« Comment va Lotte Eisner ? Vit-elle ? »... Dans ces simples questions que le réalisateur Werner Herzog pose à son journal de bord, transparait toute l’angoisse comme la joie d’un projet fou. À la fin du mois de novembre 1974, Herzog apprend que son amie, grande critique et historienne du cinéma, est tombée malade . Il se met alors en route pour Paris depuis Munich avec, comme il le dit, « la certitude qu'elle vivrait si j'allais à elle à pied ». Un voyage de trois semaines, souvent solitaire et rythmé par la pluie ou la neige.
Sur une scène où se côtoient mare aux canards et abribus désaffecté, se trouble progressivement la valeur du voyage : pèlerinage, introspection ou fol espoir de sauver l’être cher ?
Peuplé d'images, de visions, d'hallucinations et d'apparitions en tous genres qui prennent corps, ce récit met en lumière une solitude radicale qui frôle le délire... Au point où l'on peut même se demander s'il a effectivement fait ce voyage ou s'il ne s'agit que d'une mise en scène grandiloquente de lui-même. Dans un monde où le fantasme rejoue et déjoue sans cesse le réel, où les objets valsent avec les figures humaines, ce sont les contours d'un homme aussi énigmatique que monstrueusement grotesque qui se dessinent.