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Ressources > Les œuvres > Beethoven > Messe en ut et fantaisie
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(Chœur ENS Lyon)
Décrire Beethoven et deux de ses œuvres en quelques lignes est une gageure, mais cette présentation est indispensable pour découvrir ce personnage à la charnière entre musiques classique et romantique, cet homme qui a vécu pour l'amour et le destin, qui est entré dans l'histoire de l'humanité avec sa 9e symphonie dont le thème de l'ode à la joie sera repris comme hymne européen, sublime reconnaissance posthume pour un musicien mal reconnu de son vivant. Beethoven aura aimé ses proches par-dessus tout, il aura eu quelques amis fidèles et beaucoup d'amies, et plus car affinités.
Sa famille est originaire d'Anvers. La particule de son nom, van Beethoven, n'est pas dans cette région, un critère de noblesse. Son grand père paternel Louis s'installe à Bonn où il vivra avec sa grand-mère grande alcoolique Maria-Josepha. Son Père Johann, alcoolique lui aussi, sera musicien à la cours de l'Electeur de Cologne. A l'annonce de sa mort, on dira : « une perte pour les recettes sur les taxes de spiritueux ». Sa mère Maria-Magdalena vivra suffisamment longtemps (jusqu'à ce que Beethoven ait 17 ans) pour avoir sept enfants, malgré sa tuberculose. Le premier meurt en bas age, le second, c'est Ludwig, le troisième Kaspar aura un fils, Karl, élevé par Ludwig à partir de l'age de 10 ans, Nicolas qui survivra à Ludwig et trois autres enfants qui mourront jeunes.
Toute sa vie durant, Beethoven souffrira de sa santé. Son hérédité est lourde, père et grand-mère alcoolique, mère tuberculeuse. Sa vie et son travail seront rythmés par des soins, des séjours en ville d'eaux, des périodes de maladie. Sa surdité sera une séquelle d'une maladie attrapée à 17 ans. Elle se développera lentement et sera totale vers l'age de 40 ans. Il pourra cependant continuer d'écrire de la musique, dont ses plus grandes œuvres, la Sonate opus 106, la Missa Solemnis, la 9e Symphonie, ses derniers quatuors. A 43 ans, une grave complication d'une ancienne syphilis qu'il pense incurable lui donnera des pensées de suicide. A 45 ans, il est à nouveau très malade. Il est en procès contre la veuve de son frère pour obtenir la garde de son neveu Karl et ces préoccupations se reportent sur sa santé. Ses problèmes pulmonaires s'aggravent. L'année suivante, Beethoven est encore plus malade qu'auparavant avec un cathare qui le suivra pendant 10 mois. A 46 ans, il cumule une pneumonie et une cirrhose du foie qui lentement le conduiront à son dernier souffle.
Beethoven ne sera jamais au cœur d'un réseau de musiciens comme a pu l'être Haendel, ou le sera Liszt. Il a pris quelques leçons de piano avec Mozart à 17 ans. Il sera, avec peu de profit l'élève de Haydn à 23 ans. Il auditionnera Liszt âgé alors de 11 ans. Un de ses rares élèves sera Karl Cerny que les pianistes connaissent pour ses études. Mal introduit dans le monde musical, Beethoven souffrira d'une faible diffusion de sa musique. Il sera un admirateur de Bach, de Mozart et surtout de Haendel dont il dira : « allez donc avoir autant d'effet avec aussi peu de moyens ».
Son père tentera de le montrer comme pianiste prodige à Cologne à 8 ans ou à Rotterdam à 11. Ludwig s'installera à Vienne à 22 ans (mort de Mozart) où il vivra toute sa vie à part des déplacements pour ses soins ou chez des amis. A 26 ans, il fera des tournées comme pianiste : Prague, Nuremberg, Dresde, Leipzig, Berlin, Presbourg, Budapest. Il songera quitter Vienne pour Londres où sa musique est régulièrement acclamée, mais sa santé fragile lui fera toujours reporter ce voyage. Il songera aussi à s'installer dans la toute nouvelle cours de Jérôme, Frère de Napoléon 1er et nouveau roi de Westphalie. Vienne saura le retenir in extremis.
