluer avec inquiétude. Ce qui s’est passé depuis (Thalys, Paris 13 novembre 2015…) n’a fait, hélas, que confirmer ces inquiétudes et renforcer l’exigence d’un effort de pensée. En tant que chercheurs et chercheuses, universitaires, mais surtout en tant que citoyens et citoyennes, tous ces événements nous rappellent violemment à notre ignorance, à notre indétermination ou à un sentiment d’impuissance à la fois réel et confortable devant la complexité des phénomènes politiques et sociaux.
En faisant surgir la mort dans notre quotidien, les événements de janvier et de novembre ne nous laissent plus le choix. Ils sont l’occasion d’affronter des questions qui nous concernent mais que nous n’avons pas encore, à ce jour, les moyens de formuler, d’articuler, de penser et, plus encore, de partager dans un espace public. Et ce que les mobilisations de janvier nous ont montré, c’est au moins qu’un espace public demandait à exister. En tant que citoyens, mais surtout cette fois en tant que chercheurs, il est de notre devoir de répondre à cette demande, en allant puiser dans nos propres forces et en mettant au premier plan le temps de l’écoute et de la réflexion.
Au-delà de la ponctualité des événements, ces questions font écho à un contexte à la fois national et international qu’il s’agit d’analyser en ayant recours à des instruments et des méthodes qui sont à notre disposition.
Pour la première année du cycle, nous avions donc réuni des chercheurs lyonnais issus de différentes disciplines, pour proposer une multiplicité d’approches : ainsi la conférence de Philippe Corcuff, ancien chroniqueur à Charlie Hebdo, se voulait plus ancrée dans le témoignage, alors que les interventions des sociologues Daniel Frandji et Valérie Sala Pala sur l’école et le droit au logement rendaient compte d’un contexte national d’inégalités et de discriminations. Makram Abbès nous avait quant à lui proposé un retour sur les sources historiques et textuelles de l’islamisme, Jean Kempf et Vincent Michelot une étude comparée des notions de « liberté d’expression » et de « liberté de culte » en France et aux États-Unis, enfin Emmanuel Taïeb avait dégagé les enjeux historiques des théories du complot.
Cette année nous ferons encore appel à des chercheurs et à des chercheuses de différents horizons disciplinaires : Abdellali Hajjat proposera une intervention sur l’islamophobie et l’antisémitisme, Makram Abbès reviendra sur le problème de la guerre en Islam ; la sociologue Yasmine Bouagga et la juriste Karine Roudier aborderont respectivement les questions des radicalisations en prison et des cadres juridiques des luttes anti-terroristes. Avec Haoues Seniguer, le contexte d’analyse sera élargi pour poser la question de la violence totale de Daech ; Claude Gautier évoquera enfin la dimension affective et émotionnelle de certaines des réactions à ces événements.
Il nous a semblé plus important que jamais de maintenir l’initiative « Réfléchir après… », parce que toute réflexion ne peut s’inscrire que dans un temps continu, intégrant petit à petit les éléments qui débordent les événements en amont et en aval – dans la reconstruction nécessaire d’un contexte social qui s’enracine dans le temps long de l’histoire, et dans la réaction tout aussi nécessaire aux éléments qui chaque jour, dans l’actualité, nous y ramènent. Entre réflexion et réaction, événement et contextualisation, temps longs d’une histoire et urgences qui s’imposent à nous : c’est sur cette ligne de crête que le séminaire souhaiterait pouvoir se placer encore. Entre recherche et divulgation, discours et débat, aussi : c’est ainsi qu’il sera à nouveau demandé aux chercheurs qui interviennent d’exprimer leurs analyses avec clarté et simplicité, et qu’une heure de discussion sera ménagée après chaque intervention.
Les conférences se déroulent le mardi de 18h à 20h dans l’amphithéâtre de l’Université de Lyon.