Retrouvez le discours des vœux d'Emmanuel Trizac aux communautés de l'ENS de Lyon, prononcé le 16 janvier 2025.

© ENS de Lyon
Bonjour à toutes et à tous,
C’est un plaisir de vous retrouver pour ce traditionnel moment des vœux et de la galette. J’espère que la trêve des confiseurs vous a été bénéfique.
Pour commencer l’année, l’optimisme satisfait n’est pas de mise. En particulier, l’année 2024 aura semblé être une longue cérémonie de passation de pouvoir entrecoupée par l’expédition des affaires courantes. 5 ministres de l'éducation nationale en un an, cela ne s’était pas vu depuis plus d’un siècle ; 3 ministres de la recherche.
Le contexte politique, la marche du monde sont incertains, remise en cause dans des équilibres et modèles que l’on a pu croire établis.
J’ai toutefois cette conviction qu’à travers nos missions de service public, nos spécificités, nous contribuons à faire bouger les lignes, à un éclairage utile, à rendre intelligible, et à transformer. Il s’agit de penser le monde de demain, d’en former les acteurs. De faire de la connaissance un bien commun. C’est important.
En chemin, les valeurs héritées de notre histoire nous amènent à être vigilants sur les questions de diversité, d’inclusion, mais aussi d’éthique et de liberté académique. Cette dernière est une valeur cardinale, fondatrice de l’esprit même de l’activité d’enseigner, de chercher et, plus largement, du sens de l’intérêt général de notre action.
Je voudrais évoquer quelques unes des raisons qui me rendent confiant sur le fait que faire bouger les lignes est possible.
Il y a d’abord ce qui se passe dans nos laboratoires au quotidien. Je n’égrènerai pas ici la liste des résultats scientifiques et des nombreux succès pour lesquels l’école et ses alumni ont été reconnus l’année dernière. Dans la moisson des prix, nominations, et distinctions, 2024 n’a pas fait exception. Voilà une occasion de se réjouir !
Mais ce que je voudrais tout particulièrement souligner, c’est que derrière chaque succès individuel, il y a des énergies, du temps, des tentatives non abouties, des doutes voire des échecs et, surtout, des équipes de recherche, des doctorant.es et postdocs, des ingénieurs et techniciens, des équipes administratives, d’appui, des services centraux. Donc, surtout bravo à vous !
Au chapitre des bonnes nouvelles, le gros projet de cryo-microscopie électronique, est en bonne voie, en particulier avec l’appui du site entier via Shapemed, de la Région, et de l’Europe. Il devrait nous mettre à la pointe des équipements en biologie et chimie et il illustre bien comment, avec des contraintes fortes, on peut sortir par le haut. Comment faire du plus avec du moins. C’est un signal positif sur une grosse opération. Il y en a d’autres qui se préparent.
Et si la recherche est au cœur, les étudiant.es que nous formons sont notre plus grande richesse, un véritable impact sur la société de demain. Ils et elles constituent la première génération qui va devoir affronter le retour du tragique, répondre à l’urgence climatique et environnementale en articulant protection sociale, dépense éducative, questions de souveraineté et de défense, dans un contexte de profond bouleversement technologique et d’une incertitude géopolitique où l’autoritarisme menace. Elles et ils devront gérer les bouleversements technologiques et informationnels, avec en particulier l’avènement de l’IA. On pourrait citer aussi les questions relatives à l’édition du génome.
La formation par la recherche que nous proposons, qui allie recul critique, socle disciplinaire solide, et profondeur interdisciplinaire, nous semble la meilleure réponse. Elle donne un bagage irremplaçable et –je me permets de le dire-- trop rare chez les élites françaises, qu’elles soient politiques ou économiques, et qui n’ont été que peu exposées à la démarche de recherche.
Le cap fixé par nos missions, passera dans le futur proche par quelques jalons
Le projet d’établissement en cours de finalisation sera partagé en interne au cours du 1er trimestre. Il se nourrit de la grande consultation qui a été lancée en décembre 2023, et qui a été suivie par les travaux de six groupes, les 6 GT constitués pour l’occasion. Nous y formalisons notre trajectoire et les axes stratégiques. Viendra s’y adosser le projet d’administration, dont la mise en œuvre courra au moins sur tout 2025.
