Nouvelle séance du séminaire « Re/Lire les sciences sociales » ce lundi 18 mars 2024 de 13h à 15h30 à l’ENS de Lyon en salle D2-018 (campus Descartes).
Depuis plusieurs années maintenant, ce séminaire, coorganisé par le département de Sciences sociales de l’ENS de Lyon et le Centre Max Weber, est l’occasion de discuter collectivement des travaux de recherche récemment parus ou de grands classiques lors de leur réédition, dans une démarche interdisciplinaire.
Cette séance sera consacrée à une discussion portant sur l’ouvrage de Sara Farris In the Name of Women’s Rights.The Rise of Femonationalism, paru en 2017, et sa récente traduction en langue française en décembre 2021 aux éditions Syllepse. Pour nous accompagner, Sara Farris elle-même sera présente à l’ENS de Lyon ce lundi : sociologue italienne spécialiste des migrations, des questions de genre et de l’économie politique du care, sa présence nous sera évidemment d’une aide précieuse pour mieux apprécier son travail de recherche et ses réflexions. La traductrice de l’ouvrage, July Robert, sera également à nos côtés ; nous aborderons avec elle les questions relatives à la circulation des concepts entre les langues, dans la perspective des traductions militantes.
Dans cet ouvrage, Sara Farris part du constat, a priori surprenant, d’une double réappropriation : d’une part, la réappropriation, par les élites politiques nationalistes, du discours féministe ; d’autre part, la réappropriation, par des féministes convaincues, des discours xénophobes portés par les élites politiques nationalistes… En comparant l’Italie, la France et les Pays-Bas, mais aussi en multipliant les approches, tant sociologique, qu’économique et politique, Sara Farris montre que les politiques d’intégration, qui prétendent libérer les femmes immigrées du joug masculin dont elles seraient les premières victimes, reproduisent en réalité les stéréotypes de la féminité sans pour autant aboutir à l’égalité des sexes, notamment sur le marché du travail. Les femmes immigrées sont ainsi encouragées à devenir de bonnes mères tout en devant occuper des emplois précaires et souvent considérés comme féminins. Ainsi, le fémonationalisme permettrait à la fois aux partis nationalistes d’élargir leur électorat et aux féministes convaincues de croire en l’émancipation des femmes immigrées par le travail – précaire mais malgré tout perçu comme émancipateur – tout en cantonnant les femmes immigrées à des rôles genrées dans l’emploi, dans la famille et dans la société. Ces femmes constituent ainsi une « armée régulière de travailleuses » au service du discours fémonationaliste.
Cet ouvrage sera discuté et mis en perspective par Nur Noukhkhaly, doctorant à l’ENS de Lyon. Dans son travail, Nur Noukhkhaly articule le concept de fémonationalisme aux enjeux d'homonationalisme (Jasbir Puar), pour comprendre comment ces concepts s'appliquent aux enjeux trans dans la France contemporaine à partir du parcours de personnes trans d'ascendance nord-africaine. Un temps sera ensuite consacré à l’échange avec le public en dernière partie de séance. A ce titre, celle-ci est ouverte aux étudiantes et étudiants de toutes disciplines qui pourront bien sûr enrichir la discussion de leurs points de vue.
Cette séance se déroulera intégralement en anglais. Elle sera également accessible en visioconférence.
Gratuit
Pour assister à la séance en distanciel, merci de bien vouloir vous inscrire auprès de Solveig COULAUD ou Léonor GORGES : leonor.gorges [at] ens-lyon.fr ; solveig.coulaud [at] ens-lyon.fr.
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