Jessika Consuegra, Stella Bitchebe, Daphné Lemasquerier, Anaïs Abramian et Morgane Boulch font partie des 35 Jeunes Talents du Prix 2021 L'Oréal - Unesco pour les femmes et la science.
Cette année, 21 doctorantes et 14 post-doctorantes ont été sélectionnées en France parmi 740 candidatures par un jury d’excellence composé de 28 chercheurs de l’Académie des sciences.
Jessika Consuegra
Jessika Consuegra grandit en Colombie au sein d’une famille ouvrière. Elle commence ses études dans sa ville natale de Cali, à l’Universidad del Valle. Après sa licence en biologie médicale, elle obtient par deux fois consécutives une « bourse à l’excellence académique pour jeunes chercheurs ». Durant deux ans, elle étudie le rôle du microbiote oral dans des maladies telles que l’hypertension.
Pour son master en innovation biopharmaceutique, Jessika Consuegra rejoint le Brésil et intègre l’Université Fédérale du Minas Gerais. Elle y développe une composition antimicrobienne pour le traitement des infections parodontales qui permet de réduire l’utilisation d’antibiotiques classiques et donc d’éviter l’émergence de la résistance aux antibiotiques chez les bactéries.
En 2012, la chercheuse arrive en France pour un deuxième master à l’Université Grenoble-Alpes. Une bourse du ministère de l’Enseignement supérieur lui permet d’entamer son doctorat. En utilisant un ensemble d’expériences d’évolution in vivo et par ordinateur, elle a pu caractériser les mécanismes écologiques, physiologiques et moléculaires sous- tendant l’émergence et la coexistence des deux lignées bactériennes. Ces lignées, qui ont émergé d’un ancêtre commun, coexistent depuis près de 60 000 générations.
Actuellement post-doctorante à l’Institut de Génomique Fonctionnelle de Lyon (IGFL | ENS de Lyon / CNRS / INRAE / Lyon 1), Jessika Consuegra concentre ses recherches sur la fonction du microbiote intestinal. Elle entend déterminer comment les bactéries façonnent les besoins nutritionnels de leur hôte. Ces travaux seront essentiels pour concevoir de nouvelles thérapies pré, pro et post symbiotiques visant à atténuer l’impact de la malnutrition chez l’homme et à améliorer la santé animale en général.
Maman de deux filles, Jessika Consuegra déplore « l’absence de politiques publiques pour réduire l’impact de la maternité sur l’activité professionnelle des femmes ». Confrontée à la difficulté de concilier carrière et maternité, la chercheuse regrette que cet aspect ne soit pas mieux considéré, lors des recrutements dans le secteur public et privé. Elle célèbre cependant les avantages d’un métier qui la pousse à se dépasser elle-même : « Ce qui me plaît dans mon métier : la liberté. La liberté de remettre en question, de critiquer, d’innover, d’explorer, d’échouer et de recommencer. »
* Extrait du dossier de presse Prix Jeunes talents France
Stella Bitchebe
Stella Bitchebe est née et a grandi au Cameroun, où elle réalise l’intégralité de sa scolarité jusqu’en 2018. Cette année-là, elle obtient un diplôme d’ingénieure en informatique à l’École Nationale Polytechnique de sa ville natale de Yaoundé, dont elle finit majore de promotion.
Aînée d’une famille de cinq filles, elle défend avec ferveur la place des femmes dans le milieu scientifique. Diplôme en poche, elle poursuit ses études en France (Toulouse, Sophia-Antipolis puis Lyon) où, bien que passionnée de livres de mathématiques, elle se spécialise dans l’informatique et plus précisément la virtualisation. Ses recherches visent à améliorer les processeurs des ordinateurs dans les environnements virtualisés pour augmenter leur sécurité et accroître leurs performances.
Concrètement, son travail devrait permettre de réduire la consommation électrique des serveurs dans les clouds de plus en plus nombreux dans le monde et particulièrement énergivores, minimisant ainsi leur empreinte carbone. À l’heure du tout- numérique et des multiplications d’attaques informatiques, son projet vise également à améliorer les performances et renforcer la sécurité des serveurs de données.
Avec son directeur de thèse, au Laboratoire de l'informatique du parallélisme (LIP | ENS de Lyon / CNRS / Inria / Lyon 1), Stella Bitchebe a obtenu en 2021 le premier prix du Concours Inria d’Idées Innovantes grâce à leur projet KIWI, une application qui lui tient très à cœur car elle permettrait aux personnes malvoyantes d’accéder à toutes les informations dans les transports en commun par un système d’annonce vocale. « Améliorer et faciliter toujours plus les conditions de vie des gens » est pour elle un objectif de vie et la raison d’être de la science.
* Extrait du dossier de presse Prix Jeunes talents France
Morgane Boulch (promotion 2016)
Pour Morgane Boulch, « le choix d’une carrière scientifique a toujours été une évidence ». Encore fallait-il se décider sur le choix d’une discipline : plus jeune, son cœur balance entre les mathématiques, la physique-chimie et la biologie. Cette dernière gagne ses faveurs grâce à la découverte de la génétique au collège, puis de l’immunologie au lycée.
Native de Roanne, Morgane Boulch rejoint l’École normale supérieure de Lyon en 2016. Durant son cursus, elle se spécialise en immunologie et effectue un semestre à l’Université de Cambridge pendant son master de recherche.
