Actualité de l'ENS de Lyon

L’ENS de Lyon souhaite agir sur ce qui limite l’accès des femmes aux carrières scientifiques : bourses Cécile DeWitt-Morette en mathématiques et informatique, mentorat pour les doctorantes, nouveau plan Égalité, mesures de sensibilisation auprès des lycéennes. Autant d’initiatives pour lever les biais de genre dans la formation et la recherche et lutter contre la sous-représentation des femmes qui en découle. La recherche comme la société ont besoin que la science de demain soit plurielle et construite sur une réelle inclusion des femmes. 

« Notre société tout entière reste pétrie de réflexes et stéréotypes liés au genre, véhiculés par la famille, l’école, le monde associatif ou encore celui du travail. Ces réflexes et stéréotypes minorent, orientent, tendent à invisibiliser les femmes et les assigner à résidence. 

Pour reprendre les mots de la sociologue Clémence Perronnet, le problème n’est pas tant que les femmes s’autocensurent, c’est qu’elles sont censurées. Dans le domaine académique, s’ensuit également une sous-représentation très marquée des femmes dans les filières fortement mathématisées. Cette faible représentation alimente un cercle vicieux, avec ce sentiment que peuvent éprouver les femmes de ne pas être à leur place si elles s’engagent dans ce type d’études ou de carrières. Or, l’absence des femmes mine le dynamisme de la recherche et notre capacité à innover. 

Nous faisons de l’égalité entre les femmes et les hommes une priorité politique de notre établissement ». 

Emmanuel Trizac, président de l’ENS de Lyon 

Bourses Cécile DeWitt-Morette en mathématiques et informatique 

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L’ENS de Lyon lance le programme Cécile DeWitt-Morette qui permettra dès la rentrée 2025 de financer les 4 années d’études des normaliennes étudiantes, admises sur dossier, inscrites au diplôme de l’ENS de Lyon. Le montant de cette bourse est de 12000€/an et concerne les départements de mathématiques et d’informatique. 
Pourquoi ? Depuis la dernière réforme des lycées, le nombre de filles avec une doublette scientifique a fortement diminué. C’est un recul de près de 60 ans pour l’engagement des filles en sciences. Selon les statistiques du MEN, les filles réussissent mieux le Bac que les garçons. Parmi elles, si près de la moitié ont 
passé un Bac scientifique, seulement 19 % ont retenu l’option mathématiques, et ce chiffre chute encore plus pour l’informatique avec seulement 4 %. Dans le monde professionnel et de la recherche, par exemple au CNRS, les femmes représentent moins de 20 % du personnel qui se consacre à la recherche dans les disciplines comme les mathématiques ou l’informatique. À l’ENS de Lyon, les étudiantes dans ces filières représentent moins de 10 % des effectifs et cette sous-représentation s’est aggravée ces dernières années.
L’objectif est donc d’inciter des jeunes femmes à candidater sur dossier, avec la garantie si elles sont admises, de voir leur scolarité normalienne prise en charge. Les critères d’admission sont pour tous les candidats et candidates le niveau académique et la pertinence du projet individuel. Cette incitation particulière faite à destination des candidates lève le frein financier pour l’engagement dans des études longues et reconnaît la place que doivent prendre les femmes dans ces filières. La prochaine campagne de recrutements sur dossier sera ouverte en mai 2025 pour la rentrée 2025. Notre objectif est de viser un effectif de 35 % de femmes, ce seuil permettant de parler de mixité entre les femmes et les hommes.

Cécile DeWitt-Morette (1922-2017)
Physicienne et mathématicienne française. Après avoir travaillé dans le laboratoire dirigé par Irène Joliot-Curie et Frédéric Joliot, en 1948, elle rejoint l'Institute for Advanced Studies à Princeton. Tout en effectuant le reste de sa carrière aux États-Unis, elle œuvre de façon décisive à la reconstruction de la recherche en physique et de l’éducation scientifique en France au lendemain de la guerre. C’est ainsi qu’elle fonde l’École de physique des Houches en 1951, école d’été qui accueillit de nombreux futurs lauréates et lauréats de Prix Nobel, et dont elle assura la direction jusqu’en 1972. L’ENS de Lyon fait partie des cotutelles de l’École des Houches. L’engagement de Cécile DeWitt-Morette a amené ses filles à accepter de donner son nom au programme de l’ENS de Lyon.

