L’antispécisme est un mouvement de pensée dans lequel s’inscrivent la plupart des militants de la cause animale et qui se définit par ce à quoi il s’oppose, le spécisme. Le mot « spécisme » est entré dans le Petit Robert en 2017 avec la définition suivante : « Idéologie qui postule une hiérarchie entre les espèces », et plus spécifiquement, qui conteste « la supériorité de l'être humain sur les animaux ». L’antispécisme est donc une idéologie qui, visant à la protection des animaux non-humains, s’appuie sur l’idée que la distinction entre animaux humains (les « hommes » au sens générique) et animaux non-humains doit être, sinon contestée, au moins relativisée et, en tout état de cause, ne doit pas être utilisée comme un argument justifiant l’exploitation des animaux (non-humains) par les hommes (ou « animaux humains »).
Certain(e)s militant(e)s antispécistes, dans leurs campagnes de sensibilisation, utilisent une analogie entre les abattoirs et les camps d’extermination de la seconde guerre mondiale, qui se traduit par l’emploi d’expressions comme « holocauste animal » ou « génocide animal », ou encore par des images véhiculant la même analogie. Par exemple, tout récemment, le 22 janvier 2020, une députée polonaise siégeant au Parlement européen, Sylwia Spurek, a partagé sur les réseaux sociaux un dessin qui montre des vaches marchant vers l’abattoir et portant des uniformes rayés ornés d’une étoile jaune comme ceux que les nazis imposaient aux Juifs dans les camps de concentration – ce qui n’a pas manqué de susciter des réactions contrastées, très favorables ou très défavorables. Les expressions « holocauste animal » ou « génocide animal », perçues comme choquantes par certains, sont donc défendues par beaucoup d’antispécistes comme ne faisant que décrire la réalité. Qui a raison ? Peut-on défendre l’emploi de ces expressions ou faut-il les condamner ? Servent-elles vraiment la cause qu’elles prétendent défendre ? Quelle est notre responsabilité à l’égard des mots que nous employons ? Toutes ces questions seront abordées selon un point de vue de linguiste, qui, certes, décrit ce qu’il observe dans les langues et les discours, mais dont les descriptions ne sont peut-être pas dépourvues de conséquences éthiques.
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