Le « plus savant des Romains » pour Quintilien, le « père de l’érudition latine » selon Symmaque, ou encore « la troisième grande lumière de Rome » chez Pétrarque, aux côtés de Cicéron et Virgile : les qualificatifs élogieux ne manquent pas pour décrire Varron, encyclopédiste féru des « antiquités » romaines, critique littéraire, auteur prolixe, polygraphe et correspondant de Cicéron. Pour ses contemporains, il était érudit et philosophe, mais aussi historien, juriste, grammairien et poète ; pour nous, Varron est un auteur largement oublié, pour lequel subsistent peu d’œuvres complètes et de nombreux fragments.
Le premier objectif du séminaire est donc de faire (re)découvrir un auteur latin majeur, mais aujourd’hui difficilement accessible. Le second est de faire de Varron un cas d’étude pour explorer des questions plus larges, celle du rapport au savoir (historique, culturel, philosophique, technique) et celle des formes d’écriture du savoir, en prose et en poésie. Ce sujet sera abordé à la lumière du concept récent d’ « épistémocritique » (Pierssens), perspective appliquée actuellement majoritairement à la littérature contemporaine, mais non encore éprouvée pour l’Antiquité. Le séminaire explorera ainsi la question de la diffusion du savoir (sources et réseaux de sociabilité intellectuelle), celle des formes d’écriture (encyclopédisme, poésie, traité technique) et celle du rapport entre humour et savoirs. Le séminaire sera l’occasion d’étudier des textes de Varron de genres différents (Satires Ménippées, littérature technique et savante) et d’introduire des comparaisons avec ceux d’autres auteurs de littérature savante (Cicéron, Pline l’ancien, Aulu-Gelle, …).