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Actualité de l'ENS de Lyon

Le virus de l’hépatite B n’est pas le seul virus à pouvoir disséminer le virus de l’hépatite D in vivo

Les particules du VHD générées avec des glycoprotéines (GP) d'enveloppe hétérologues sont infectieuses.
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Publication du Centre international de recherche en infectiologie dans la revue Nature communications le 8 mai 2019.

Le virus de l'hépatite D (VHD), ou « delta », a été découvert il y a 40 ans dans le foie de personnes infectées de manière chronique par le virus de l'hépatite B (VHB), un agent pathogène humain spécifique du foie. Le VHD est un virus dit « satellite » : il est incapable de se propager seul et le VHB lui prête ses glycoprotéines d'enveloppe pour permettre son enveloppement, sa sécrétion en dehors de la cellule productrice, sa transmission intercellulaire ainsi que son entrée dans de nouvelles cellules via les mêmes récepteurs que le VHB. Bien que le HDV aggrave la pathogénicité du VHB, son origine est actuellement inconnue. C'est un virus dont le génome est unique parmi les virus animaux mais qui partage des propriétés avec les viroïdes végétaux. Étant donné que le VHD se réplique efficacement dans différents tissus et espèces, nous avons émis l’hypothèse selon laquelle il pourrait avoir émergé ou même infecter des hôtes indépendamment du VHB. Afin d’explorer des scénarios concernant l’origine du HDV, nous avons étudié la possibilité que d’autres virus enveloppés, distincts du VHB, puissent également lui fournir des fonctions d’enveloppement, de bourgeonnement et de transmission vers d’autres cellules.

Nos résultats montrent que VDH est capable d’exploiter les fonctions d'assemblage fournies par les virus de plusieurs genres et familles alternatifs, notamment les vésiculovirus, les flavivirus ou encore les hépacivirus. Cette compatibilité permet une production efficace dans des cellules co-infectées de particules VHD qui sont infectieuses. Ceci conduit à leur entrée dans différents types de cellules exprimant les récepteurs ciblés par les glycoprotéines de ces virus et à la dissémination du génome du VHD in vivo dans des souris humanisées.

Globalement, une transmission cellulaire non conventionnelle du VHD est donc expérimentalement possible in vivo, ce qui laisse supposer que dans la nature, le VHD pourrait être associé à différents types de virus, y compris des agents pathogènes viraux humains. Ceci pourrait favoriser des scénarios de transmission jusque-là inconnus et moduler la pathogénicité de ces différents virus.

Les particules du VHD générées avec des glycoprotéines (GP) d'enveloppe hétérologues sont infectieuses.
Les particules du VHD générées avec des glycoprotéines (GP) d'enveloppe hétérologues sont infectieuses. (a) Sécrétion et pouvoir infectieux de particules delta (∆p) co-exprimées avec les GP d’enveloppe du VHB (appelées ici «HDV») ou avec les GP d’enveloppe des virus indiqués. En contrôle, le VHD a été exprimé sans GP («No GP» sur cette figure), ce qui fournit la limite de détection pour les analyses des ARN du VHD par RTqPCR dans les surnageants des cellules productrices Huh-7 (barres noires) ou dans des cellules susceptibles inoculées (barres rouges). Les résultats sont exprimés par ml de surnageants ou de lysats contenant 106 cellules. (b) Microscopie électronique des particules ∆p obtenues avec les GP de VHB (HDV), VSV (VSV-∆p) et VHC (HCV-∆) ou sans GP (No GP) purifiées avec des billes d'héparine après élution et coloration négative. Notez la présence de grosses particules (flèches blanches) et de petites particules (flèches noires). Barre=100nm.

Source : Enveloped viruses distinct from HBV induce dissemination of hepatitis D virus in vivo

Perez-Vargas, J., F. Amirache, C. Mialon, B. Boson, N. Freitas, C. Sureau., F. Fusil and F.-L. Cosset (2019). Nature Communications. 8 mai 2019. doi: 10.1038/s41467-019-10117-z

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