Fascinée par la dynamique des processus biologiques et notamment la migration cellulaire, elle se spécialise en imagerie intra-vitale : cette technique de microscopie non-invasive permet de visualiser in situ des phénomènes à l’échelle de la cellule directement sur le tissu vivant d’un animal endormi.
Aujourd’hui en deuxième année de doctorat à l’Institut Pasteur, la chercheuse travaille sur l’immunothérapie antitumorale, soit l’idée de « rééduquer » le système immunitaire d’un patient atteint du cancer. Grâce à des techniques d’imagerie innovantes, elle observe comment des cellules immunitaires reprogrammées génétiquement interagissent avec des cellules cancéreuses, en direct sur des modèles précliniques.
Très attachée au « partage intergénérationnel », Morgane Boulch souhaite promouvoir la science auprès des plus jeunes. Un désir de transmission qui se concrétise en 2018, quand elle initie des élèves de primaire à la recherche scientifique durant un semestre. Immersion complète au laboratoire et introduction à la science pour ces jeunes élèves : pour un projet autour du microbiote, elle réalise avec eux quelques expériences. Leur enthousiasme et leur soif d’apprendre furent pour la chercheuse une belle réussite.
* Extrait du dossier de presse Prix Jeunes talents France
Daphné Lemasquerier (promotion 2014)
Native d’Auxerre, Daphné Lemasquerier passe la majeure partie de son enfance à l’île de la Réunion. L’environnement exceptionnel de ce territoire, d’une grande richesse biologique et géologique avec son volcan et ses forêts primaires, influence sa vocation et sa curiosité.
Ses études scientifiques débutent par une classe préparatoire en biologie, physique, chimie et sciences de la Terre. Admise au département de Géosciences de l’ENS de Lyon, Daphné Lemasquerier se spécialise alors dans la physique-chimie de la Terre et des autres planètes.
En licence puis en master, elle effectue des stages, dont un à Los Angeles, qui l’initient à la mécanique des fluides géophysiques. « J’ai trouvé fascinant de pouvoir modéliser par des expériences à l’échelle du laboratoire des phénomènes observés à l’échelle d’une planète », explique-t-elle, en citant par exemple les immenses tourbillons de Jupiter. Elle complète sa formation en géosciences par un master en mécanique des fluides et physique non-linéaire à Marseille. La chercheuse souligne le rôle essentiel du corps professoral tout au long de sa formation : « ambassadeur de l’attractivité des disciplines et de leurs méthodes, il est au premier plan pour éveiller l’intérêt des élèves. »
Pour sa thèse à Marseille, ses recherches s’attachent à modéliser la dynamique observée dans l’atmosphère de Jupiter à l’aide d’expériences de mécanique des fluides en rotation, de simulations numériques et de modèles théoriques. Elle s’intéresse en particulier aux vents est-ouest intenses à l’origine des bandes de Jupiter, ou encore aux grands tourbillons tels que la Grande Tache rouge. Peu avant le début de son doctorat, de précieuses informations sur cette planète géante gazeuse étaient obtenues par la mission Juno de la NASA, en orbite depuis 2016 autour de Jupiter. De quoi motiver encore plus la chercheuse, dont les travaux, à la frontière entre dynamique des fluides fondamentale et planétologie, permettent de mieux comprendre la dynamique jovienne, mais sont aussi génériques et applicables à d’autres systèmes..
* Extrait du dossier de presse Prix Jeunes talents France
Anaïs Abramian (promotion 2011)
Originaire de Lyon, Anaïs Abramian grandit au sein d’une famille d’origine arménienne. C’est en classe préparatoire qu’un professeur lui transmet sa passion pour la physique et la mécanique, notamment au travers des visites du Palais de la découverte ou de l’accélérateur de particules au CERN.
Après avoir intégré l’École normale supérieure de Lyon, Anaïs Abramian s’oriente vers la physique expérimentale. Depuis sa thèse, ses recherches portent sur la modélisation des écoulements naturels : l’eau dans une rivière, l’effondrement d’un sol ou encore le glissement lent d’un glacier. Ces systèmes naturels dépendent de paramètres géologiques, climatiques, ou encore topographiques, qui varient d’un site à l’autre.
Comme il est difficile d’isoler l’influence d’un paramètre uniquement à partir d’observations de terrain, la chercheuse mène en laboratoire des expériences dans des conditions contrôlées et simplifiées. Pour modéliser ces phénomènes, elle s’appuie sur la mécanique des fluides, la physique statistique et celle des milieux granulaires. Les systèmes étudiés impliquent en effet souvent du sable ou des galets, soit des « milieux granulaires » se comportant à la fois comme un solide et comme un fluide.
Le travail d’Anaïs Abramian, désormais en postdoctorat au sein de l’Institut Jean Le Rond d’Alembert, consiste à proposer un modèle capable de prédire ce comportement si particulier. À l’heure où les catastrophes naturelles se multiplient, l’enjeu est de taille: une meilleure compréhension de ces phénomènes naturels permettra la mise en place d’aménagements durables sur le territoire.
Anaïs Abramian œuvre donc pour ces sujets d’utilité publique qui lui tiennent à cœur. L’obtention d’un poste permanent dans la recherche n’est pour autant pas chose aisée. Heureusement, l’arrivée récente de femmes dans son laboratoire actuel, dont plusieurs qui ont été récompensées pour leurs travaux de recherche, l’encourage à poursuivre ses efforts.
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* Extrait du dossier de presse Prix Jeunes talents France
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