Accompagnement des doctorantes : mentorat avec l’association Femmes & sciences

L’ENS de Lyon sera l’établissement pilote pour lancer la déclinaison en Rhône Alpes du programme national de mentorat créé par l’association Femmes & Sciences. L’objectif est de permettre un accompagnement individuel des doctorantes, afin de leur permettre de construire un projet professionnel et de carrière, avec des personnes de confiance et d’expérience. Il ne s’agit pas d’un accompagnement sur leur sujet de thèse, mais de partages d’expériences et formations permettant aux doctorantes de s’intégrer dans le milieu de la recherche avec une confiance en soi et des motivations renforcées. Les personnes mentores sont principalement des femmes mais la fonction est également ouverte aux hommes. 

Mesures en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le nouveau plan Égalité 

Le plan Égalité 2024-2026, couvre l’ensemble du parcours professionnel. Un certain nombre de mesures portent spécifiquement sur les modalités de recrutement et d’évolution des carrières des enseignantes-chercheuses. Une attention particulière est portée aux biais cognitifs et en particulier aux biais de genre auxquels les membres des différents comités de sélection seront sensibilisés. Les candidatures des enseignantes-chercheuses seront encouragées tout au long de leur carrière, avec une incitation à passer leur HDR (Habilitation à diriger des recherches) notamment et une information renforcée sur leurs droits à Congé pour recherches ou conversions thématiques. Le plan prévoit par ailleurs des actions de formation spécifiques auprès des candidates et candidats à l’HDR que délivre l’ENS de Lyon. 

Parmi les autres mesures préconisées, la mise en place d’un congé menstruel est prévue à la rentrée 2025. 

Du 11 février au 11 mars, des actions de sensibilisation sur la place des femmes en science et la prévention des violences sexistes et sexuelles, en lien avec la mission Égalité de l’ENS de Lyon et l’association Femmes & Sciences

• 14/02 : conférence « Femmes et sciences : entre passion et désamour » accueillie à la bibliothèque municipale de la Part-Dieu, avec une intervention de Florence Françon, chargée de mission Égalité.
• 19/02 : une journée de conférences et d’ateliers, dans le cadre des Assises des VSS organisées par l’Université de Lyon, sera accueillie à l’ENS de Lyon et portera sur la « prise en charge des VSS dans la recherche ».
• 24/02 : visite du laboratoire de Reproduction et Développement des Plantes (RDP) par des lycéennes dans le cadre du programme pour les filles et la science de la Fondation L’Oréal.
• 27/02 : Éditathon. Afin de lutter contre l’invisibilité des femmes de science, la mission Égalité propose un « marathon » d’édition de notices biographiques sur les chercheuses. Après un moment de formation sur les règles de Wikipédia, les participantes et participants enrichiront des biographies existantes et en créeront de nouvelles. Cette session est animée par Delphine Montagne, Wikimédienne en résidence à l’URFIST de Lyon.
• 11/03 : « Sciences un métier de femmes ». Cette journée est organisée depuis 2017 chaque année autour du 8 mars. Spécifiquement destinée aux lycéennes, elle met celles-ci en contact avec des professionnelles travaillant dans des domaines scientifiques ou technologiques, notamment en mathématiques et informatique. Clémence Perronnet, autrice de l’ouvrage paru aux éditions du CNRS : Matheuses. Les filles, l’avenir des mathématiques, donnera une conférence, destinée à leur faire prendre conscience des mécanismes et blocages qui les écartent à tort des filières scientifiques.

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