Le 10 février 2025, Romain GARCIER soutiendra son mémoire de HDR intitulé "Le métabolisme des sociétés : matières, énergies, déchets".
Résumé du mémoire
Alors que la crise de l’habitabilité planétaire est une réalité désastreuse, nous ne parvenons pas à faire évoluer notre grammaire conceptuelle pour en parler. La nature, y compris sous ses atours « d’environnement », reste omniprésente. Dans cet essai, je propose de substituer au vocabulaire de la nature le vocabulaire du métabolisme, en postulant que les problèmes que nous connaissons ne proviennent pas d’un rapport vicié à la nature, mais de l’usage des choses par les sociétés humaines. Ce travail original capitalise sur des recherches antérieures (géographie historique de la pollution industrielle de l’eau, déchets radioactifs, recyclage des éléments terres rares, vie sociale des matériaux de construction). Il propose également une lecture du philosophe et mathématicien Alfred North Whitehead, qui a profondément renouvelé notre compréhension de la matière et du changement en montrant comment la réalité est toujours composée : le changement est un processus de composition et de décomposition.
En situant la source des problèmes actuels dans la consommation de matières, d’énergie et la production de déchets (c’est-à-dire, la métabolisation du monde), le mémoire inédit appelle à déplacer l’attention vers les relations qu’entretiennent les sociétés au monde matériel et à la matérialité. Il soutient que le métabolisme contemporain n’est pas une métaphore mais un processus réel. Le métabolisme en question n’est ni celui des corps, ni celui des collectifs humains, mais celui de la technosphère, c’est-à-dire du système infrastructurel qu’ont développé les sociétés technologiques capitalistes pour organiser leur relation au monde.
Le mémoire est organisé en deux moments. D’une part, Romain Garcier revient sur la généalogie du concept de métabolisme, en analysant sa trajectoire à travers les sciences médicales, biologiques, écologiques puis dans les sciences sociales à partir du 19e siècle. D’autre part, il montre comment une conceptualisation du métabolisme social attentive aux questions d’information et de droit permet d’éclairer des faits et des évènements métaboliques complexes : le métabolisme social ne se réduit pas à l’histoire ou à la comptabilisation de la matière, il repose sur des dispositifs d’information, de qualification et de prescription qui permettent l’organisation et la prise en charge des flux et circulations matérielles. Un exemple inédit en est donné à propos des déchets nucléaires, qui ont constitué le cœur de ma recherche depuis une dizaine d’années.
Par ce travail, Romain Garcier souhaite montrer comment l’approche métabolique constitue une entrée analytique puissante et contemporaine en géographie. Elle renouvelle la compréhension des changements et des transitions et constitue la base de recherches à venir sur la matérialité des sociétés en transition.
Devant un jury composé de :
- Madame Sabine BARLES
- Monsieur Xavier ARNAULD DE SARTRE
- Monsieur Patrice MELÉ
- Madame Natacha GONDRAN
- Monsieur Michel LUSSAULT
- Madame Myra HIRD
Gratuit
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