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Actualité de l'ENS de Lyon

Enjeux éthiques des choix techniques pour la Perséide FemEnRev

image de Femenrev- copyright Collete Breger
Actualité
 

Persée participe au colloque de clôture du projet CollEx-Persée « Féminismes en revue » les 16 et 17 novembre 2022 à Angers.


Une ressource importante pour la recherche sur les courants féministes, tant du point de vue de l’histoire politique et sociale que de l’histoire des idées.

D'abord, constituée autour de la revue Sorcières (1975-1982), La Perséide compte actuellement onze revues diffusées, et cinq en cours de relecture par les marraines.

Le projet Féminismes en revue - FemEnRev

Féminismes en revue (FemEnRev) est lauréat de l’appel à projets Collex-Persée de 2019. Porté par Christine Bard (Université d’Angers), Magali Guaresi (Université de Nice) et Nathalie Clot (Université d’Angers), le projet a eu pour objectif de mettre en place une plateforme de recherche collaborative pour la numérisation, la structuration, l’enrichissement et la diffusion de corpus des périodiques féministes de la seconde moitié du XXè siècle. Cette plateforme, ou “Perséide”, a permis de mettre à la disposition d’un large public des ressources périodiques concernant les mouvements féministes, adossées à des outils de traitement documentaire adaptés aux singularités de ces sources.

Pour accompagner ce projet de grande envergure, un système spécifique de « marrainage » a été mis en place. Chaque revue du corpus a donc été associée à une ou plusieurs « marraines », des référentes spécialistes des questions abordées dans la revue issue du milieu universitaire, du monde militant et du domaine de la documentation.

Les collections proposées par les porteuses du projet FemEnRev constituent une ressource importante pour la recherche sur les courants féministes, tant du point de vue de l’histoire politique et sociale que de l’histoire des idées. La Perséide s’est d’abord constituée autour de la revue Sorcières (1975-1982) et compte actuellement onze revues diffusées, et cinq en cours de relecture par les marraines.

Ce corpus a déjà permis de nourrir des travaux scientifiques. Pour citer un exemple, l’article de Magali Guaresi Sorcières. Analyse textométrique et littéraire d’un projet éditorial de femmes, s’intéresse au calcul de la co-occurrence des mots dans le corpus textuel de la revue issu de l’océrisation  et mis à disposition par Persée. Plus généralement, la mise à disposition des corpus de Persée favorise la réutilisation des données pour de nouvelles recherches.  
 
À souligner également, la dimension partenariale de FemEnRev qui, comme toutes les Perséides, vise à co-construire un projet avec des équipes de recherche et leur proposer un accompagnement dès la phase de conception. La collaboration étroite avec les chercheuses, mais aussi les bibliothèques, était en effet indispensable à sa réussite du projet FemEnRev. C’est grâce au soutien de la bibliothèque universitaire d’Angers, de la Contemporaine et de la bibliothèque Marguerite Durand que les collections ont pu être rassemblées, inventoriées et numérisées.

Un retour d'expérience lors du colloque de clôture du projet FemEnRev

En novembre dernier, Persée a été invitée à participer au colloque de clôture du projet FemEnRev pour un retour d’expérience, notamment sur le travail de documentation mené par Jenna Lagha et les problématiques inédites liées à un corpus politiquement engagé. Par exemple, la question de l’attribution des articles. Alors que la chaîne de production Persée nécessite d’attribuer à chaque unité documentaire au moins un auteur, dont la notice bibliographique pourra être liée au référentiel IdRef, pour préserver un certain anonymat ou par militantisme, certaines contributions de ces revues ne sont pas signées, ou bien signées par un collectif, un pseudonyme, le dead name d’un·e auteur·ice transgenre. Certaines autrices ont donné leur accord pour être clairement identifiées, d’autres non et nous avons alors choisi de créer des fiches « autrice » ou « auteur » qui ne sont pas des notices « autorités » à proprement parler et qui n’ont pas pour effet de désanonymiser leurs contributions.

De la même manière, nous avons été confrontés à la question des articles sans titres, problématiques du point de vue de la structuration fine que nous proposons sur les Perséides. Une solution a été trouvée en accord avec les marraines, consistant à saisir un titre factice composé de la première phrase du texte suivi de trois petits points. La structuration appliquée à ces publications a donc conduit à les standardiser, afin qu’elles puissent s’inscrire dans le modèle de données qui permet à Persée d’identifier et de contextualiser chaque unité documentaire, la rendant facilement citable. Relever la structure du document a donc parfois comporté une part d’infidélité à une composition impossible à réduire à un modèle prédéterminé et ce faisant à trahir une certaine forme de liberté et d’inventivité dans ces publications.

Cette intervention au colloque a donc permis d’illustrer le défi documentaire qu’est FemEnRev, tout en mettant en lumière l’importance de la collaboration des marraines dans cette initiative. Elle a également ouvert des pistes de réflexion concernant la mise en valeur de ce type de corpus militant, dont la structuration s’éloigne de corpus scientifiques plus « standardisés ». La Perséide est désormais une ressource importante pour les études du féminisme du XXè siècle, sans pour autant épuiser le corpus. C’est la raison pour laquelle une suite est envisagée, avec de nouvelles ressources et de nouveaux objectifs scientifiques !

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