Les patients recourant à une hémodialyse pour pallier une insuffisance rénale chronique sont connus pour avoir une immunité déficiente. Or, jusqu’à maintenant les études sur l’efficacité vaccinale contre le Covid-19 ne prenaient pas en compte ces patients hémodialysés chroniques (HD). Une nouvelle étude réalisée par des médecins du Centre international de recherche en infectiologie (CIRI - Université Claude Bernard Lyon 1/CNRS/INSERM/ENS de Lyon) et des Hospices Civils de Lyon (HCL), menée en collaboration avec le laboratoire Eurofins Biomnis, suggère que le schéma standard de vaccination à deux doses chez le patient HD serait insuffisant pour générer une réponse immunitaire complète. Cette étude est parue dans Kidney international.
La vaccination anti-SARS-CoV-2 a démontré une excellente efficacité dans la population générale. Cependant, malgré deux doses de vaccins, certaines personnes souffrant de maladies spécifiques restent particulièrement exposées. C’est notamment le cas des personnes recourant à une hémodialyse pour pallier une insuffisance rénale chronique. Ces patients (appelés hémodialysés chroniques, HD) suivent un traitement lourd nécessitant des allers-retours pluri-hebdomadaires à l’hôpital, ce qui représente un risque accru d’infection par le SARS-CoV-2. Ils présentent par ailleurs une surmortalité en cas de Covid-19. « Jusqu’à maintenant, les patients hémodialysés étaient exclus des études sur l’efficacité vaccinale contre le Covid-19 » souligne le Professeur Olivier Thaunat.
Ces patients sont connus pour avoir une immunité déficiente. Or leur niveau de protection après vaccination restait encore inconnu. Dans une nouvelle étude, une équipe de recherche du Centre international de recherche en infectiologie (CIRI – Université Claude Bernard Lyon 1/CNRS/INSERM/ENS de Lyon), des Hospices Civils de Lyon (HCL) et du laboratoire Eurofins Biomnis a justement évalué la réponse post-vaccinale de ces patients HD.
Cette étude clinique a inclus les 106 patients hémodialysés dans l’un des deux services des HCL, après deux doses du vaccin BNT162b2 (Pfizer). En l’absence de paramètre biologique permettant d’attester de la protection vaccinale, leur réponse immunitaire a été comparée à celle d’une cohorte de 30 volontaires sains.
Après vaccination, les patients HD présentaient un titre d’anticorps et un nombre de lymphocytes spécifiques du SARS-CoV-2 plus bas que chez des volontaires sains, à l’exception des patients HD qui avaient un antécédent de Covid-19 (et qui avaient donc développé des anticorps à la suite d’une infection).
Ces résultats indiquent que le schéma standard de vaccination à deux doses chez le patient HD serait insuffisant pour générer une réponse immunitaire complète. En revanche, remarquent les chercheurs
et chercheuses, cette réponse semble se développer correctement en augmentant l’exposition aux antigènes1, comme le démontre l’étude des patients ayant un antécédent de Covid-19.
Ces travaux suggèrent que l’administration de doses supplémentaires de vaccin pourrait permettre d’améliorer la protection des hémodialysés naïfs pour le virus – c’est-à-dire qui n’ont jamais été infecté par le virus –, une hypothèse actuellement testée par la même équipe.
Source : The ROMANOV study found impaired humoral and cellular immune responses to SARSCov-2 mRNA vaccine in virus unexposed patients receiving maintenance hemodialysis. M. Espi, X. Charmetant, T. Barba, L. Koppe, C. Pelletier, E. Kalbacher, E. Chalencon, V. Mathias, A. Ovize, E. Cart-Tanneur, C. Bouz, L. Pellegrina, E. Morelon, D. Fouque, L. Juillard, O. Thaunat. Kidney international (2021).
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