Aujourd’hui, seulement 28% des chercheurs sont des femmes et seulement 3% des Prix Nobels scientifiques leur ont été attribués. C’est la raison pour laquelle une attention particulière doit être accordée à la place des femmes dans la Science.
Pour tordre le cou aux préjugés et inspirer des vocations chez les jeunes filles, la Fondation L’Oréal, en partenariat avec l’Académie des sciences et la Commission nationale française pour l’UNESCO, s’engage depuis 10 ans à travers son programme de Bourses L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science.
Ces bourses sont attribuées chaque année à 30 doctorantes et post-doctorantes afin de les accompagner dans la suite de leur carrière, soutenir leurs travaux de recherche et leur donner la visibilité qu’elles méritent.
Le programme international L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science, créé en 1998 et présent dans plus de 48 pays. Le Jury, présidé par le Professeur Sébastien Candel, Président de l’Académie des sciences, a sélectionné parmi plus de 1 000 candidates, 20 doctorantes et 10 post-doctorantes, dans divers domaines scientifiques. Toutes ont en commun l’excellence de leurs projets, et la volonté de partager leur passion auprès du plus grand nombre.
Delphine Geyer – étudiante en 2e année de thèse au laboratoire de physique à l'ENS de Lyon sous la direction de Denis Bartolo – est l’une des lauréates 2018. Membre de l'équipe Matière et Complexité, ses travaux de recherche portent sur les "Phases denses et ondes acoustiques de la matière active".
Des mouvements collectifs impressionnants sont observés à toutes les échelles du vivant chez les animaux qui s’organisent et se déplacent en très grand nombre de manière cohérente (colonies bactériennes, nuées d’oiseaux, foules humaines...). Comment peuvent-ils émerger alors qu’aucun moyen de communication efficace n’existe entre les individus sur des échelles si étendues ? Pour y répondre, la matière active, domaine de recherche émergent depuis 1995, se propose d’utiliser les outils du physicien. En s’appuyant sur des principes physiques généraux (loi de conservation, théories hydrodynamiques...), elle vise à comprendre l’organisation collective du vivant, mais aussi à concevoir de nouveaux matériaux actifs à partir de particules synthétiques présentant des propriétés d’organisation collective à l’échelle macroscopique.
Au cours de sa thèse, Delphine Geyer a conçu un de ces nouveaux matériaux actifs. Elle a ensuite démontré expérimentalement que deux types de sons peuvent se propager dans ces assemblées de particules auto-propulsées, fournissant ainsi la première vérification expérimentale d’un résultat resté théorique pendant plus de vingt ans. Enfin, en écoutant ces ondes sonores elle a développé une méthode quantitative générique pour atteindre une description hydrodynamique complète de la dynamique de groupe de tous types d’individus. Elle peut alors non seulement décrire les mouvements collectifs macroscopiques des liquides actifs synthétiques mais aussi des nuées d’oiseaux ou des foules humaines.
Delphine Geyer : "Pour moi cette bourse représente d'abord un énorme tremplin pour le début de ma carrière et surtout mes dernières années de thèse. Ensuite c'est un honneur pour moi d'avoir obtenu cette bourse "pour les femme et la science" car la féminisation des domaines scientifiques est un domaine qui me tient énormément à cœur. Avec les autres lauréates nous interviendrons dans des lycées pour donner une image positive des femmes dans la science, c'est pour moi une grande opportunité d'être actrice pour faire bouger les choses.
Pour le moment mon plan A après la thèse serait d'enseigner dans le supérieur. Mais comme la recherche est un domaine passionnant je me laisse ma dernière année pour vraiment me décider."
Une ancienne étudiante de l’ENS de Lyon également lauréate
Camille Scalliet, ancienne étudiante de physique (Master Science de la matière) à l’ENS de Lyon, est également lauréate d’une bourse L’Oréal-Unesco.
Elle poursuit actuellement ses recherches dans le cadre d’une thèse - Étude théorique de la transition de Gardner dans des verres modèles – sous la direction de Ludovic Berthier et de Francesco Zamponi à l’Université de Montpellier.
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