AFP 25 Juin 2009 : Des capteurs pour pister les maladies nosocomiales dans un hôpital du Pas-de-Calais – Papier d angle, Prev

Par Christine COURCOL

PARIS, 25 juin 2009 (AFP) – Des équipes de chercheurs ont entamé dans un hôpital de Berck-sur Mer (Pas-de-Calais) une expérience unique au monde visant à étudier avec des “capteurs de contacts” les modes de propagation de bactéries responsables d’infections nosocomiales.
Les maladies nosocomiales, contractées dans un établissement de soins, touchent en France plusieurs centaines de milliers de personnes par an.
L’expérience – baptisée I-Bird (Individual based investigation of resistance dissemination) – veut établir pourquoi certaines bactéries – staphylocoques dorés résistant à la méticilline, et entérobactéries résistant à la céphalosporine – arrivent plus facilement et plus rapidement à se transmettre que d’autres à des personnes étant à l’hôpital.
Ces bactéries, qui représentent la majorité de celles impliquées dans les maladies nosocomiales, sont “les plus difficiles à traiter”, explique à l’AFP Didier Guillemot (Inserm/Institut Pasteur/Université de Versailles), médecin épidémiologiste responsable de la recherche. Elles sont à l’origine de septicémies, pneumonies graves, méningites…
L’expérience va être menée pendant six mois sur le site de l’hôpital maritime de Berck-sur-mer (Pas-de-Calais), un établissement de rééducation dont les patients, qui restent deux mois en moyenne, proviennent généralement de services de soins intensifs.
Ils ont plus de risques d’être porteurs de bactéries résistantes aux antibiotiques du fait de leur hospitalisation prolongée, des procédures chirurgicales auxquelles ils ont été soumis et de leur exposition multiple aux antibiotiques.
L’ensemble du personnel et des patients (plus de 90% ont accepté, selon le Dr Guillemot), soit quelque 800 personnes, sont depuis le 15 mai équipés de capteurs électroniques permettant aux chercheurs de suivre les interactions entre les uns et les autres.
Didier Guillemot souligne que cette expérience n’a pu voir le jour que grâce à une “réunion de compétences” : recherche épidémiologique, nouvelles technologies, spécialistes en modélisation des maladies infectieuses de l’Inserm – et le personnel de l’hôpital.
Les “capteurs de contacts”, mis au point par une équipe de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) dirigée par Eric Fleury, mesureront aussi bien la date du contact que son intensité (distance et durée). Il s’agit de petits appareil émetteurs/récepteurs, que l’on peut porter au poignet, au bras ou à la cheville, en pendentif ou dans une poche.
Ces boîtiers, “sortes de tamagotchis, (…) sont équipés d’un dispositif composé d’une montre, d’un contrôleur, d’un circuit radio et d’une mémoire électronique”, explique Didier Guillemot. Selon l’Inria, ils envoient régulièrement un message par onde radio de très faible puissance, qui est reçu par tout capteur à proximité. Le message s’enregistre au niveau de la mémoire flash.
Parallèlement, des prélèvements seront effectués pour établir si malades et personnel sont porteurs de staphylocoques dorés (dans les narines) ou d’entérobactéries (dans le tube digestif). Les prélèvements seront mis en culture et la sensibilité aux antibiotiques des espèces bactériennes sera évaluée. Les chercheurs relèveront aussi la consommation antibiotique des participants à l’étude.
Ils espèrent ainsi pouvoir estimer la part relative de l’exposition aux antibiotiques et des contacts humains dans la propagation des infections nosocomiales.
La publication des résultats de la recherche est prévue pour fin 2010/début 2011.
chc/mpf/bg

SANTÉ-MALADIES-PRÉVENTION – 25/06/2009 11h35 GMT – AFP

Service : Monde (FRS)