Contribution de la formation initiale en architecture à la continuité de pratiques d’autoformation numérique des étudiants pour atteindre des objectifs académiques, professionnels et personnels. Étude comparée entre la France et l'Algérie

Résumé de la thèse

L’architecture se trouve à l’intersection de multiples transformations liées aux avancées technologiques et aux changements socio-économiques. À l'ère du numérique, cette discipline millénaire est confrontée à des défis et des opportunités sans précédent, conduisant les professionnels d’architecture à redéfinir leurs pratiques de conceptualisation, de construction et d'exploitation des édifices, ainsi que l'essence même de l’architecture.

L'avènement des technologies de l'information et de la communication a révolutionné également la manière dont l’architecture s’enseigne et s’apprend. De nouvelles pratiques d'apprentissage non formelles, telles que l'autoformation qui peuvent s’appuyer sur une multitude de ressources éducatives et informationnelles, comme les tutoriels en ligne, les webinaires et les réseaux de partage, gagnent en popularité dans notre société actuelle, remettant en question les modèles traditionnels d'enseignement dans le domaine de l'architecture (Smith, 2018). 

Bien que de nombreux établissements d'enseignement en architecture révisent leurs approches pédagogiques pour adopter des méthodes plus centrées sur l'apprenant (Wang, 2019), favorisant ainsi l'apprentissage actif, la collaboration, l'interdisciplinarité et l'engagement communautaire (Johnson, 2022), nous estimons que ces formes d'apprentissage, malgré leur popularité et leur orientation vers l'apprenant, méritent d'être davantage étudiées à travers le prisme des Sciences de l’éducation et de la formation. 

Cette recherche vise à répondre aux défis contemporains en proposant une approche conceptuelle et pédagogique qui pourrait contribuer à innover concernant le modèle d'enseignement et d'apprentissage de l'architecture à l'ère numérique. Elle s’appuie sur l'exploration des pratiques personnelles d'apprentissage, que nous regroupons sous le concept d’‘autoformation’, qui semble émerger parallèlement, voire en complément, à l’enseignement du numérique dans la formation initiale en architecture (FIA). L’étude se centre sur l’acquisition des logiciels de DAO et de CAO et cherche à répondre à la question suivante : en quoi l'autoformation numérique durant la FIA peut-elle constituer un levier pour une réussite (réaliser des objectifs) personnelle, académique et professionnelle ? Il s'agit d'une étude de cas qualitative et comparative portant sur des étudiants en FIA en France et en Algérie.

L'étude de l'autoformation des étudiants en architecture nécessite un cadre d'analyse permettant d’en appréhender les différentes composantes. Il s'agit d'étudier l'autoformation non seulement en tant que telle, mais également en tenant compte de niveau d’analyse micro, méso et macro, comme proposé par Carré (1997).

Ce cadre s'articule autour de trois axes fondamentaux :

• Axe 1. Analyse de l'auto-direction et de l'autorégulation. Ces deux notions clés permettent de saisir les mécanismes comportementaux et internes qui sous-tendent l'autoformation. Il s'agit d'analyser comment les étudiants prennent en charge leur propre apprentissage (à partir de données récoltées sur la base d’entretiens semi-directifs proposés à des étudiants en licence et en master. 
• Axe 2. Analyse des référentiels pédagogiques. Il est essentiel de comprendre comment les référentiels pédagogiques influencent et encadrent l'autoformation des étudiants du point de vue du numérique en architecture (à partir de deux référentiels collectés, celui de la France et celui de l'Algérie).
• Axe 3. Analyse de l'auto-direction et de l'autorégulation dans les propos )de professionnels de l'architecture recueillis par entretiens semi-directifs en agences. 

La recherche permet de dégager les points de similitude et les points d'opposition dans les approches de l'autoformation au numérique en architecture entre ce que les étudiants disent faire et les attentes des institutions, et entre les discours des professionnels et des étudiants.

Cette recherche apporte une compréhension approfondie de l’autoformation, que l’on considère comme une continuité pérenne de la formation initiale en architecture.