Des papillons en apesanteur
Une équipe du laboratoire en collaboration avec l’Université de Groningen, aux Pays Bas, effectue actuellement une campagne de vols paraboliques à bord de l’A310 Zero G de Novespace, filiale du CNES. Ces vols permettent de simuler les conditions de pesanteur rencontrées dans l’espace, au cours de chacune des 91 paraboles d’un vol. Lors de chaque parabole, les conditions sont similaires à celles rencontrées, par exemple, dans la station spatiale internationale, pendant une durée de 22 secondes. Le projet a été initié par Ariane Gayout, actuellement post-doctorante à l’Université de Groningen, lors de sa thèse au Laboratoire de Physique, et est actuellement poursuivi par François Schweitzer, doctorant au Laboratoire de Physique, sous la direction de Nicolas Plihon et Mickaël Bourgoin. L’objectif du projet de recherche est de quantifier les modifications du vol des papillons en micro-pesanteur. En effet, lors de ces phases de micro-pesanteur, les papillons n’ont plus besoin de soutenir leur propre poids pour voler et peuvent dédier toute leur énergie motrice à la propulsion. La question est donc d'identifier si, dans ces conditions, les papillons développent de nouvelles stratégies de battement d’aile pour se déplacer. Les chercheurs ont imaginé une enceinte de vol pour les papillons adaptée aux contraintes de l'avion Zero-G, équipée d’un nouveau type de caméras, les caméras événementielles. Ces caméras permettent à la fois de capturer les événements rapides comme le battement des ailes, mais aussi d’enregistrer les images pendant de longues durées. L’expertise technique de Denis Le Tourneau au Service d’Ingénierie Mécanique a permis de développer rapidement un ensemble de solutions techniques répondant aux contraintes spécifiques des vols paraboliques (tenue mécanique renforcée, capacité du dispositif à fonctionner en apensateur). L’équipe a déjà obtenu des résultats remarquables lors de la campagne de vols paraboliques d’Avril 2025. Ils ont observé, pour la première fois, que les papillons parviennent à s’adapter à des conditions de pesanteur modifiées, et ont mis en évidence une modification de la fréquence et du motif de battement des ailes. La campagne actuelle de vols paraboliques permettra de consolider ces résultats préliminaires.