« Il n’est pas de question qui, en raison de son importance aussi bien que de sa difficulté, ait causé plus de discussion entre philosophes, tant anciens que modernes, que celle qui porte sur l’efficacité des causes, c’est-à-dire la qualité qui fait qu’elles sont suivies de leurs effets » (Hume, Traité de la nature humaine, I, III, XIX).
En effet, cette question est centrale, car elle a pour enjeu l’union intime du rationnel et du réel : renoncer aux causes, c’est peut-être renoncer à rendre raison des phénomènes naturels et de la valeur de nos actions.
Mais la relation de causalité soulève des problèmes redoutables : comment l'effet procède-t-il de la cause ? En quoi un phénomène peut-il ou non être pensé comme l’effet d’une cause que l’on pourrait identifier à partir de lui ? Comment, lorsque nous parlons de cause et d’effet, penser la production véritable de l’effet par la cause ? Ce faisant, s’agit-il de rendre raison de l’existence des effets ou de certaines de leurs propriétés ?
Ce cours propose d’aborder les différentes manières dont la relation de causalité a pu être mobilisée, critiquée et redéfinie d’Aristote à Hume, en prêtant notamment attention à la manière dont la notion de cause a été progressivement identifiée à celle de cause efficiente (que ce soit par les Stoïciens ou à l'âge classique). Si la condition pour être cause est de produire un effet, les causes formelle, matérielle et finale peuvent-elles conserver leur statut de cause ? En retour, nous nous attacherons à montrer la diversité et la richesse des usages de la notion de cause de l’Antiquité à l'époque moderne, ainsi que la pertinence de son étude malgré la critique radicale de Hume.