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Quand une mousse envahissante grimpe aux arbres de l’île de la Réunion

Mousse envahissante au pied d'un arbre
Publication

D’après une communication du CNRS en date du 22 septembre 2025. À partir d’une publication scientifique dans Current Biology à laquelle a contribué Yoan Coudert, chercheur CNRS au sein du RDP, à l’ENS de Lyon, aux côtés de Saioa Ricou-Dreneuc et Claudine Ah-Peng : « Architectural shift to epiphytism fuels exotic bryophyte invasiveness ».

Une étude publiée dans Current Biology révèle un comportement inédit chez la mousse envahissante Pseudoscleropodium purum, ou « mousse des jardiniers », probablement introduite accidentellement à La Réunion dans les années 1960. Longtemps décrite comme terrestre, elle adopte désormais une stratégie développementale lui permettant de coloniser des troncs d’arbres. Cette transition architecturale, favorisée par une croissance record et un développement plastique, accroît son pouvoir envahissant et menace gravement la diversité de nombreuses autres espèces végétales de l’île.

Une mousse terrestre qui grimpe aux arbres

Les activités humaines bouleversent les écosystèmes et ouvrent la voie à la prolifération d’espèces exotiques envahissantes. Si plus de 2 800 plantes vasculaires invasives sont recensées dans le monde, les mousses sont rarement concernées. L’étude rapportée dans la revue scientifique Current Biology change la donne en documentant un cas unique : la mousse Pseudoscleropodium purum, originaire d’Europe et connue sous le nom de « mousse des jardiniers », introduite accidentellement à La Réunion dans les années 1960, est désormais capable de coloniser les troncs d’arbres.

Jusqu’ici décrite comme une espèce terrestre, cette mousse se distingue par une transition spectaculaire vers la vie épiphyte, c’est-à-dire accrochée à d’autres plantes. Les scientifiques ont montré que cette nouvelle stratégie repose sur des modifications architecturales telles que l’allongement et la multiplication des tiges principales, une production accrue de rhizoïdes (des structures filamenteuses permettant l’ancrage), mais aussi un rythme de croissance moyen d’environ 10 cm par an et pouvant parfois dépasser 40 cm par an – un record chez les mousses terrestres.

Image
Mousse exotique et dispositif permettant de l'étudier

À gauche : La mousse exotique envahissante Pseudoscleropodium purum (pointes de flèches blanches) couvre le sol forestier et colonise le tronc d’un arbre endémique dans le Parc National de La Réunion. 
À droite : Dispositif expérimental permettant d’étudier l’impact de la mousse exotique invasive Pseudoscleropodium purum sur la flore locale.
© Claudine Ah-Peng

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Référence

Saioa Ricou-Dreneuc ; Claudine Ah-Peng ; Yoan Coudert. Architectural shift to epiphytism fuels exotic bryophyte invasiveness. Current Biology. 2025 Sept. 22. DOI : https://doi.org/10.1016/j.cub.2025.07.068 

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