Journée d'étude consacrée aux périodiques de slavistique
Les historiens des sciences font remonter la naissance des périodiques savants en Europe au XVIIe siècle. Le plus ancien serait Le Journal des sçavans paru le 5 janvier 1655 « sous les auspices de Colbert » [Longnon, 1965 ; Birn, 1965 : 5-6]. Il fut suivi de près, en mars de cette même année, par Philosophical Transactions of the Royal Society of London d’Henry Oldenburg [Moxham, Fyfe, 2022].
En ce qui concerne la slavistique européenne, la revue annuelle Archiv für slavische Philologie (1876-1929) fondée à Berlin par Vatroslav Jagić, détient, d’après la notice BNF, la palme de pionnière. Cette revue arrêta son activité en 1929, mais à ce moment plusieurs autres éditions périodiques étaient déjà mises en place : en 1920 parut le premier numéro de Russia, « revue romaine entièrement vouée à la culture russe, fondée et presque intégralement rédigée par Ettore Lo Gatto » [Béghin, 2022 : 138], la revue Slavia fut créée à Prague en 1922 par Matyáš Můrko, la Zeitschrift für slavische Philologie sortit à Leipzig en 1924 sous la direction de Vasmer. La Slavonic Review, devenue en 1928 Slavonic and East European Review, fut fondée à Londres en 1922 par Bernard Pares, R. W. Seton Watson et Harold Williams. Toujours dans les années vingt, en Italie, virent le jour l’Europa orientale (1921-1943) et la Rivista di letterature slave (1926-1932) [Djuric, 2004]. Nous savons que la Revue des études slaves est née à Paris en 1921. Mais en 1917 Ernest Denis et Robert de Caix, fondateurs du mensuel Le Monde slave (1917-1938), annonçaient leurs ambitions en ces termes : « L’esprit de nos études sera rigoureusement scientifique » ; leur périodique devait donc se consacrer « à l’étude de l’Europe orientale et plus particulièrement des nations slaves » [Denis, Caix, 1917 : 3]. La périodicité de la revue était cependant irrégulière, et le contenu n’en était qu’en partie scientifique. Ernest Denis y publiait ses propres articles, ceux de Paul Boyer, Antoine Meillet, Jules Legras, Tomáš G. Masaryk, Émile Haumant, Louis Réau et autres slavistes renommés. À côté de cela, la revue réservait une grande part aux textes journalistiques (le domaine de Robert de Caix) et aux essais (cf. Bernard 2002).
À la croisée de l’évolution des sciences humaines, de la construction de la slavistique européenne, de l’histoire éditoriale et des transferts culturels, l’exploration des revues scientifiques se révèle être l’une des clefs permettant de comprendre la singularité de notre champ de recherche, ainsi les liens qui réunissent les chercheurs et définissent une entité qui peut être pensée comme une discipline.
Cette journée d’étude se propose de s’interroger sur des questions qui concernent la préhistoire et l’histoire des revues européennes de slavistique : leurs fondateurs, leur évolution, leurs mutations et objectifs passés et actuels.
Comité d'organisation
- Anastasia Aksenova
- Natalia Gamalova
- Sonja Graimprey
- Yanina Mouton
- Alexandre Stroev
Programme
Gratuit
Mots clés