Séminaire inter-laboratoires 2024-2025 : L’espace littéraire de Berlin à Vladivostok - SÉANCE 3
Programme
(Dé)confiscation de mémoire ? Les écrits de femmes des camps communistes en Yougoslavie
Intervention d'Andjela Radonjic, doctorante en études slaves
La conférence se propose d’étudier les témoignages littéraires des femmes ayant été détenues dans les camps communistes en Yougoslavie. En examinant l’étiologie, les mécanismes et les étapes de la confiscation de la mémoire carcérale des femmes yougoslaves, nous analyserons comment l’écriture s’est transformée en un moyen de récupérer cette mémoire, et comment les textes sont devenus des lieux privilégiés de sa préservation. Pour mieux appréhender ce paysage littéraire ambigu, nous soulèverons la question de l’impact de la censure et de l’autocensure dans le processus de l’étouffement des voix des femmes. En outre, dans ce contexte spécifique, l’écriture ne se limite pas à être une réponse à la carence de la trace écrite, mais elle représente également un impératif face à l’absence totale de traces matérielles des camps féminins. Ainsi, en plus de les qualifier de « passeuses de mémoire », nous accorderons à ces femmes le statut de « déconfiscatrices ».
Pour une approche féministe de la (post)mémoire. Grand-mères et petites-filles dans les œuvres d’Anilda Ibrahimi, Marica Bodrožić et Melinda Nadj Abonji
Intervention de Lola Sinoimeri, doctorante en littérature comparée
Dans son ouvrage, The Generation of Postmemory, Marianne Hirsch (Marianne Hirsch, The Generation of Postmemory: Writing and Visual Vulture After the Holocaust, New York, Columbia University Press, 2012, p. 98) invite à penser la postmémoire « en féministe » : pour ce faire, elle invite à considérer avec plus d’attention la place de la fille (au sens de daughter) dans les modalités de fabrication et de transmission de la mémoire familiale. Dans cette communication, Lola Sinoimeri propose de mettre au travail la proposition de Hirsch en analysant les relations entre grand-mères et petites-filles dans les œuvres de trois autrices contemporaines des migrations balkaniques : Anilda Ibrahimi, Melinda Nadj Abonji et Marica Bodrožić. Elle s’intéressera particulièrement aux modalités de transmission mémorielle que les grand-mères incarnent, et dont les autrices se font le relais par et dans l’écriture. Elle se penchera d’abord sur le travail de mise en récit des traumatismes familiaux et collectifs, qu'elle analysera à la lumière des théories féministes du care ; puis elle s’intéressera aux liens qui se tissent entre les morts et les vivants à travers une analyse de la figure traditionnelle de la pleureuse ainsi qu’aux transformations littéraires dont elle est l’objet.
Organisation
- Sonja Graimprey, responsable des fonds Russie et Europe Médiane (Bibliothèque Diderot de Lyon)
Intervenantes
- Andjela Radonjic, doctorante en études slaves (Eur’ORBEM – Sorbonne Université)
- Lola Sinoimeri, doctorante en littérature comparée (LEGS – Paris 8 Vincennes-Saint Denis ; Eur’ORBEM – Sorbonne Université)
Conditions d'accès
- Sur place : entrée libre. Présentez-vous à l'accueil de la bibliothèque.
- À distance : visioconférence via le logiciel Zoom
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ID de réunion : 873 5234 5239
Code secret : 024243
Gratuit
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