La première Expo-Expresso, c'est le 20 février 2025. Rendez-vous sur la mezzanine du Forum Félix Pécaut, une fois votre inscription validée (lien d'inscription à venir)
Expo-Expresso
La première Expo-Expresso, c'est le 20 février !
En parallèle des Mini Conf de la Recherche, l'ENS de Lyon propose aux personnels de l'École un café, un sujet, une exposition. Venez découvrir, autour d'un café, le projet recherche-création "Art, science et expérience", ses œuvres statiques et son exposition dans la Galerie Artemisia
Pour ce premier rendez-vous, il faut réserver sa place. Rendez vous sur la mezzanine du Forum Félix Pécaut pour découvrir en 30 minutes le travail des chercheurs et artistes autour de ce projet interdisciplinaire.
4 thématiques, 4 projets
- Douleurs et thérapies, intitulé « Là »,
- Dynamique, répétitions et rythmes, intitulé « Dynamiques »,
- Systèmes critiques, intitulé « La pensée en équations »,
- IA, intitulé « Intelligences Anesthésiées ».
La Mini Conf de Christine Détrez, retour sur "un crush avec les personnels ! "
Pour cette première Mini Conf, la salle était pleine ! L'assemblée venue écouter cette première Mini Conf était représentative de l'École, de sa diversité. Les personnels de Monod, de Descartes, les services administratifs, des personnels de la recherche… La recherche intéresse tout le monde et le succès de cette première Mini Conf vient de le prouver s'il en était besoin !
Muni d'un ticket de tombola, l'assistance s'est donc installée pour écouter Christine Détrez évoquer le crush. L'un de ses sujets de recherche donc. Un sujet inattendu pour la plupart. Après avoir fait part de sa fierté que le sujet "Ce que cachent vos crush" soit à la Une du magazine Phosphore, Christine Détrez est donc rentrée directement dans le sujet : pourquoi travailler en sociologie sur le crush ? Est-ce que les sociologues travaillent sur les émotions ? Comment lui est venue l'idée faire du crush un sujet de recherche ?
La sociologue est donc revenue sur la genèse de ce travail qui trouve sa source dans un séminaire de recherche avec ses étudiantes et étudiants. Crush ! Un mot qu'elle ne connaissait pas et qu'elle a identifié "comme un fil qu'il fallait tirer" au milieu des rires de son assistance étudiante puis de ses propres enfants. Et la sociologue de s'interroger : "s'il y a un mot comme cela qui est connu dans cette génération et que les gens de ma génération ne connaissent pas, peut-être qu'il se passe quelque chose ? "
"Un sujet de recherche, c'est comme des pièces de puzzle qui s'agencent." Elle évoque alors son intérêt pour la sociologie des émotions qui interroge "la naturalité de nos émotions". '"Est-ce que l'on ressent une émotion quand on n'a pas le mot dans son vocabulaire ou sa langue ? "
La saudade, mot portugais, est une émotion, mélange de mélancolie, de tristesse, de nostalgie et de regrets en repensant à une chose disparue. Est-ce que l'on ressent vraiment cette émotion quand on n'a pas ce mot dans sa langue ?
La sociologue cite alors Bertolt Brecht "quant on vous dit que c'est naturel, méfiez-vous".
Pour nous faire appréhender le crush, Christine Détrez évoque des anecdotes (fin 19e les filles regardent les épaules des hommes pour ne pas croiser leurs regards et être inconvenantes,) signale des ouvrages importants (livre d'une historienne sur le flirt et le baiser de cinéma : Histoire du flirt de Fabienne Casta-Rosaz) et des chansons des yéyés.
Christine Détrez présente "la situation" grâce aux images de baisers de cinéma des années 1950. En fait, le baiser est quelque chose de très récent, cela a à peine un siècle. Une phrase d'un article du démographe Hugues Lagrange résume bien ce qu'il en était :
"Jusqu'aux années 50, la grande majorité des femmes étaient pénétrées par un homme qu'elles n'avaient jamais embrasser." : on se mariait donc avec quelqu'un avec qui on n'avait pas flirté ! Et l'époque des yéyé arriva...
"La période yéyé est très importante pour ce sujet car elle a instauré le flirt comme une pratique culturelle". Il est à cette période, normal, d'aller au cinéma, d'aller en boum avec quelqu'un. Le marketing suit avec le magazine Salut les copains.
