Intitulé du séminaire: Le Muscle et le Souffle. Deux modèles concurrents du corps humain, de l’action volontaire et du rapport à la nature, de l’Europe à la Chine.
Présentation :
Ce séminaire introduit aux formes de la pensée chinoise en examinant la vision du corps humain, de l’action efficace et de l’expérience optimale du monde que les médecins, les philosophes, les artistes et divers pratiquant de diverses « techniques de soi » (méditation, arts martiaux, musique, rituels de visualisation) ont élaborée à des époque comparables depuis l’époque ancienne, en Chine, en Grèce ancienne, à Rome et dans les sociétés européennes.
Alors que la découverte progressive de la dimension musculaire de l’être humain en Grèce puis à Alexandrie a favorisé une construction de l’agent moral en termes d’effort et d’action volontaire, la civilisation chinoise offre un modèle d’appréhension du corps comme un dispositif énergétique, comme un champ de souffles plus ou moins purs circulant dans la « forme humaine », qu’il est possible d’augmenter, de manipuler et de raffiner.
Nous examinerons quelques-unes de ces disciplines, désignées en Chine par le nom de « techniques mentales » ou d’ « Art de l’esprit », centrées sur la notion de souffle (ou qi). Ces pratiques en Chine sont d’ordre social, thérapeutique, gymnique et artistique : elles sous-tendent les discours sur la peinture, la calligraphie, les arts martiaux, l’acupuncture, mais aussi la divination la stratégie militaire ou l’art de parvenir à la Longévité (shou).
Cette exploration sera l’occasion d’interroger les mérites et les faiblesses de l’éthique musculaire qui sous-tend la construction morale, esthétique et anatomique de l’individu en Occident. Seront présentés en parallèle, et par contraste, les visions et les usages de l’action dans la Chine traditionnelle, qui a centré une partie de sa réflexion sur l’efficacité paradoxale du non-agir et sur une façon astucieuse de déjouer le caractère souvent contre-productif de l’action volontaire.