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Covid par les chiffres

Contributeurs : S. Pantalacci

La covid par les chiffres dans un lycée professionnel lyonnais

Petit retour sur la rentrée 2020, au lycée professionnel La Martinière Diderot: il faut faire appliquer les gestes barrières à des adolescents, sans que le sens et la justification de ces gestes ne leur ait été véritablement expliqués. Pas plus qu’aux professeurs, dont une partie remet en doute la pertinence… Pourtant les lycées, lieu d’éducation nationale, ne seraient-ils pas un canal formidable pour toucher la population générale et la rendre actrice de l’épidémie, pleinement consciente de sa responsabilité, plutôt que d’en subir les contraintes, noyée dans un flot d’informations parfois terriblement contradictoires? Face à ce constat, Julien Richard, professeur au lycée Diderot recherche un intervenant.

La même rentrée, petit déjeuner avec Inter dans ma cuisine : je suis le redémarrage de l’épidémie dans le Rhône en mettant à jour mes graphiques établis sur les chiffres de Santé France, j’attends les fermetures de classe et le prochain confinement… et je ne fais rien dans tout ça… rien à part bouillir tous les matins en entendant tout et son contraire, des arguments lancés à tort comme à raison ! Je ne suis pas virologiste, pas épidémiologiste, pas immunologiste… mais pourquoi pas moi ? Je suis biologiste moléculaire et cellulaire, je passe mes journées à quantifier des phénomènes temporels, je sais décoder de la science en train de se faire…  Oui, après tout - tout sauf bouillir avec ma radio.

Un certain temps… certain avant de se décider, trouver des dates, travailler… beaucoup (je ne suis pas…): une intervention en direction des professeurs, donnée le 1er avril, et une série de 4 interventions pour les élèves, finalement données en mai pour cause lycée fermé en avril par la troisième vague. Des interventions pour donner des informations essentielles, avec des chiffres, des chiffres pour sentir, se représenter, comprendre, décoder.

Extraits :

  • Le virus ? 100x plus petit que le plus petit grain de poussière visible dans un rayon de lumière… est-ce bien étonnant qu’il reste en suspension dans un air confiné ?
  • La maladie ? 2-3 jours après contamination, la charge virale dans le nez est déjà à son maximum, alors que les premiers symptômes (discrets) ne s’observent pas avant 5 jours… résultat : Une personne sur deux contaminée l’est par une personne dans cette phase précédant les symptômes … alors le « ça va… j’ suis pas malade », je l’oublie et j’adopte le « je suis peut-être contaminant »! Au 12/05/2021, « seulement » 750 morts en France chez les 40-49 ans, mais 28.295 hospitalisations… La covid, une gripette qui ne touche que les vieux, j’oublie aussi !
  • L’épidémie ? une épidémie suit une croissance exponentielle… mais l’exponentielle, ça ne parle pas bien à notre cerveau fait pour les augmentations linéaires… alors petite log-transformation des chiffres du Rhône en novembre, et hop, c’est magique on peut se faire une idée grossière : en partant de 30 admissions par jour en réanimation dans le Rhône au moment du confinement de novembre 2021, on arriverait à 60 admissions par jour deux semaines plus tard, et plusieurs centaines par jour un mois et demi plus tard= de quoi remplir les lits de réanimation en 2-3 jours… Ce n’est plus une question de saturation mais d’explosion du système de santé... et c’est ainsi qu’un virus et son exponentielle couchent le monde devant eux…
  • La transmission aérienne ? 45/60 personnes positives à l’issue d’une répétition de chant choral, avec distance de sécurité et gel hydroalcolique… L’utilité du port du masque ? réduire le nombre mais aussi la gravité de l’infection, comme prouvé chez des hamsters masqués ! Ou encore: réduction de moitié des infections dans les villes allemandes masquées par rapport à leur voisine non masquées.
  • Les tests, mais lequel et utilisé comment, quand 24h suffisent pour passer de négatif à positif et contagieux ?
  • Les vaccins : une balance bénéfice-risque inédite : une innocuité à court terme extrêmement bien évaluée et excellente face aux risques individuels encourus (selon l’âge) et à un risque collectif sociétal (conséquences multiples des mesures pourtant incontournables pour stopper les vagues avant l’explosion)
  • Et pour finir, comprendre la science en train de se faire, ou comment on est passé de blanc (l’astra-zeneca, pas pour les personnes âgées) à noir (l’astra zeneca seulement pour les personnes âgées). Tout s’éclaire avec l’accès à de vraies informations scientifiques : c’est à dire, précises, datées et chiffrées.

 

Bilan ? Il y a ceux qui ont bondit de leur chaise au dernier mot du powerpoint, ceux qui sont restés, masque plus ou moins bien ajusté, jusqu’à la fin de l’heure prévue... mais aussi ceux qui ne partaient plus de la salle, et ceux qui sont revenus pour une seconde dose à l’intervention suivante ! Au final une expérience passionnante de vulgarisation scientifique, façon LBMC # biologie quantitative, dont j’espère qu’elle sera bientôt en ligne sur le site de l’équipe cigogne.