Le prix de la meilleure thèse décerné par la Société française de biologie du développement (SFBD) et parrainé par Carl Zeiss AG est décerné chaque année à un jeune chercheur. Dans sa décision, le jury prend en considération la qualité, l'originalité, la méthodologie et l'impact du travail dans le domaine de la biologie du développement, ainsi que le soin apporté par les candidats à l'écriture de leur manuscrit de thèse.
Mathilde Dumond – ancienne doctorante du RDP et actuellement en post-doc en Suisse – est la lauréate 2017 pour ses travaux intitulés De la variabilité cellulaire à la reproductibilité des formes : mécanique et morphogenèse des sépales chez Arabidopsis thaliana. Elle recevra un prix de 1500€ et une invitation à donner une conférence plénière à l’occasion de la réunion conjointe de la SPBD/SEBD/SFBD (congrès de la communauté portugaise, espagnole et française en biologie du développement) qui se tiendra à Porto du 7 au 10 novembre 2018.
Au cours de son doctorat, Mathilde Dumond a abordé une question cruciale en biologie du développement : comment les organismes assurent la reproductibilité de la forme et de la taille des organes au cours du développement. Elle a abordé cette question en utilisant comme modèle les nombreux sépales (la couche protectrice du bourgeon floral) produits par une seule plante d'Arabidopsis thaliana. Grâce au grand nombre de sépales produits par chaque plante, elle a pu caractériser finement la structure de leur variabilité morphologique à l'échelle des organes et des cellules et la relier aux propriétés mécaniques des cellules qu'elle a mesurées par microscopie à force atomique. Elle a ensuite construit un modèle de calcul en tenant compte des propriétés mécaniques des cellules pour expliquer la forme des sépales et leur reproductibilité.
Ses résultats montrent d'une part que les propriétés mécaniques informent sur la forme globale des organes. Plus étonnamment, elle a trouvé que les propriétés mécaniques des cellules individuelles sont très variables et son modèle prédit que cette variabilité à l'échelle cellulaire est nécessaire pour assurer la reproductibilité de la forme et de la taille des organes, par un processus de moyennage spatio-temporel. Ainsi, l'identification d’un mutant augmentant la variabilité des formes de sépales a montré une variabilité spatiale réduite à l'échelle cellulaire.
Ce travail original et pluridisciplinaire établit ainsi que la variabilité à l'échelle cellulaire peut permettre le développement reproductible d'un organe, et qu'une diminution de cette variabilité cellulaire est délétère pour l'organisme.
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