«En 1796 (il a 25 ans), Beethoven rentra chez lui tout en sueur pendant une chaude journée d'été, ouvrit portes et fenêtres, se déshabilla complètement jusqu'à la ceinture, et se mit à la fenêtre dans le courant d'air, pour se rafraîchir. La suite en fut une maladie grave, qui se porta pendant la convalescence sur les organes de l'ouïe et à partir de cette époque, aboutit peu à peu à la surdité» ? Fischhoff. Beethoven n'a jamais pu entendre ses plus grandes œuvres autrement qu'intérieurement. Un musicien sourd, quel destin ! Ses proches s'adresseront à Beethoven par écrit par l'intermédiaire de cahiers de conversation. Il en reste 130 sur 400, qui témoignent de ce qui a été dit à Beethoven.
Beethoven a applaudi la révolution française et son général, exportateur des idées révolutionnaires. Quand Louis Capet est guillotiné, Beethoven a 22 ans. L'année suivante, l'armée révolutionnaire occupe Coblence, Bonn et Cologne. La Pologne est partagée en 1795 et la campagne d'Italie s'ouvre en 96. La paix de Campo-Formio entre la France et l'Autriche est signée en 97. Bientôt la révolution enfante d'un Empereur et Napoléon n'est plus le héros de Beethoven. La paix en Europe s'établit en 1802 mais la guerre entre la France et l'Angleterre couve. Trafalgar. Puis Napoléon occupe Vienne ou réside Beethoven dont les oreilles malades souffrent de la canonnade incessante. Les privations de liberté, les pillages, la cours Autrichienne en disgrâce ne facilitent pas les affaires des artistes. L'armée se retire bientôt et les campagnes se succèdent. En 1819, Matternich promulgue les ordonnances de Karlsbad qui mettent l'Allemagne (dont Vienne) sous le joug d'une dictature policière. Les rapports de la police secrète sur Beethoven se multiplient, à cause de ses idéaux révolutionnaires. Il ne sera jamais inquiété par une police qui ne veut pas mouiller l'archiduc Rodolphe, élève pianiste de Beethoven.
C'est une commande du Prince Esterhazy (l'ex-employeur de Haydn). La messe sera écrite en 1807 et jouée le 13 décembre. Suite à une brouille, la dédicace de l'œuvre passera du Prince Esterhazy au Prince Kinsky lors de sa publication en 1812 chez Breitkopf. Entre les deux Princes, Beethoven avait songé donner sa dédicace à Bettina Brentano, une belle jeune femme qui l'a fait rêver en tant que femme (il y a peut-être eu plus que du rêve), mais surtout par ses vains efforts pour mettre Beethoven dans les bonnes grâces de Goethe pour lesquels l'estime n'était pas réciproque.
Cette messe opus 86 est entièrement construite sur un thème unique qu'on entend dès la première phrase du Kyrie, repris exactement pour le Dona nobis. La messe se démarque par l'absence de fugue, bien que certains départs, en particulier dans le Sanctus, laissent penser qu'il va s'en produire une.
La messe en ut sera créée lors d'un concert d'adieu à Vienne. Beethoven projette de quitter la ville qui ne reconnaît pas son génie, cette ville qui ne le nourrit pas. Ce jeudi 22 décembre, il produit en grande première, un hymne de la messe en ut et le Sanctus, le 4e concerto pour piano, la symphonie en ut mineur, la fantaisie pour piano seul et la fantaisie pour piano orchestre et chœur ! Avec le compositeur au piano. Le succès était au rendez-vous bien que des tentatives de sabotage du concert fussent tentées. Beethoven ne fera qu'une deuxième messe, en ré, l'immense Missa Solemnis écrite à la fin de sa vie.
Une fantaisie est un style libre, sans contrainte de structure et dans ce cas, elle commence par du piano solo, puis entrent l'orchestre, les solistes et, in fine, le chœur, sur un « thème et variations ». Le thème qui émerge progressivement dans l'œuvre est celui de l'ode à la joie, déjà utilisé par Beethoven pour un lieder sur un poème de Bürger (Amour partagé) en 1795, à 24 ans ; on retrouve ce thème dans une esquisse de 1810 sur un poème de Goethe ; le thème est réutilisé pour la fantaisie, et il sera repris à peine modifié dans le final de la 9e symphonie. Dans tous les cas, Beethoven a réservé ce thème à de la musique vocale pour exprimer la conquête du bonheur dans la tendresse de l'amour conjugal ou de la fraternité. Il est possible que ce thème provienne du folklore.
Chœur de l'École normale supérieure de Lyon
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