Rémy Madinier est directeur de recherche au CNRS. Historien, spécialiste de l’histoire religieuse contemporaine en Indonésie, il évolue au sein de l’Institut d’Asie orientale (IAO) à l’ENS de Lyon. Il publie : La java des Jésuites : Une autre histoire des relations islamo-chrétiennes - XIXe-XXIe siècles.
La Java des Jésuites : Une autre histoire des relations islamo-chrétiennes – XIXe-XXIe siècles
Rémy Madinier
Éditions du Cerf
À travers cet ouvrage richement illustré et documenté grâce à de nombreuses photographies et cartes explicatives, Rémy Madinier propose aux connaisseurs et aux non-spécialistes de découvrir pas à pas l’histoire de l'Indonésie des XIXe et XXe siècles. Il y souligne ainsi la particularité de ce pays qui, « tout en abritant la plus grande communauté musulmane du monde, est le seul pays d’Islam à avoir connu, au XXe siècle, sous l'impulsion des jésuites, un important mouvement de christianisation », devenant alors un « carrefour de religions et de spiritualité » et « un paysage religieux unique au monde ». Un livre d’histoire rempli d’action et de personnages hauts en couleurs qui peut se lire comme un roman d’aventures.
Découvrez ici un court extrait de l’ouvrage : « Au premier abord, l’affaire a tout d’une épopée qui aurait quitté les chemins rectilignes de l’histoire pieuse. Voyons plutôt : à l’orée du XXe siècle, un jésuite, Franciscus van Lith, sauvé in extremis de la disgrâce par un registre de baptême truqué, officialise des divorces, tolère la circoncision et encourage des cérémonies lors desquelles des esprits sont invoqués. Élevé au rang "d’apôtre de Java", sa mémoire est convoquée, trente ans plus tard, par le futur président Soekarno, père du nationalisme indonésien, lors de son procès pour rébellion à l’ordre colonial. En 1947, en pleine guerre d’indépendance, un autre jésuite, Mgr Soegijopranoto, vicaire apostolique de Semarang et élève du précédent, abandonne son siège épiscopal pour rejoindre les territoires de la jeune république indonésienne, assiégée par l’ancienne puissance coloniale. Quelques années après, en 1954, un troisième membre de la Compagnie, John Dijkstra, fonde un puissant mouvement syndical qui rassemble, à son apogée, plusieurs millions de membres. »
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