Cette recherche porte sur les agents diplomatiques de Côme Ier de Médicis envoyés en France entre 1537 et 1559. Les règnes de François Ier (1515-1547) et d’Henri II (1547-1559) sont marqués par les guerres d’Italie, qui voient s’affronter Habsbourg et Valois pour l’hégémonie dans la péninsule. Dans ce contexte, après l’invasion de la cité par les troupes de Charles Quint (1530), Florence quitte sa tradition francophile pour rejoindre le camp impérial. Ce virage diplomatique accompagne une transition interne, depuis un mode de gouvernement républicain vers un régime de type monarchique, dirigé par les Médicis. Ces deux changements ont longtemps été considérés comme la raison d’une rupture absolue des relations en Florence et la France, alors même que la période correspond à celle de l’ascension française de Catherine de Médicis, cousine de Côme de Médicis.
À l’aune d’un large dépouillement des registres de la chancellerie médicéenne, mais aussi de comptes, livrets de voyages et lettres privées issues des archives familiales des agents, cette thèse rend caduque la doxa historiographique postulant cette rupture. Il s’agit ensuite de montrer comment se construit une projection extérieure dans un espace inamical et dans le contexte d’un renouvellement du personnel politique florentin. Ce travail met en avant la multiplicité des acteurs des relations internationales, loin d’une historiographie encore très centrée sur la seule figure de l’ambassadeur. Côme de Médicis emploie en effet des dizaines d’agents aux statuts variés (espions, ambassadeurs, secrétaires, banquiers ou encore consuls), disposant ainsi d’une présence quasi continue à la cour de France et auprès des représentants français en Italie. Relire aujourd’hui ce sujet classique d’histoire de la diplomatie permet de rendre toute la complexité d’un modèle social et politique qui pourrait être représentatif de la Renaissance européenne, bien au-delà des limites du grand-duché de Toscane.
Gratuit
Disciplines