Agenda de l'ENS de Lyon

En se développant, les plantes produisent des organes le long des tiges suivant des organisations stéréotypées, appelées phyllotaxies. Ces structures se forment dans les méristèmes, qui abritent une niche de cellules souches : les organes y sont produits successivement et leur positionnement dépendrait d'interactions dynamiques avec les organes pré-existants. Ces interactions seraient notamment dues à des champs inhibiteurs générés par le transport polaire de l'hormone végétale auxine. Afin de rechercher si d'autres facteurs que l'auxine contrôlent la phyllotaxie chez Arabidopsis thaliana, nous nous sommes intéressés au rôle possible des cytokinines, une autre hormone végétale. Nous avons identifié que des plantes mutantes le gène AHP6 (ARABIDOPSIS HISTIDINE PHOSPHOTRANSFER protein 6), un inhibiteur de la signalisation des cytokinines, montraient des perturbations de la phyllotaxie. En étudiant le phénotype de ces plantes par des méthodes originales couplant de l'analyse statistique de mesures de phyllotaxie et de l'imagerie en temps réel, nous avons montré que la protéine AHP6 contrôle la régularité du plastochrone, le temps d'initiation qui sépare la formation de 2 organes. De plus, nos données indiquent que la protéine AHP6 exercerait ce contrôle via un mécanisme de champs inhibiteurs. Nous proposons un nouveau modèle d'auto-organisation de la phyllotaxie, dans lequel le transport et la signalisation de l'auxine positionnent de manière robuste les organes mais génèrent un plastochrone irrégulier. Des champs inhibiteurs de cytokinines stabiliseraient le plastochrone, assurant un couplage plus robuste entre le temps et l'espace lors de l'établissement de la phyllotaxie.