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Actualité de l'ENS de Lyon

Le service Admission et concours à l’épreuve

Personnes en situation de concours
Reportage
 

Cette année, la crise sanitaire a joué plus d’un tour aux candidats et aux organisateurs des concours. Retour sur une course de fond au rythme d’une épreuve de vitesse.

Chaque année, en juin et juillet, l’activité du service Admission et concours est suspendue à la publication des résultats d’admissibilité, à la tenue des oraux et des jurys d’admission et enfin, autour du 14 juillet, à la publication des résultats. En effet, le service d’Agnès Mazzon gère toutes les opérations du concours littéraire, l’École étant coordinatrice de la Banque d’épreuves littéraires (BEL) et en appui de Philippe Odier, chargé de mission pour les Concours Sciences auprès de la vice-présidence aux Etudes, l’organisation du second concours scientifique et d’une partie des épreuves orales des concours scientifiques. Cette année, la crise sanitaire a joué plus d’un tour aux candidats et aux organisateurs des concours. Retour sur une course de fond au rythme d’une épreuve de vitesse.

« Le 16 mars, nous étions sur le point d’envoyer les sujets de la BEL aux centres d’épreuves, les enveloppes de sujets étaient prêtes, de même que les convocations des candidats, rappelle Agnès Mazzon. Et puis tout d’un coup, tout s’arrête et on s’apprête à vivre un long mois pendant lequel tous les scénarios sont envisagés. Nous savons que tout va devoir être réorganisé mais pour quelles dates et sous quelle forme, personne n’en sait rien. Quand auront lieu les écrits ? Y aura-t-il un oral ? On a vécu le 1er mois dans l’incertitude ». Un comité stratégique concours a été installé par le MESRI pour coordonner l’ensemble des concours des Grandes écoles, parmi lesquelles certaines dépendent d’autres ministères. Finalement, le vendredi 17 avril en toute fin de journée, l’information tombe : pour les Écoles normales supérieures, les écrits auront lieu à partir du 20 juin dans un format classique et il n’y aura pas d’oral, les écrits valant épreuves d’admission. Quant à la date de la rentrée, elle n’est pas modifiée.

« C’était inenvisageable au départ de renoncer aux oraux ! Pensez à la série langues vivantes, ou aux épreuves de travaux pratiques pour les concours scientifiques, c’est tout un spectre de compétences des candidats que les jurys ne peuvent pas évaluer », fait remarquer Agnès Mazzon. Mais pour le service Admissions et concours, c’est surtout une course contre la montre qui commence. « Il faut trouver de nouveaux centres d’examen, toutes les grandes écoles étant désormais sur les mêmes dates d’épreuves, dans un contexte sanitaire où l’on ne savait pas si l’on aurait accès aux salles de classe, les lycéens étant susceptibles de reprendre les cours au même moment. Il faut reconstituer les jurys, en les élargissant à de nouveaux correcteurs au regard du temps réduit pour les corrections. Il faut refaire les enveloppes de sujets par centre d’examen, en recomptant le nombre de sujets par enveloppe et en refaçonnant les enveloppes. D’habitude, c’est l’imprimeur qui se charge de la mise sous enveloppes et de l’expédition. Là, c’est nous qui nous en chargeons. Il faut enfin construire collectivement un protocole sanitaire applicables dans les centres quels que soient les concours, avec notamment la contrainte d’une distance minimale de 1,50 mètre « nez à nez », ce qui nous oblige à réserver en moyenne 30% de salles en plus. On s’était dit qu’on serait prêt fin mai, en fait on l’a été à 48h du début des épreuves, le 17 juin. »

Au passage, Agnès Mazzon et ses collègues n’ont pas évité quelques sueurs froides : que faire quand un colis de sujets destiné à la Guyane est bloqué en Guadeloupe, à quelques jours des épreuves ? « Nous avons dû faire intervenir le Préfet et les Recteurs, ainsi que le Directeur général d’Air France, pour réussir à acheminer le précieux carton dans les temps ! Et j’ai dû également traiter en direct avec la direction générale de La Poste et de Chronopost pour débloquer quelques colis, mon carnet d’adresse s’est étoffé ! », sourit Agnès Mazzon qui a manifestement un grand talent pour faire que l’impossible devienne possible. Que les sujets n’arrivent pas à bon port n’a pas été la seule peur du service. « Après l’acheminement des sujets, c’est le tour des copies qui elles doivent faire le voyage dans l’autre sens. 27 000 copies convergent vers l’ENS de Lyon. Imaginez le risque si une seule copie est perdue… cela peut vouloir dire annuler nationalement une épreuve ». Les derniers colis de copie sont tous arrivés à bon port, ouf !

Ensuite a commencé un méticuleux travail d’anonymisation des copies : à cette étape, le service, étoffé par une équipe de 14 vacataires, veille à ce qu’aucun signe distinctif ne puisse rendre une copie identifiable. Puis les copies sont scannées avant d’être réparties par discipline entre les 350 correcteurs mobilisés. Jusqu’à l’année dernière, les copies étaient remises aux correcteurs lors de réunions organisées en présentiel à l’ENS. En fin de corrections, les correcteurs revenaient à l’ENS de Lyon pour participer aux réunions d’harmonisation et  rapportaient à cette occasion les copies. Le travail de préparation des jurys d’admissibilité pouvait alors commencer.

Mais cette année, rien ne s’est fait comme d’habitude : les déplacements et rassemblements étant proscrits, il a fallu mettre en place un accès dématérialisé aux copies sur une plateforme sécurisée. Il a fallu également mettre en place un système de visiosconférence agile et sécurisé pour permettre la tenue de réunions virtuelles pouvant atteindre 60 participants. Ces outils ont été développés et mis à disposition du service et des correcteurs par Pierrick Belledent responsable du pôle application de la DSI et son équipe en un temps record. Agnès Mazzon souligne que la numérisation du circuit des copies était déjà largement entamée, ce qui ne l’était pas, c’était la dématérialisation des corrections. Elle considère à cet égard que la crise sanitaire a eu l’effet d’un formidable accélérateur.

Un coup d’accélérateur subi, certes, mais sans doute durable. En tout cas, le service Admissions et concours a réussi l’exploit, le mot n’est sans doute pas trop fort, de s’adapter à une situation qui pouvait sembler inextricable. Agnès Mazzon souligne le travail réalisé en collaboration avec les services de l’École, la DSI en premier lieu, mais aussi la DAJI, la DAF, le SPST et MMO. Pour mieux se rendre compte de ce que l’organisation du concours représente, quelques chiffres à garder en tête : environ 5000 candidats dans les séries littéraires, 350 correcteurs, 4 m3 de cartons de sujets soit 700 kilos, 27000 copies, et donc 27000 notes, le tout géré par 7 personnes dans le service.

Agnès Mazzon conclut sobrement : « Je suis très satisfaite que l’équipe y soit parvenue, dit-elle. Ah et pendant ce temps-là, nous avions aussi à gérer l’admission sur dossiers, d’habitude un peu décalée par rapport au concours littéraire. Épaulés par le service des Études et de la Scolarité, nous avons réussi à la maintenir dans le calendrier initial, soit une commission d’admission sur dossier  le 10 juillet. »

La publication des résultats des concours a eu lieu fin juillet pour les Sciences et le 3 août pour les Lettres. Et l’entrée effective des normaliens élèves le 1er septembre comme chaque année, avec les premières réunions de rentrée dès le 7 septembre.

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