Cette thèse étudie les accomplissements pratiques de l’intimité d’adolescent·es placé·es par un·e juge des enfants, au titre de la protection de l’enfance. Elles’appuie sur une enquête ethnographique au sein d’une maison d’enfant à caractère social, un dispositif de séjours de rupture et un service d’accueil de jour.Trois matériaux complémentaires ont été constitués, entre 2020 et 2021 : les notes méthodiques des journées et soirées d’observation ; les retranscriptionsd’entretiens formels et informels avec les adolescent·es placé·es et les adultes de l’institution qui les prennent en charge ; les écrits professionnels(transmissions au·à la juge, notes intermédiaires, évaluations cliniques, projets individualisés pour l’enfant, projets de service et d’établissement). L’approchepar théorisation ancrée met en lumière quatre dimensions de l’intimité juvénile – biographique, corporelle, relationnelle et émotionnelle – mobilisées commematière première de l’intervention institutionnelle. Celle-ci structure le quotidien de cette jeunesse placée et vient cristalliser une tension entre secret etdévoilement de soi, génératrice de pratiques, de négociations et de critiques par les enquêté·es. L’exercice d’une intimité s’en trouve contraint et affecte, infine l’accès à la reconnaissance d’une individualité propre pour ces mineur·es usager·ères d’une politique sociale par ailleurs dégradée. Le contrôleinstitutionnel de l’intimité juvénile agit alors comme un levier pour maintenir les adolescent·es dans des rapports de genre, d’âge et d’assistance dans le cadrede leur prise en charge.
Gratuit
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