Les chansons sont des témoignages : "tous les garçons et les filles de mon âge se promènent dans la rue deux par deux…" de ce que l'on peut faire et des limites. En effet, Françoise Hardy dans une de ses chansons dit "je suis d'accord pour le cinéma et le le tchatcha … mais ne compte pas sur moi pour aller chez toi"... Le décor est posé, la chanson dit ce qui est permis et ce qui ne l'est pas. Le flirt a ses codes, pour ne pas dire son cadre ! Il est normal de flirter avec quelqu'un que l'on n'épousera pas. "Le mariage n'est pas le flirt" insiste Christine Détrez.
Et aujourd'hui ? Après le flirt, le crush ?
Christine Détrez pose ce sujet comme légitime : "si on a pu travailler sur le flirt comme une éducation sentimentale des jeunes dans les années 50-60, est-ce que moi je ne peux pas travailler sur le crush comme une éducation sentimentale des ados du 21e siècle ?" Et effectivement, on trouve ce mot de plus en plus : la sociologue le voit partout ! Effectivement, des nouvelles séries de livres, des films sur Netflix utilisent ce mot.
Définition du Crush : une attirance qui a vocation à rester cachée de la personne pour qui on l'éprouve.
Attention cachée n'est pas secret !
"Le crush ,ça fait parler, ça fait faire beaucoup de choses", dit Christine Détrez qui nous explicite aussitôt : "On invente un surnom à son crush, on enquête sur les réseaux sociaux (le fameux stalking), on passe beaucoup de temps… Le crush est genré : c'est plus une affaire de filles que de garçons. Ou plus exactement : une fille doit avoir un crush et en parler avec ses copines ; un garçon en a mais il n'en parle pas ! Encore des codes, encore un cadre."
Le fameux stalking : on enquête sur les réseaux sociaux et notamment sur Instagram, et cela prend beaucoup de temps. Il faut avoir toute une série d'informations sur la personne mais sans lui demander ! Si pendant son enquête un "like" échappe à une enquêtrice, on n'est pas loin du drame ! "On sait qu'elle est venue sur la page ! " Rires dans la salle.
Le stalking ça donne une série de mêmes ! Cela est intéressant sociologiquement car avant les réseaux sociaux, on avait 3 pôles très distincts : production, diffusion, consommation de la culture. Aujourd'hui ces 3 fonctions sont indistinctes. Cela montre comment les jeunes se socialisent à cette notion.
Pour finir, Christine Détrez évoque le travail émotionnel et évoque une sociologue américaine qui explique que les émotions sont une langue. Elle prend l'exemple de l'attitude d'un enfant lors d'un enterrement : si un enfant de 2 ans rit, on n'est pas choqué, s'il a 10 ans, on lui explique qu'il ne devrait pas faire cela. On apprend quelle émotion on doit montrer et ressentir. Le fameux "cela aurait dû être le plus beau jour de ma vie" : ce qu'il est admis de ressentir et ce qui ne l'est pas.
Christine Détrez finit par quelques exemples montrant combien cette notion de crush influe sur les émotions ou les attitudes, et cite des extraits des entretiens de son enquête sociologique : "je me suis obligée à avoir un crush" pour une fille par exemple.
L'influence des réseaux sociaux modifie même l'appréciation esthétique : un garçon trouvait une fille belle mais … il se dit en allant sur les réseaux : "tu n'es pas si belle si tu n'es pas populaire"... Quelle violence genrée derrière ces mots !
Les produits marketing, notamment les ouvrages, influencent bien sûr les jeunes filles : bientôt un livre pour les fillettes de 9 ans. Le crush reste un sujet…
… que la personne qui a gagné la tombola pourra découvrir en lisant l'ouvrage, Crush. Fragments du nouveau discours amoureux de Christine Détrez !
Pour en savoir +
Crush, le récit d'une enquête sociologique par Christine Détrez
crush. Fragments du nouveau discours amoureux
Les Mini Confs
La vice-présidence Recherche lance une série de "mini-conférences", d'une durée de 30 minutes chacune, et à destination d'un public interne à l’École. Ces mini-conférences ont pour objectif de sensibiliser le personnel de l'ENS de Lyon à la Recherche pour laquelle chacune et chacun œuvre au quotidien. Les Mini Conf alterneront entre sciences humaines et sociales et sciences exactes et expérimentales et il y aura toujours une tombola ou un café pour les expo-expressos.
Les prochains rendez-vous.
Le 20 mars, Site Monod, Mini Conf de François Roudier (vice-président Recherche, Laboratoire Reproduction et développement des plantes)
Le 22 mai, Site Descartes, Mini Conf de Maëlys Blandenet (Laboratoire HiSoMA)
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