Présentation
Il y a une tension forte dans l’anthropologie spinoziste : nous sommes pleinement déterminés et pourtant, un cheminement éthique est possible (mais tous n’entreprendront pas ce chemin, alors que nul n’est prédéterminé à l’emprunter ou non). Une éthique est donc possible depuis les hommes tels qu’ils sont, avec leurs limites et leurs ressources, depuis leurs hésitations et leurs élans de vie. C’est ce que j’ai appelé une « anthropologie éthique ».
On peut lire à cette lumière les enjeux contemporains en santé. Les questions de santé sont en effet fortement déterminées et soumises à de nombreuses contraintes (génétiques, physiologiques, environnementales, sociales, économiques, politiques). Nous pouvons pourtant y lire de profonds enjeux humains : la corporéité, la maladie, le soin, l’accompagnement, les prises de décision, l’approche de la mort… Et en cela, d’autres façons de faire sont toujours possibles, nous ne sommes pas non plus dans le domaine de la fatalité.
Ce que nous proposerons dans ce cours, c’est alors de partir des pratiques de soins qui constituent nos terrains de recherche (réanimation, cancérologie, rééducation, soins de support) pour y déceler les enjeux humains qui s’y jouent derrière le recours aux techniques et les déterminants sociaux. Il s’agira d’en proposer une lecture spinoziste pour porter un autre regard sur les questions actuelles. Ce sera l’occasion à la fois de poser d’autres questions à la philosophie spinoziste, de mettre en pratique une forme de philosophie de terrain, mais aussi de réfléchir ensemble à ce qu’est aujourd’hui la philosophie comme pratique, depuis et au-delà des grands textes de la tradition.
Objectifs
- Proposer une autre approche d’enjeux contemporains en santé (la décision, l’altération du corps, l’empathie, etc.) en lien avec de grands problèmes philosophiques.
- Concevoir une philosophie de la santé, aux côtés d’une sociologie de la santé, d’une philosophie des sciences et techniques ou d’une philosophie analytique de la médecine.
- Penser une éthique philosophique des pratiques de soins, par différence avec une éthique principielle, conséquentialiste ou comportementaliste.
- Prendre connaissance des différents courants méthodologiques que sont la philosophie pratique, l’actualisation des classiques ou la philosophie de terrain.