Publication du CIRI dans la revue Nature communications le 25 novembre 2019.
Une vision simplifiée du système immunitaire est celle d’un ensemble de cellules entrainées à reconnaître ce qui est dangereux ("non-soi" : bactéries, virus, cellules cancéreuses…etc) et à le détruire. Pour accomplir cette tâche correctement, les cellules du système immunitaire doivent également être éduquées afin d’apprendre à reconnaître et à tolérer le "soi". La situation se complique lorsqu’elles doivent faire face à un organe provenant d’un donneur génétiquement différent : une situation que l’on rencontre après transplantation, le seul traitement efficace en cas de défaillance d’un organe vital (rein, cœur, poumon…etc). Dans cette cas, il arrive que le système immunitaire du donneur se retourne contre l’organe transplanté et le détruise, un phénomène connu sous le nom de "rejet".
Comprendre les mécanismes immunologiques du rejet pour mieux le bloquer est l’un des objectifs de l’équipe de Thierry Defrance au CIRI, au sein de laquelle travaille le Pr Olivier Thaunat et plusieurs autres médecins du service de transplantation des Hospices Civils de Lyon. Leur dernière étude, à paraître dans Nature Communications, vient remettre en cause un dogme en matière de rejet, en démontrant que les anticorps ne sont pas les seuls responsables de l’inflammation de la microcirculation, première cause de la perte des greffons.
En analysant plusieurs centaines de biopsies de greffon rénaux, ces chercheurs ont mis en évidence que, dans la moitié des cas, l’inflammation de la microcirculation était présente en l’absence anticorps anti-greffon. Des expériences complémentaires ont permis d’apporter la preuve que ces lésions vasculaires étaient en fait la conséquence de l’activation des cellules NK du receveur. En effet, si l’éducation rend ces cellules tolérantes vis à vis des vaisseaux du receveur, l’incapacité de l’endothélium du greffon (qui provient du donneur, génétiquement différent) à délivrer les mêmes signaux inhibiteurs, provoque l’activation des cellules NK du receveur qui y circulent (un phénomène connu sous le nom de "soi-manquant"). L’activation des NK du receveur par le « soi-manquant » dépend de la voie mTOR, et les chercheurs ont montré qu’un traitement déjà disponible pour les patients, pourrait permettre de prévenir le développement de cette nouvelle forme de rejet.
Cette étude révèle donc l’existence d’un nouveau mécanisme de rejet de greffe, indépendant des anticorps, et ouvre la voie pour améliorer le devenir des greffes d’organe.
Source : Missing self triggers NK cell-mediated chronic vascular rejection of solid organ transplants. Alice Koenig, Chien-Chia Chen, Antoine Marçais, Thomas Barba, Virginie Mathias, Antoine Sicard, Maud Rabeyrin, Maud Racapé, Jean-Paul Duong-Van-Huyen, Patrick Bruneval, Alexandre Loupy, Sébastien Dussurgey, Stéphanie Ducreux, Vannary Meas-Yedid, Jean-Christophe Olivo-Marin, Héléna Paidassi, Romain Guillemain, Jean-Luc Taupin, Jasper Callemeyn, Emmanuel Morelon, Antonino Nicoletti, Béatrice Charreau, Valérie Dubois, Maarten Naesens, Thierry Walzer, Thierry Defrance & Olivier Thaunat. Nature Communications volume 10, Article number: 5350 (2019).
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