Ces projets seront constitutifs des axes que nous remettrons à l’HCERES en juin prochain et que dont je rappelle les grande lignes :
- la politique de site (Lyon St-É) et l’internationalisation de l’école, qui sont des "pré-requis"
- la diversification des recrutements et l’accompagnement des parcours professionnels de nos diplômés. Cette diversité est autant sociale que géographique ou de genre. Je rappelle que le CA de décembre a lancé la campagne de recrutement de normaliennes étudiantes dans les départements de maths et d’informatique avec une allocation pendant leurs 4 ans d’études, pour toutes les futures primo-arrivantes.
- l’intégration des transitions dans tous les compartiments de nos actions, notamment dans nos missions de formation et de recherche, avec le projet de création d’un centre des transitions, transverse. Il nous appartient d’être un endroit qui imagine et qui innove, en mettant le vivant au centre de nos préoccupations.
- le renforcement du lien science société sous toutes ses formes possibles :
- une recherche qui nourrit l’innovation responsable,
- une formation qui irrigue le monde de l’ESR, la haute fonction publique, mais aussi le monde de l’entreprise dans les secteurs les plus variés,
- des actions de médiation auprès de publics, et des contributions au débat public. Nous devons être des passeurs.
Tout cela, avec deux préoccupations centrales :
1/ la qualité de vie au travail, et la qualité de vie étudiante, objectifs que nous sommes en train de mettre en place avec conviction : je rappelle
- les votes des nouveaux plans Egalité H/F et
- du schéma relatif au Handicap par le CA de décembre ;
- le schéma directeur pour le développement durable.
- Et nous discutons de pied ferme avec le Ministère pour obtenir les ressources en vue de la création du Centre de Santé étudiante au cours de l’année.
Je rappelle aussi le grand projet de construction d’une nouvelle résidence Debourg sur le campus Monod. C’est un projet majeur pour la qualité de vie sur le campus… même si dans un 1er temps, cela implique la fermeture de la résidence dès cet été et un chantier sur le campus. Merci à toutes les équipes du patrimoine et des étudiants et personnels de Monod en particulier de leur implication et de leur patience.
2/ la simplification et l’amélioration de nos fonctionnements et outils, à la fois au bénéfice de toutes et tous (agent.es, Enseignants-chercheurs et étudiant.es) et au bénéfice de marges de manœuvres à retrouver dans nos interactions et procédures de travail.
Avant de vous inviter à rejoindre l’atrium, je vous rappelle quelques prochains rendez-vous importants dans la vie de l’école.
23 janvier de 13h à 13h30 : la première mini conf de la Recherche, présentée par Christine Détrez. Vous allez avoir un crush. Elle inaugure une programmation de mini conférences particulièrement dédiées aux personnels BIATS et ITA, qui n’ont pas toujours l’occasion d’être en lien avec l’activité des laboratoires, ou des autres laboratoires.
24 janvier à Kantor: journée d’études « Écriture sonore de la recherche » à destination des enseignant.es chercheur.es et doctorant.es pour les sensibiliser à la conception et à la production d’un nouvel vecteur de diffusion de la recherche, le podcast
28 janvier à 19h : 1eres JPO (journées portes ouvertes) virtuelles, à destination des candidats à l’inscription au diplôme de l’ENS de Lyon, tant par voie de concours que sur dossier. Les étudiants des universités sont un public que nous souhaitons aussi toucher à travers cette opération.
J’ajoute que nous aurons l’honneur d’accueillir le 30 janvier prochain, Alain Aspect, Prix Nobel de Physique 2022, dans le cadre de la célébration du 250e anniversaire d’Ampère. Et le 3 février, Hugo Duminil Copin, médaille Fields 2022, pour une nouvelle des Soirées mathématique de Lyon. Et un peu plus tard dans l’année, Anne l’Huillier nous a promis de passer nous voir pour nous remettre une copie de sa médaille Nobel.
Alors, profitez-en ; nous avons de la chance.
L’an dernier, je vous avais souhaité de pouvoir prendre du temps avec celles et ceux qui vous sont chers, de regarder un coucher de soleil, au moins une fois, intégralement, et bien d’autres (bonnes) choses encore. Et en particulier, je vous avais souhaité d’avoir l’occasion de lire des livres épais. D’y trouver de quoi vous nourrir, le cerveau et le cœur, d’éclairer votre lanterne, mais... les livres épais peuvent s'empiler, s’accumuler sous forme de piles de ce qui n’est jamais lu. Les Japonais appellent ça le syndrome tsundoku. Donc… attention : les sudokus, oui, pourquoi pas, durant vos moments de détente, c’est stimulant. Mais les tsundokus, non !
Je vous invite maintenant à partager des nourritures plus terrestres : la galette nous attend dans l’atrium !
Bonne année à toutes et à tous !
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