Publication de Francis Albarède dans Nature
Les agences spatiales l'ont bien compris, qui parle de vie parle d'eau. Il y a 4,5 milliards d'années, la Terre a reçu en héritage suffisamment d'eau pour que des océans se forment, que la tectonique des plaques sépare les continents des mers et que la vie trouve les niches favorables. En regard, la Lune et Mercure sont des déserts secs et mortellement froids, Mars s'est asséchée très vite et la surface de Venus est un enfer brûlant. [traitement;rtmp;NOM=rtmp://ens-real.ens-lsh.fr/vod/DIVERS/091031_France3RAA_LST-Albarede.flv#ID=EAU-TERRE#WIDTH=320] « Nos livres d'école nous disent que l'océan et l'atmosphère se sont formés à partir des gaz volcaniques et entretiennent l'idée d'un intérieur riche en éléments volatils. La pauvreté de la Terre en éléments volatils comme le soufre, le zinc, le plomb et le potassium par rapport au Soleil, montre qu'en réalité notre planète et ses sœurs sont certainement nées très pauvres en eau. La raison en est que, lors de la formation du Système Solaire, la température en deçà de l'orbite de Jupiter n'est jamais descendue suffisamment bas pour que ces éléments puissent se condenser avec le matériau planétaire. L'arrivée de l'eau sur Terre correspond donc un épisode tardif.» explique Francis Albarède, qui vient de publier un article dans Nature du 29 octobre. Notre chercheur du laboratoire de Sciences de la terre de l'ENS de Lyon lance un pavé dans la mare et émet l'hypothèse que l'eau serait d'origine... extra-terrestre. « Les planètes terrestres se forment en quelques millions d'années par agglomération d'astéroïdes puis de proto-planètes. L'arrivée du dernier de ces gros objets correspond à l'impact lunaire 30 millions d'années après la formation du Système Solaire. Ce remue-ménage se fait largement entre objets planétaires localisés en deçà de la ligne de neige (localisée approximativement au niveau de la ceinture des astéroïdes) et donc dépourvus d'eau et d'éléments volatils. La livraison majeure des volatils sur notre planète correspond, quelques dizaines de millions d'années plus tard, au grand nettoyage du Système Solaire externe par les planètes géantes qui envoient dans toutes les directions, y compris la nôtre, les derniers gravats couverts de glace ». Ensuite le processus s'enchaînent : « L'eau introduite dans le manteau a ramolli la Terre et réduit la tension à laquelle les matériaux se brisent : c'est le début de la tectonique des plaques et l'émergence de continents, conditions probablement nécessaires à l'apparition de la vie. Mars s'est asséchée avant que l'eau arrive à pénétrer en profondeur et personne ne sait quelles étaient les conditions avant le violent resurfaçage de Venus il y a 800 millions d'années ». Et le chercheur de conclure : « À l'heure où l'on commence à explorer sérieusement l'habitabilité des planètes extra-terrestres, comprendre ce qui a fait de la Terre le seul havre qui abrite la vie est une question primordiale.» >>> Publications de Francis Albarède
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