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Agenda de l'ENS de Lyon

Ombre (Eurydice dit) de Elfriede Jelinek

Dates
Du ven 01 mar 2019 au dim 03 mar 2019
Horaires

les 1er et 2 mars à 20h
le 3 mars à 19h

Organisateur(s)
Langue(s) des interventions
Description générale

26 328 mots pour se délivrer d’une existence terrestre faites de contraintes

Une parole unique, 26 328 mots pour se délivrer coûte que coûte d’une existence terrestre faite de contraintes : voici l’Eurydice d’Elfriede Jelinek, s’abandonnant délibérément à sa mort et se retournant contre son mythe. Les Enfers sont les siens ; elle y organise sa propre disparition et Orphée, tiède chanteur à groupies dont le nom n’est jamais prononcé, n’y a pas sa place. Ici elle n’est plus l’objet du deuil du chanteur ou de son désir. Ici elle n’est plus rien, « ombre parmi les ombres » elle se dilue, se confond dans le rien et se dissimule pour échapper à sa propre existence et à un chanteur bien décidé à ne pas renoncer à celle qu’il croyait posséder. La dernière demeure d’Eurydice devient le terrain d’un jeu, celui de la confrontation de la matière et de l’ombre, et cette dernière ne se trouve que par élimination de tout ce qu’elle n’est pas : un corps, un objet, une substance, la conscience… Semblable à un vêtement enveloppant, dans lequel s’enrouler ou se donner une forme nouvelle, l’ombre chez Jelinek s’enfile jusqu’à brouiller définitivement les lignes distinguant l’habit de qui le porte. Le rapport à la mode, décliné à chaque étape du voyage d’Eurydice nous a poussé à explorer les potentialités d’un décor tout en tissus, rêvant la descente aux Enfers comme une plongée dans la penderie de celle qui, prête à mourir pour ses habits, se mêlera bientôt au tapis entrelacé des ombres. De même que la matière, le discours se trouve brouillé, diffracté, la voix du personnage hantée par la menace du chanteur et par le souvenir des hurlements de ses fans, donne à entendre un enchevêtrement de discours. Soulignant des jeux de rythme et de sonorités à l’œuvre dans l’écriture, la parole déployée au plateau se donne comme un entremêlement de voix et de contre-voix qui viennent perturber le propos. Interprétée par trois comédiennes qui incarnent simultanément son moi confus et indéterminé, Eurydice s’achemine vers sa transformation en ombre immatérielle, à mesure qu’elle renonce à son corps. Le spectacle tente alors de développer la représentation de ces corps désincarnés, immatériels et entremêlés que représentent les ombres en opposition avec ceux des Suppliciés, travailleurs des Enfers encore prisonniers de la chair. Accompagner Eurydice dans son voyage psychique où la descente aux Enfers se superpose à l’engouffrement dans l’inconscient du personnage, telle est l’expérience sensorielle que nous tentons de mettre en œuvre dans cette présentation étape de notre travail. Nous considérons en effet ce que vous allez voir comme un spectacle encore en maturation qui a vocation à faire l’objet d’un re-travail plutôt que comme un produit fini.

Jeu : Julie Borgel, Eloise de Nayer, Léa Romoli, Antoine Dumaine-Martet, Lucie Morel, Lily Ma
Mise en scène : Adriane Breznay, Yann Guewen-Basset, Lucie Morel
Scénographie : Andréa Warzee
Costumes : Salomé Romano
Création lumière et sonore : Timothée Maison

Payant

Inscription

Tarifs : 7€ / 6€ / 5€ (-1€ en prévente)

Mail : contact [at] enscene.org (contact[at]enscene[dot]org)

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